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De la mesure et de l'infini (2) : la masse zéro du photon et le zéro absolu

 

 

Dans l'article précédent , on évoquait la distinction entre un objet pouvant

présenter un caractère infini et une mesure de cet objet pouvant présenter

un caractère fini , ainsi que les risques et les paradoxes intervenant à

utiliser abusivement la notion d'infini .

Poursuivons un peu l'examen de ces rapports et des interprétations ambigus

qui peuvent intervenir entre le fini et l'infini :

 

 

la vitesse de la lumière est finie ( aux alentours de 300 000 km/ s ) , mais

aucune particule ayant une masse ne peut l'atteindre , il y faudrait pour cela

une énergie infinie … d'où une nouvelle ambivalence entre le fini et

l'infini : une vitesse finie nécessitant une énergie infinie .

Il s'ensuit qu'on est amené à poser que le photon , ce ''grain'' de lumière ,

a une masse nulle : on est donc en présence d'une entité , dite corpusculaire,

à la fois matérielle , et immatérielle puisque de masse nulle .

La difficulté à appréhender la notion de lumière ne s'arrête pas là , puisque

suivant les expériences auxquelles on peut la soumettre , la lumière

présente soit des aspects de particules ( ''grains'' ou photons) , soit des

aspects d' une onde .

La prudence requiert donc de ne pas confondre trop vite ce que l'on mesure

et ce qui est , et de se contenter de dire que la lumière est une ''entité'' qui

peut présenter des aspects ondulatoires , des aspects de corpuscules à la

fois matériels et de masse nulle (immatériels) , à la fois douée d'énergie

(puisque c'est la lumière du soleil qui nous éclaire ) et sans énergie (puisque

de masse nulle : Energie = masse x carré de la vitesse de la lumière) , ….

On mesure ainsi des choses qui ne sont pas toujours ''raisonnablement''

compatibles , mais qui pour autant existent ''réellement'' , dans un réel que

nous avons parfois du mal à percevoir ''globalement'' , dans son ensemble.

 

Rien ne peut-il réellement dépasser la vitesse de la lumière ? ….

Ce n'est pas ce que dit la théorie : la théorie le dit de tout objet matériel .

Mais une entité ''immatérielle'' ?

Prenez par exemple une paire de ciseaux de longueur ''un kilomètre'' ,

refermez les branches des ciseaux en un centième de seconde , et vous

aurez au point de rencontre des branches des ciseaux un point ''immatériel''

se déplaçant à 100 km/ s ; prolongez les branches des ciseaux d'une

longueur appropriée mais finie , et vous aurez un point ''immatériel'' qui

dépassera la vitesse de la lumière , le tout avec des manipulations

théoriques se faisant avec des éléments finis allant bien moins vite que la

vitesse c de la lumière …

Prenez également un objet et une lampe de poche , et intéressez-vous à

l'ombre de l'objet ( un mur de 1 mètre de haut par exemple ) que vous

pouvez faire avec votre lampe de poche :

en vous plaçant à une ''certaine''distance de l'objet et en déplaçant votre

lampe verticalement , il arrivera un moment (quand votre lampe va se

trouver à près d' un mètre du sol) où l'ombre de l'objet va s'étirer à une

vitesse qui va dépasser celle de la lumière ….. Si votre lampe de poche n'y

suffit pas , refaite la même expérience en la remplaçant par le soleil et en

gardant toujours votre mur …. L'ombre peut aller plus vite que la lumière

 

 

Le zéro absolu des températures donne un autre exemple faisant intervenir

simultanément des notions de fini et d'infini : en effet , pratiquement ,

si vous voulez disposer d'un réfrigérateur pouvant amener vos provisions

vers le zéro absolu des températures , il y faudra consacrer une énergie

infinie : le zéro intervenant ici est ''fini'' mais inatteignable , nécessitant

des quantités ''infinies'' pour y arriver ...

 

 

Un des aspects des problèmes intervenant ici est de réaliser comment on

peut faire du discontinu avec du continu : comment créer des ruptures

brutales dans des phénomènes évoluant de façon régulière , continue ?

Prenez toujours l'exemple du mur de 1 m de haut et étendez - vous

derrière le mur un jour de soleil , du côté Est . Tant que vous n'êtes pas à

l'ombre , vous voyez le soleil , et puis subitement à un instant t donné ,

vous ne voyez plus le soleil qui a ''glissé'' derrière le mur .

Vous répondez par oui ou par non : vous voyez le soleil , vous répondez

1, vous ne le voyez plus , vous répondez 0 : il y a là un phénomène

soudain à l'instant t où le soleil disparaît qui fait passer de la valeur 1 à

la valeur 0 , et qui traduit instantanément une évolution infiniment

rapide .

Dans la représentation qui est la votre , il y a un phénomène discontinu

qui vient de se produire , avec une vitesse d'évolution ''infinie'' .

Il n'y a là qu'une question de méthode de représentation du phénomène

du coucher du soleil , méthode qui ''crée'' du discontinu à partir de

phénomènes continus et des vitesses d'évolution qui peuvent sembler

infiniment rapides . … donc prudence quand on interprète des

phénomènes faisant intervenir des mesures infinies .

 

 

Un autre aspect des problèmes qui se produisent avec des infinis peut

être lié à la notion ''d'asymptote'' : au bout d'un nombre indéfini d'étapes

vers quel comportement tend un certain processus ?

Par exemple , dans un processus donné , à chaque étape , on rajoute 1 à

la valeur observée au début de l'étape puis on divise le tout par 2 ; vers

quoi tend l'évolution du processus au bout d'un nombre indéfini

d'étapes , quand au début du processus on part de R(0) ?

Un calcul assez simple montre que , lorsque le nombre d'étapes tend vers

l'infini , le résultat tend vers 1 : on dit alors que le processus admet pour

limite 1 , ou qu'il tend asymptotiquement vers 1 .

Il y a là encore une imbrication de fini et d'infini , dont il faut prendre

garde à ne pas interpréter abusivement la relation .

 

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