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giboulées de printemps

Dans le premier printemps ,
giboulées giboyeuses ,
le temps de ses ferments
prépare l'éclosion

 

Le vent pousse fébrile
ses rouleaux de nuages ,
transhumance indocile
en quête d'évasion

 

Hellébores neigeuses

perce-neige frondeuses

préparent le muguet

à ses inclinaisons

 

Aux premières lueurs
des cerisiers en fleurs
répondent les verdeurs
des hautes frondaisons

 

Des mondes se mélangent
s'entreprennent se fondent
Du tabliers des anges
se sème des pinsons

 

Leurs voltes qui s'enlacent
se dénouent et se brassent
en gerbes se dispersent
plus loin qu'aux horizons

 

Jeux héraclitéens
où vont tous les chemins
au gré des tourbillons
vers la même émotion    

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Les 4 yogas de l'Inde (Romain Rolland)

Romain Rolland (1866-1944) , prix Nobel de littérature en 1915 , fut
un grand connaisseur de l'hindouisme et de ses textes (notamment les
Vedas) . En 1924 il publia un texte sur Gandhi , puis celui de 1929
sur Vivekananda et les quatre yogas de l'Inde , dont nous partirons

dans cet article .

 

Pour comprendre les philosophes des Vedas , on doit d'abord réaliser
qu'ils se  fondent sur le concept de non-violence ("ahimsa") et
d'illusions de nos impressions sur le monde , de la confusion entre
le paraître et l'être (la "Maya") .
Donnons un aperçu sur ce concept de maya et tout d'abord de
"l'advaita" : ce terme sanskrit est basé sur le préfixe privatif
"a" ("non") et la racine "dv" que l'on retrouve dans "deux" , le latin
et le grec "duo" : pour l'advaitiste  le monde n'est pas "deux" ou

multiple , le principe essentiel du monde est "un" , c'est l'unité

cosmique transcendante qui est le souffle et l'élan qui anime tout

l'univers ( que l'hindouisme appelle le "Brahman" , que Lao Tseu

dans la tradition de Chine appelle le "Tao" ou "Dao") .
L'univers est un jeu spontané de cet élan qui , s'il peut être décrit,
le sera par "Sat" (Vérité illimitée) , "Chit"(Conscience illimitée)
et "Ananda"(Félicitée suprême) .
Ce concept "d'advaita" correspond à une philosophie dite "moniste"
(de monos ,pour "un" , comme pour le Taoisme ou le Bouddhisme) .
La plupard des "gourous" hindouistes sont inspirés pas "l'advaita".

 

Au fur et à mesure que cet élan créateur s'incarne dans le monde ,
une différentiation s'opère entre l'élan qui l'anime et la perception
qu'en ont "les êtres animés" :
tout ceci est une illusion , le monde est un jeu d'illusions dira
Bouddha .
Les advaitistes hindous dont Shankara et Vivekananda , diront que le
monde est réel , mais que les perceptions que nous en avons sont
toutes plus ou moins entachées de faussetés : cet écran interposé
entre le réel et nos perceptions est la "maya" .
On doit réaliser qu'il y a une réalité "en soi" , et des réalités
relatives que nous percevons et analysons , par exemple à travers
les lois de la science ( la théorie de la "Relativité restreinte ou
générale" , la théorie des quantas sont en définitive des "modèles"
qui permettent de réaliser des prévisions chacune dans leurs domaines
d'applications , mais sont-elles des théories "indestructibles"
décrivant une réalité ultime , aucun scientifique sérieux ne sera
tenté par une telle affirmation : ce sont des vérités relatives)  , et
ces "réalités relatives" sont la maya .
Donnons une deuxième illustration de ce que peut-être une vérité
relative : Dans le paragraphe 38 du "Tao Te King" , Lao Tseu dit
"après la perte du Tao vient la vertu / après la perte de la vertu
vient la bonté/ après la perte de la bonté vient la justice / après
la perte de la justice vient le rite ."
On peut ainsi concevoir que le "rite" est la manifestation la plus
inférieure de la vérité (une vérité dont on ne connaît plus le sens
mais qu'on continue à appliquer de façon purement mécanique ou
dogmatiquement "intéressée" , pour acquérir une "position") .

 

Romain Rolland nous dit :
La psyché de L'Inde se sent depuis des millénaires enveloppée de ce
filet gigantesque de la maya   .. et a cherché le moyen de passer
entre les mailles pour aller vers la lumière .
La lumière vers toujours plus de vérité et de sincérité , de liberté
et d'émancipation des dogmes  des idées reçues et de la roue du Karma
(l'allégorie du rocher de Sisyphe nous est peut-être plus familière
que la roue du Karma) , dans une recherche de toujours plus
d'altruisme , de compassion , de sollicitude envers toute forme de
vie ... du moins pour ceux qui adhère à cette conception de l'advaita .

 

Comment tendre vers cette liberté , cette libération ?
Il y a quatre voies , quatre types de yogas , pour aller vers le
Sat-Chit-Ananda .
Le karma yoga ou le yoga des oeuvres , s'inscrit dans un engagement et
un travail matériel : "ne pas chercher à fuir les rouages de la roue
du Karma , de la machinerie du monde , mais apprendre à les manier ...
partir du dedans pour aller vers le dehors ...apprendre à être
paisible et libre dans le travail " .
On pourrait exprimer ceci en disant"apprendre à "conscientiser" toujours
un peu plus chaque geste , chaque mouvement , chaque respiration  ,
de façon spontanée , non comme quelque chose ressentie comme un

devoir.

Il y a deux voeux (pas deux devoirs) dira Vivekananda :
1) vouloir tendre à la vérité    2) aider le monde

 

Le Bakti yoga ou le yoga du coeur , de la dévotion et de l'amour .
Dévotion n'est qu'un mot ; d'abord , qu'est-ce que la dévotion n'est
pas? Déjà , être dévot semble être à l'opposé de la dévotion !
Pour Vivekananda ,la vraie dévotion est le contact direct de l'âme
à Dieu ..."le travail réel de la religion ne concerne que moi . J'ai
mon idéal à moi , je dois le tenir secret et sacré ...la religion
profonde ne peut pas être rendue publique ...Je ne peux préparer mes
sentiments religieux en cinq minutes ...Une telle comédie est le pire
des blasphèmes ...comment des hommes peuvent-ils tolérer ce dressage
religieux !( p 52 tII) .
On le voit , pour Vivekananda , les tartufferies ou les intégrismes
sont les mêmes par toutes latitudes .
Si l'on exclut l'attitude du "dévot",quelle autre voie de "dévotion"?
Plus certainement dans le sens "d'être dévoué" , et comme précédemment
de "conscientiser" chaque attitude , chaque pensée dans ce sens du
dévouement à Dieu ,la plus haute dévotion étant celle qui conduit à

Dieu
"L'idéal est de voir Dieu " (et son amour) "en toutes choses . Mais
si vous ne pouvez le voir ainsi , voyez-le dans une chose, dans celle
que vous voulez , et ensuite dans une autre . Vous avancerez ainsi à
petits pas ...L'âme a devant soi la vie infinie ...Prenez votre temps
et vous atteindrez votre but "(tII p 50)

 

Le Raja yoga ou yoga de l'esprit , de la concentration .
Là il s'agit de ne pas s'agiter , agir et agiter sont deux pôles
inconciliables .
Pour Vivekananda "les pouvoirs de l'esprit sont des rais de lumière
dispersés , il faut les concentrer en faisceau pour qu'ils fassent
flambeau "(tII p 63) ... mais attention aux dérives ! :
"Tous ces inspirés ..rapportent de cet état , avec de grandes vérités
, de grandes erreurs , des fanatismes ... des hallucinations au bord
de la folie "(tII p63) .
L'objectif pourrait être de tendre "vers la suppression complète des
ondes dans l'océan de l'esprit " (tII p65) .
Quatre préalables sont concernés:
1) avoir conscience intime , pas seulement en parole , de "l'ahimsa" ,
la non violence envers toute forme d'existence .
2) rechercher la sincérité absolue dans tous les domaines d'activités
3) La non-convoitise , dans tous les domaines (charnels entre autres)
4) agir avec désintéressement
Il s'agit dès lors de tendre vers un calme , une paix et un vide
intérieur laissant la place à une conscience supérieure qui serait
en chacun d'entre nous ( le "jiva" qui est la part de chacun le mettant
en contact avec le Brahman ) : un peu et sous toute réserve , à titre
d'illustration , comme le  "daimon" de Socrate le mettant en relation
avec la divinité .

 

Le jnana yoga , ou yoga de la connaissance , de la conscience .
Il s'agit là de la voie qui consiste à tenter d'élever son niveau de
conscience par la réflexion , par la discrimination (viveka en
sanskrit)  c'est à dire la capacité raisonnée de faire le tri entre
toutes sortes de présupposés (c'est en quelque sorte la voie décrite
par Descartes : soumettre toute opinion à la raison , en priorité) :
 d'où le nom de Vivekananda , qui s'inscrit ainsi doublement sous les
voeux de discrimination raisonnée et d'ananda (joie , amour) .
Dans la démarche scientifique "occidentale", on pourrait dire que
l'objectif est de tendre vers une théorie de l'unité , en analysant
les faits sous leurs aspects extérieurs .
Dans la démarche hindouiste ,il s'agit d'une recherche "intérieure"
de tout ce qui peut tendre à l'unité des phénomènes .
Il faut prendre garde cependant à toute forme de prétention propre
à un un aspect de la  "connaissance" dans le monde occidental : ici ,
on assimile trop facilement l'intelligence à une capacité de mémoriser
des connaissances et à faire de la "jonglerie" intellectuelle avec
celles-ci : c'est  "évidemment" la face noire de l'intelligence ,
où des individus , sans avoir rien compris , délivre des discours à
n'en plus finir en déversant des flots de savoirs . C'est du sophisme
à la grecque tant décrié par Platon et Socrate , ce n'est plus de la
"sophia" et de la philosophie .
Le deuxième aspect critiquable dans le monde "occidental" , mais aussi
dans la voie hindouiste du jnana , est qu'en croyant multiplier les
exemples , les expériences et les connaissances , on arrive à une
vision "vraie" des phénomènes : vous pouvez examiner un arbre sous
toutes les "coutures" , en faire des descriptions toutes plus
exhaustives .... vous ne reconstituerez par pour autant un arbre
"en vie" : il manque toujours quelque chose à cette "connaissance".

 

On pourrait dire pour tenter de donner une conclusion que la voie du
jnana yoga est celle de Montaigne ( tout en enquêtant perpétuellement
se dire "que sais-je" et "mieux vaut une tête bien faite que bien
pleine") et de Spinoza (se débarrasser par la raison des affects
négatifs pour tendre vers une joie durable ) , mais ceci serait encore
une autre histoire ....
                                                                        phitey@free.fr
 

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Socrate , Jésus , Bouddha et Lao Tseu

Nous partons ici du livre de Frédéric Lenoir : Socrate , Jésus , Bouddha ,

trois maîtres de vie , auquel je joins un quatrième avec Lao Tseu .

 

Reprenons les conclusions de Frédéric Lenoir  qui prévalent aussi

bien pour Lao Tseu:
loin de s'opposer , les préceptes de ces quatre maîtres  ne
cessent de renvoyer l'un à l'autre ..
Chacun à sa manière ils ont invité les humains à vivre les yeux
ouverts , en communion joyeuse les uns avec les autres ...
Ils incitent  chacun à prendre conscience de ses limites tout
en montrant sans cesse la voie d'un dépassement et d'un progrès
Ils n'ont cessé de vivre en dehors des normes et des dogmes de
leurs époques , en recherche constante d'un "vrai" qui n'a de
sens que si ce vrai permet d'agir de manière bonne ...que si
ce vrai est mis en pratique dans le quotidien ,comme ils en ont
montrés l'exemple eux-mêmes .
Ils ne proposent pas un bonheur "clef en main" , des règles et
des principes qu'il suffit d'appliquer les yeux fermés pour
mériter un "salut" , ils proposent une voie de travail , un
élargissement constant de la conscience , une quête permanente
et insatiable de cet élargissement pour aller vers une
libération des illusions qui nous entourent ( nous les appelons
dans notre langage contemporain des "stéréotypes" individuels
ou sociaux , des codifications qu'on applique mécaniquement ,
qui subsistent quand leurs raisons d'être n'est plus qu'une
question d'autorité , etc ...) .
Et tous manifestent une joie de vivre qui va toujours au-delà
des frontières fermées d'horizons individuels , pour se mettre
de plain pied avec les autres , au point que leur statut
personnel leur paraît secondaire  , au point que leurs propres
vies , si elles doivent être mis en jeu est aussi secondaire
par rapport à leurs enseignements .   

quand on jette un regard avec un certain recul sur notre époque
nous pouvons avoir le sentiment que le moule de la pensée unique
du politiquement correct , de la langue de bois , du discours
appris et récité avec plus ou moins de réussite , des
proclamations des "zexperts" et des "zélites" n'ont jamais été
si prégnants dans une société , et si mal employés ...Cette
perception serait vraie et fausse à la fois , car c'est un
phénomène qui a eu lieu à toutes les époques,...du moins dans
les époques historiques .
Si le "parler vrai" paraît de plus en plus un "gros mot" , soyons
averti que cela a souvent , sinon toujours , été le cas .
La recherche de la "vérité" et le parler "vrai" ont souvent
condamné leurs disciples à être en butte à la morale établie
( rappelons que morale veut dire étymologiquement que l'on agit
selon les "moeurs" de son époque ...et que le mot de "moral" a
plus ou moins été remplacé par celui de "politiquement correct"
à notre époque, ce qui revient finalement au même , au prix
d' une adaptation de vocabulaire : la forme change , pas le
fond) .
Nos quatre adeptes du "parler vrai et joyeux" que sont Lao Tseu
Socrate , Jésus et Bouddha , ont connu ces difficultés et se
sont soit retirés de la vie publique et politique ( Bouddha
et LaoTseu) , soit ont continué à interférer avec la vie publique
et politique ( Socrate et Jésus)et l'ont payé de leur vie (ce
qu'ils considéraient comme secondaires par rapport à leurs
liberté de penser et de se comporter)

 

Derrière les mythes , ou les propos déjà évoqués ci-dessus ,
quels sont les points communs de ce qu'on peut appeler leurs
"enseignements"?

principe premier : ouvrir de plus en plus son esprit à son
environnement , au monde , en quête d'une forme d'universel ,
par un élargissement sans cesse revendiqué de la conscience ,
par un cheminement sur la voie de la compassion , de l'amour,
de l'effacement de soi (de "l'ego") :
effacer l'ego , effacer les écrans des illusions qui nous font
des obstacles et des barrières et nous cantonnent dans une
"facilité" du quotidien au prix de beaucoup de "difficultés"

à venir ( la "roue des illusions" que la tradition indoue appelle

le"Samsara", et qui nous enchaine à son manège) .
Si nous voulons progresser vers plus de liberté , d'autonomie
( sans même parler de salut ou d'éveil , ou en en parlant pour
ceux qui le veulent ) , il faut se dégager de ces illusions et
de leur confort à courte vue , des certitudes "en kit" . Il faut
effacer cette complaisance à appliquer mécaniquement des dogmes
sans les comprendre , cette complaisance à se couler dans des
habitudes  bien répertoriées qui  ont reçu l'aval des
"autorités" : tout ce que je sais , c'est que je ne sais rien
dit Socrate , et Lao Tseu lui répond :
"Savoir et douter de son savoir , voilà l'excellence
Ne pas savoir et présumer de son savoir , voilà l'erreur
C'est en étant conscient de son erreur  qu'on peut la corriger"  
( aphorisme no 71) .
Evidemment , cette attitude  a un coût social et nos quatre
maîtres ont empruntés le chemin d'une pauvreté , nécessaire
pour Bouddha ( "il faut se libérer de l'attachement à posséder")
pas suffisante dit encore Socrate.
"Il est plus aisé pour un chameau de passer par le chas d'une
aiguille que pour un nanti de gagner le paradis" semble être
un point d'accord général entre nos quatre personnages
( Matthieu XIX 24 ).
Ouvrir la conscience en se libérant de plus en plus de son "soi"
et plus précisément de son "quant-à-soi" semble bien être une
condition absolument indispensable pour les quatre .

 

deuxième principe :
Si l'image de la caverne de Socrate nous rappelle que nos
connaissances ne sont qu'un lointain reflet de ce qui peut
être , il serait convenable de sortir de cette caverne pour
aller à la rencontre du monde . Encore faut-il savoir que le
chemin est long , et pour reprendre l'image de Socrate , que
l'avancement vers la lumière du dehors en sortant de nos abris
est risqué , demande des efforts constants et résolus , et ne
peut se faire que petit à petit pour habituer progressivement
nos yeux à tous les éblouissements extérieurs .
Je ne suis qu'un taon qui vous aiguillonne , un poisson torpille
qui vous électrise pour essayer de vous donner une impulsion ,
dit Socrate , à vous de vous mettre en marche selon votre rythme
           Sortir , pour quelle destination et quel destin ?


Pour Bouddha , la destination et l'énergie du mouvement sont à
trouver dans une compassion générale pour tous les êtres vivants
, des plus modestes aux plus élaborés . Il ne s'agit pas d'une
compassion "égoïste" dans le but d'atteindre "son éveil
personnel" (puisque l'ego se doit de disparaître) , mais d'un
état où l'être est progressivement imbibé , envahi de ce
sentiment de compassion qui fait évanouir les barrières du soi
et laisse jaillir son élan vers le monde , comme une source qui
s'est dégagée de sa gangue de terre et coule  libérée et
spontanée : la spontanéïté se trouve en avançant , comme
l'allure en marchant , si on ne la trouve pas , c'est qu'on est
sur le mauvais chemin ou au mauvais pas .

 

Pour Lao Tseu , il s'agit de s'inspirer , puis de tendre ou
d'être dans la voie du Tao :
Qu'est-ce que le Tao ? C'est en quelque sorte le mouvement de
l'univers , son souffle , son élan et son énergie , de la plus
petite parcelle de matière jusqu'aux plus indiscernables
perspectives. Citons l'aphorisme 14 évoquant le Tao :

 

Haut , il n'est pas éclairé \ Bas , il n'est pas obscurité
Myriade d'effets  , on ne peut le nommer
Ainsi étant et insubstantiel\Forme sans forme , image sans image
fugitif et insaisisable .
Au devant on n'en voit pas la  tête
à l'arrière , on n'en voit pas la fin

 

Qui se laisse guider sur la voie du Tao
saura garder le cap dans les heurts du présent
Qui saura reconnaître l'origine de tout
aura en main les fils du Tao

 

Accompagner le Tao dans son souffle et sa respiration , en étant
ouvert et sensibilisé à toute forme d'être ou d'état , dans ce
qu'on peut appeler une compassion générale pour toute forme
d'état et même de non-état (de ce qui peut advenir comme de ce
qui s'est passé), voilà la voie du Tao et la voie de la paix
profonde .

 

pour Socrate , comme pour Bouddha ou Lao Tseu , il s'agit de
trouver en son intérieur la force qui préexiste (par la
méditation nous dit Bouddha , par la sensibilité nous dit
Lao Tseu) : par l'écoute  nous dit Socrate , de cette voix
intérieure qu'il appelle le "daïmon" , qui est plus un
compagnon de route qu'un guide , et  dont la voie conduit
à l'élévation , à la sérénité et à la joie .
Il y a un impératif à ce cheminement intérieur : adopter un
comportement de justice la plus complète envers quiconque ,
préférer subir l'injustice que de la commettre , étant
entendu que celui qui commet une injustice ou un acte
délictueux en supportera de son propre fait les conséquences
futures (  un peu dans la tradition de l'ubris grecque , de
cette démesure qui gonfle d'importance jusqu'à éclater d'un coup
d'épingle ; comme pour Bouddha en quelque sorte , où le prévenu
s'enchaîne toujours un peu plus à la roue des conséquences de
ses actes ).

 

Pour Jésus , un chameau passera plus facilement par le chas
d'une aiguille que le "nanti" (plus que le riche) atteindra le
paradis . Par "nanti" , on peut convenir qu'il s'agit aussi
bien des "gardiens du temple" que des "marchands du temple"
que Jésus est obligé de "chasser" , et de l'hypocrisie
générale dont s'inspire les "pharisiens" .
Une faute à la sincérité des actes est un élément non pas
impardonnable , mais un élément de sortie de route aussi
imparable que l'est un acte de violence pour Bouddha ou
un acte d'injustice pour Socrate  , aussi enfantin que la
raideur de celui qui croit s'opposer à un équilibre du Tao
Pour Jésus , le mouvement du monde est régi par un amour
universel qui touche dans la plus parfaite égalité tous les
êtres ( dans la plus parfaite justice dirait Socrate) et se
mettre en travers de cet élan est aussi peu pourvu de sens
que de prétendre ébranler un équilibre mis en place par le
Tao ; c'est un acte de démesure pour les grecs , un acte
"insensé" .

 

Les destinations proposées par ces quatre "maitres de vie"
(comme le dit Frédéric Lenoir) ayant été très rapidement
évoquées il reste à chacun de trouver le destin auquel il
aspire , d'avancer dans la quête de sens qu'il pourrait
trouver à sa vie , étant entendu que ces quatre maîtres
ont tous mis en garde contre les manques de sincérités qui
peuvent jalonner le cours d'une activité , et les
conséquences que des actions d'opérette ou "insensées"
peuvent avoir .                       

                                                                phirey@free.fr

 

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Onomatopées dans les langues indo européennes (suite article 24 Mars 2019)

Dans l'article du 24 Mars 2019 , une estimation de l'origine des mots
indo européens à partir d'onomatopées était évaluée autour de 5% .
Nous avons examiné six de ces onomatopées; poursuivons-en l'examen avec
six autres :

 

1) Onomatopée Pip : dés pipés , pipelette , pipeau
L'onomatopée évoque des cris de jeunes oiseaux et des sifflements
divers : grec pipizo ( pépier) , latin pipio ( jeune oiseau qui piaule)
en langages contemporain : pépier ( to peep en anglais), pépiements ,
piaulements , piailler , piaf , ...
Du latin pipio ( accusatif pipionem) nous vient pigeon , puis dans un
sens péjoratif : pigeonner , se faire prendre pour un pigeon .
Par l'ancien français , on a eu pipe (petite flute au XIIème) et de là
pipeau et piper ( jouer d'une flute pour imiter des cris d'oiseaux ) ,
pipelette , ...
Piper a pris une forte connotation de tromperies , et l'appellation est
passée aux dés et à toutes sortes de malversation : "c'est du pipeau !"
De pipe (flute) et pipeau est venue l'idée d'objet en tuyau , et de pipe
pour fumer , de pipe-line (ligne de tuyaux en anglais pour les
transports de liquides) , pipette , en allemand Pfeife (pipe) , en
suisse dialectal pfifer qui à donné fifre en français , sous-fifre ,
fifrelin ...
De l'idée de siffler , on est passé à celle de "siffler du liquide"
et à "piaule" ( taverne ) , puis à chambre .  

 

2) Du chat-huant aux Chouans (onomatopée  Kau , Ku) ( Pokorny 535-36)
L'onomatopée  évoque un cri aigu :
En sanskrit : koka (hibou) , kukkubha( coq , faisant) ; en grec kikkos
(poussin) , kikubos (hibou) ,kauex (mouette , oiseau de mer); en latin
cavannus (chouette) , cucubio (hululer) , ...
En descendent coucou , cacaber (cris de caille , de perdrix , pintade)
Du francique Kawa nous viennent choucas et chouette , puis chauve-souris
(par altération de Kawa sous l'influence de calvus) , chat-huant .
De l'imitation du cri des chat-huants pendant les guerres de Vendée nous
viennent Chouans , chouanerie ...
On peut joindre à cette série la suivante , symbolisée par Kok(o)
(Pok. 611) : coq , cocorico , coquart ( oiseau de basse-cour en ancien
français) , puis de là cocardier (plus ou moins fanfaron comme un coq)
cocarde , cocasse , coquet , coquelicot , cocotte , s'accoquiner ,
coquin...  

 

3) cric, crac , croc : onomatopées  de cassures , de ruptures .
Cric peut évoquer le bruit sec d'une crécelle , d'une manivelle à cliquet
crac celui d'un craquement , croc un croquement .
De cric (ou cre(c)) ,  on peut déduire un cric pour soulever une voiture ,
un criquet pour ses bruits grésillants , une crécelle , crépiter , des
crépitements , décrépi et décrépitude (mais pas crépir !), une crevasse
pour ses bruits de craquements , crevasser , crever , crevant et
crevaison , ...
De crac plus particulièrement proviennent :
craquement , le craquage (cracking en anglais) du pétrole , craqueler ,
craquelure , des "craques" ( des mensonges) en version péjorative ,
"craquer" , en cédant à un élan  en version positive ...
Enfin à croc , on peut rattacher croquer , croquis , joli(e) à croquer,
croquette , croquant ( dans les deux versions positive et négative :
voleur , ou adorable -- c'est une vraie énantiosémie) , croquignole  
( pendant de cocasse vu au 2) , croquenot pour le bruit des souliers ,
croque-monsieur ou madame , etc...

 

4)clip , clap , clop
Sur la base clap , on a le clappement de langue , le clapet (d'une
soupape ) qu'on retrouve dans "ferme ton clapet" , puis clapot , clapotis
clapoter , clapotement , ...
Sur la base clop , on a clopiner , clopin-clopant , évoluant en éclopé ,
voire clampin par altération . L'origine de cette série est un mot de
latin tardif ( cloppus , boiteux ) , qui est aussi un terme qui a évolué
en clocher ( dans le sens de quelque chose qui cloche) , un clochard ,
marcher à cloche-pied , ...
Sur la base clip , on a le clip-clop du cheval trottinant , clipper (en
appuyant sur un bouton pression , une pince à cheveu ,la cheville d'un
meuble en kit) ,  voire un clip video (coupure dans un album) ou cliper
une aile d'une reine dans une ruche ( lui couper une aile pour

l'empêcher de partir ) , ...

 

5) Clock et cloque
A l'origine , il y a le mot de latin "médiévalisé" clocca (cloche d'un
clocher) qui a donné les deux mots précédents , puis l'anglais clock
(alarm-clock pour le réveil-matin) , qui évoquent des bruits , des
tintements relatifs à la mesure du temps .
Puis des diminutifs interviennent : clocheton , clochette ( qui est
aussi le nom de la campanule bleue des prés pour sa forme caractérisée)
Dans le nord de la France , le "ch" laisse plus volontiers la place au
son "c" : on a alors cloque (d'abord pour cloche , puis le sens évolue)

Notons à ce propos que les mots anglais venant du latin médiéval ou de
l'ancien français  conservent plus volontiers le son "c" que le son
"ch" : confère par exemple cap et chapeau , cat et chat , fork et
fourche , car et char , castle et château , etc ...

 

6) Noms d'oiseaux
Qu'y a-t-il de commun entre un géranium et un pédigrée ? la grue cendrée!
Pédigrée est pour "pied de grue" , symbole dans un arbre généalogique
des bifurcations qui interviennent ( image employée vers le XVème siècle,
qui a subi l'influence de l'anglais "degree" pour expliquer les deux "e"
à la fin du mot) .
Quant-au "géranium" , il doit son nom à ses fruits secs en "bec de grue"
Il y a aussi la grue ( et le grutier) , dont l'allure est sensée
représenter l'animal , et qui fait aussi le "pied de grue" .
L'onomatopée est représentée par Ger , (Pok 383-85) , qui correspondait
pour les anciens grecs au cri de l'animal .

Qu'y a-t-il également de commun entre une dupe et une personne huppée ?
L'oiseau huppe , dont le cri oup,oup,oup a donné en grec l'onomatopée
épopoï , et son nom latin upupa (Pok 325) ( de upupa viennent les deux "p"

en français ).
Le qualificatif "de huppe" a donné "dupe" et duper , duperie , dans un
aspect péjoratif ; houppe a un aspect neutre et correspond en français
à une touffe ; huppé est l'aspect positif dans cette série .

 

 

 

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