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Professeur Shadock (Fable)

 

 

Ce qui se conçoit bien                  

s'énonce simplement                   

Le compliqué devient                   

du vide un paravent                    

 

Vous n'y comprenez rien ?          

C'est que vous êtes bêtes ...         

Voire disait l'Athénien ...             

n'est-ce pas vous qui l'êtes ?       

 

En cette maïotique                      

vos jugements vous jugent         

En funestes répliques                   

vos arguments vous grugent      

 

Jouer du compliqué                   

n'est qu'un vain artifice ,              

le rasoir sans pitié                        

d'Ockam déjoue le vice                

 

Jouer du compliqué ...

si c'était simplement

une incapacité

à le faire autrement ?

 

Ce qui se conçoit bien

n'est guingois ni bifide

Le compliqué devient

un paravent du vide

 

 

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Ne pas confondre péripatéticien et péripatéticienne (Etymologie)

 

Dans cette même série  d'appréciations , on peut aussi dire :

ne pas confondre :
hablar(espagnol : "parler") et hâbleur
ergo (latin ;"donc" ; cf cogito ergo sum) , ergoteur et ergots
parole et palabre
oraison et péroraison
raisonner et ratiociner ; user et abuser

Comme quoi .. "l'excès en tout est un défaut" , puisqu' avec de mêmes
racines indo-européennes , on peut passer d'un sens "neutre" à un sens
fortement chargé de dépréciations  .

 

1) Dans l'exemple du titre , le sens de l'un à l'autre n'est pas
dépréciatif , mais témoigne d'une évolution extrèmement divergente
des termes .
Le terme "péripatéticien" vient du grec "peripateo" qui signifiait
aller de ci de là , déambuler , se promener ; il se rapportait aux
disciples d'Aristote qui avaient l'habitude de deviser en se
promenant . L'énergie mise ainsi en mouvement par la marche
stimulait leurs facultés de penser , et cette pratique est d'ailleurs
assez courante et donne d'autres illustres exemples avec

notamment Einstein et Godël qui avaient l'habitude de tels exercices .
Le terme "péripatéticienne" se réfère quant-à lui à une même pratique
de déambulation , mais qui ne s'exerce pas avec la même finalité ..

 

2) Le ratiocineur et l'ergoteur
Dans les écoles de la scolastique au Moyen-âge , on parlait latin ,
Aristote trônait en maître , et on usait et abusait de : donc ..donc..
donc.. soit ergo..ergo..ergo..
Cette pratique finit par lasser , et ses détracteurs qualifièrent ses
disciples "d'ergoteurs" ... la similitude avec une expression comme
"se dresser sur ses ergots" n'est qu'une coïncidence , mais l'image
est  néanmoins très suggestive ..A force de se gonfler d'importance
et de bomber le torse , on finit par prêter à sourire ( cf la
citation : "je traverse la rue et je trouve du travail") , qui n'est pas

une "rafarinade" .
Il en est de même pour l'usage immodéré de certains termes , qui
vaut à ses auteurs le qualificatif de "ratiocineur" , de "scientiste"
voire de "caniche des américains"(Tony Blair en son temps , pour être
plus "roi que le roi"), de "péroreurs" et non pas d'orateurs , etc...
A ce propos , on a fait à Descartes une réputation qu'on croit
flatteuse , mais qui est cependant très éloignée de la réalité :
en particulier , la formule tant rabâchée "Cogito , ergo sum " , n'est
pas de Descartes mais de ses zélateurs (Surveillez mes amis , je me
charge de mes ennemis , dit Voltaire et d'autres avant lui..) . Dans
la traduction latine du "Discours de la méthode" , Descartes se
contente de valider la formule "ego cogito , ego sum"
Cette distinction n'est pas anodine , et Descartes qui est disciple
d'un doute radical , ne peut pas en même temps remettre en cause des
opinions établies sur des traditions et ériger la "Raison" en
tradition de substitution ..
Par suite , Descartes évite l'excès des donc , qui font un peu
Ding Donc dans les discours des zélateurs ...
Donnons cette dernière citation de Descartes , qui indique toute sa
prudence dans l'utilisation de la raison par les "ratiocineurs" :
"prenons par exemple un triangle , chose apparemment très simple et
que nous pouvons apparemment égaler très facilement ; nous sommes
néanmoins incapable de l'égaler .
En effet , à supposer même que nous en démontrions tous les attributs
que nous pouvons concevoir , il viendra peut-être dans mille ans un
mathématicien qui y découvrira davantage de propriétés, si bien que
nous ne sommes jamais certains d'avoir compris tout ce qu'il était
possible de comprendre en cette chose .
Et l'on peut faire la même remarque à propos de toutes les autres
choses " (Entretien avec Burman , texte 8 , Puf ) .

 

3) Venant de l'espagnol , nous avons les termes "palabre"(espagnol
palabra pour parole) , hâbleur (espagnol hablar , parler) , et
fanfaron (espagnol fanfarron , de même sens ) .

 

"parole" est la contraction de "parabole" , du grec "paraballo"
(construit avec le suffixe para et la racine de ballo/je lance ,
pour dire quelque chose comme "lancer une discussion").
on retrouve cette même racine dans des termes comme discobole
(lanceur de disques) , diable ( contraction de dia-ballo , qui
"lance de travers") , baliste ,balistique , symbole ( préfixe
syn , avec) , etc...palabre est l'inflexion dépréciative allouée
à ceux qui abusent de discussion "un peu" creuses ...

 

Hablar , et hâbleur qui s'y rapporte , se réfère à une racine qui
signifie "parler" , qui en latin s'énonçait par le verbe for
(je parle , supin fatum)  et en grec par φημι/je parle . Cette
racine , que l'on peut symboliser par F(voyelle) (Pokorny bha
no 105-106) , s'exprime en français dans des mots comme :
enfant (ou espagnol infant(e)) : "qui ne parle pas"
infanterie ( réservée dans les premiers temps à de jeunes personnes)
fable , fabulateur , ineffable ( "indicible") ,faconde , affable (à
qui on peut parler)  ;

de "fama"/renommée : remède de bonnefemme , de "bonne renommée" ,

par abus orthographique , puis infâme (de mauvaise renommée) , etc ...
du supin et participe du verbe latin nous viennent :
fatal ( de la parole divine) , fatidique , mauvais(latin malifatius)
De la racine grecque nous viennent notamment :
euphémisme(préfixe eu/bon) , blasphème (préfixe blas à caractère
sans doute dépréciatif , d'étymologie mal connue) , prophète ( qui
envoie la parole "devant") , aphasie ("sans parole") , etc ...

 

Quant-à fanfaron , ce mot vient de l'espagnol et ne semble pas avoir
de correspondance indo-européenne : delà , on peut probablement
déduire une racine arabe , la plupart des mots non indo-européens
venant de l'espagnol ayant cette particularité ; la racine proposée
serait l'arabe "farfar"/bavardage .  

 

4) Laïus , rodomontade , matamore ... et beaucoup d'autre ...
Laïus ...est le père "légendaire" d'Oedipe ! Au premier concours de
Polytechnique en 1804 , on proposa aux candidats un sujet  sur le
discours prononcé par Laïus à Oedipe : de cette date de 1804 , le

mot est entré dans le vocabulaire ( depuis , on a abondamment
usé et abusé de ce terme dans de nombreux discours "discursifs" ,
pour parler pour ne rien dire , ou tout du moins pour marquer son
territoire par la parole ...) .

 

Matamore est le nom espagnol d'un vantard qui en toutes circonstances
se proposait de rapporter ses "exploits" de tueur de Maures (matar en
espagnol veut dire tuer , on retrouve cette racine dans matador ) .

 

Enfin Rodomont était un roi d'Alger , personnage du Roland amoureux,
puis du Roland furieux de l'Arioste , fier , courageux et fort
insolent ... d'où des rodomontades , comme en son temps on a parlé
de "rafarinades" .

 

5) La "Verbologie" à l'anglaise
Les anglais ont toutes une série de termes pour évoquer les dérapages
"verbologiques" et qui sont pour une bonne part passés dans notre
quotidien : "bullshit" , "crack" , bluff ( ce terme vient de
néerlandais bluffen/se vanter;fanfaronner , et évoquait d'abord dans
la langue de Shakespeare l'assurance avec laquelle on pouvait faire
des annonces bidon au poker pour effaroucher l'adversaire) .
Mais la liste est bien loin d'être exhaustive ... et en français
aussi...


En voici d'ailleurs une petite liste empruntée au dictionnaire des

synonymes de "Sensagent" du Parisien :
hâbleur avaleur, baratineur, beau parleur, bellâtre, blagueur, bluffeur,
bonisseur,  bravache, brodeur, capitan, casseur, charlatan, conteur,
crâneur, craqueur, esbroufeur, exagérateur, fabulateur, faiseur, falstaff,
fanfaron, faraud, farceur, fendant, fendeur, fier-à-bras, fracasse, frondeur,
galéjeur, gascon, imposteur, mâchefer, malin, marius , masseur, massier,  
matamore, menteur, méridional, moqueur, mythomane, narquois , olibrius,
pourfendeur, rodomont, tranche-montagne, vantard, vanteur, vendeur
d'orviétan , péroreur ergoteur, harangueur, laïusseur, palabreur, pontifieur...
etc...etc...
très loin de l'exhaustivité ....

Phirey@free.fr
 

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Lao Tseu et Héraclite : équilibre et complémentarité des contraires

Dialogue , dialogue

 

Les establishments de toutes sortes invitent d'autant plus au dialogue que

deux tendances fondamentales de ce "dialogue" sont mis en avant :

une première tendance qui se renforce est le "dialogue de sourd" ;

on veut bien dialoguer , à condition que ce dialogue soit la porte d'entrée

à "mon" opinion ; tu dis ce que tu veux , mais à la fin , c'est "mon" opinion

qui doit avoir droit de cité , qui doit prédominer .

Une deuxième tendance est la dialogue dit "démocratique" : il est

"démocratique" en ce sens que "la" vérité est établie à la majorité , c'est à

dire au rapport dit "de force" entre les protagonistes . Dès lors , il s'agit de

construire "son" rapport de force , à l'aide de toute stratégie ou tactique

bonnes à prendre , tout est bon , "la fin justifie les moyens" ...

On sait où ce genre de "méthode" peut conduire ...

 

Le problème d'overblog est que cette organisation préconise un "dialogue"

mais que le "dialogue" s'y exerce de façon orienté , contrôlé .

Par l'entremise de ce qui s'apparente au fait du prince , des articles semblent

"disparaître" complètement de toute consultation extérieure ...

Par exemple , 12 articles rédigé en trois mois par mes soins sur ce site

n'ont semble-t-il été consultés par qui que ce soit , à par votre serviteur ,

alors que d'anciens articles "neutres"le sont régulièrement ...

Miracle des tableaux statistiques ...

 

Consulté à 3 reprises depuis plus d'un an , la direction d'overblog

invoque soit un problème de référencement par Google , soit ne dit

rien , soit se récrie vertueusement et se vêt de probité candide ...

 

Le problème est que quelque soit les excuses invoquées , il y a une

responsabilité certaine de l'organisation dans l'exercice du fonctionnement

des sites ...

 

Puisque il ne sert à rien d'écrire des articles qui semblent "déplaire" à quelque

organisme contrôleur , je remplace tous les articles en cours par celui-ci , en

attendant qu'un "miracle" favorise la possibilité de pouvoir

énoncer des

opinions simplement et modestement "indépendantes" .

 

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Héraclite et l'énergie cosmique , le Feu

Dans l'article précédent , il a été question du logos chez Héraclite  ,
sorte de conscience spirituelle de l'univers . Entrons ici un peu plus
dans les détails de la cosmologie héraclitéenne .
Qu'est-ce que le monde pour Héraclite ? D'où vient-il ? Quelle est sa
génèse ?
Son aphorisme d'introduction est net et sans ambiguïté ( les aphorismes
seront ici indexés par le numérotation de Diels ) :
No 30 "Cet univers identique pour tous n'a été crée par aucun dieu , ni
aucun homme , mais il fut toujours , est et sera un feu éternellement
vivant , s'allumant avec mesure et s'éteignant avec mesure"
Qu'entend d'abord Héraclite par mesure ? Il emploie dans son texte le
mot µetra , qui veut dire selon Bailly : instrument pour mesurer /
mesure / juste mesure .
On pourrait interpréter ceci comme une symphonie musicale , qui s'ouvre
avec mesure , sur les mesures de la portée , et qui s'achève avec
mesure , en suivant les mesures de la portée :
le monde serait un orchestre où se joue une partition .
Qui en est le chef d'orchestre ?
Ce n'est ni un dieu , ni un homme nous dit Héraclite , mais comme on
l'a vu dans l'article précédent , le "logos" , "qui gouverne le monde"
(aphorisme No 72) , ou "l'Un ,qui seul est sagesse , et qui souffre ou
ne souffre pas d'être appelé du nom de Zeus" ( ou de tel ou tel autre
nom)(aphorisme No 32) .
Comme Héraclite nous dit que "cet univers est identique pour tous" ,
ce ne sont que les interprétations que nous en faisons qui se
différencient les unes des autres , mais les principes généraux de cet
univers sont "identiques pour tous". Examinons donc l'interprétation
que nous donne LaoTseu avec le Tao :  
"Le Tao qu'on tente de saisir n'est pas le Tao lui-même ,
le nom qu'on veut lui donner n'est pas le nom adéquat .
Sans nom , il représente l'origine de l'univers "
( Lao Tseu , Tao te king , No 1)
On peut ainsi constater que ces deux auteurs nous disent à peu près
la même chose , à la différence des appellations près (Logos ou Tao),
qui de toute façon nous dit Lao Tseu "ne sont pas adéquates" ,
inadéquation confirmée par Héraclite :
No 32 "L'Un , qui seul est sagesse , souffre et ne souffre pas d'être
appelé du nom de Zeus".

 

Que nous dit encore Héraclite dans son aphorisme No 30 ? :
"l'univers fut toujours , est et sera un feu éternellement vivant "
Ce feu , nous l'appelons plutôt aujourd'hui "énergie" , dont on
sait qu'elle s'échange avec de la matière selon la formule E = mc^2.
Héraclite poursuit (aphorisme No 90) :
"Toutes choses sont échangées contre le feu et le feu contre toutes
choses " ("de même que les marchandises sont échangées contre de l'or
et l'or contre des marchandises") .
Et lorsque la matière redevient feu :
"sa masse est conservée selon la même mesure que celle qu'elle
possédait avant qu'elle ne devint terre "
Avec une intuition aiguë , Héraclite nous énonce en des termes d'époque
les principes que nous appelons aujourd'hui "conservation de l'énergie"
et "d'échange entre matière et énergie" .

 

Ainsi le monde d'Héraclite est ce jeu où le Feu-Energie ,  sous
l'inspiration du Logos(-Tao) , se transforme de façon réversible en
matière ( ou en notes d'une symphonie , en mesures et suivant les
portées de la mesure ) .

 

On peut ensuite se demander comment fonctionne le procédé de "descente"
de la spiritualité de "l'Un" , du Logos , vers le domaine matériel  du
quotidien , et de son accessibilité , de sa compréhension  par l'esprit
humain ; Héraclite nous en donne des "signes" :
No 93 " Le maître dont l'oracle est à Delphes ne dit ni ne cache rien ,
mais il donne seulement des signes"  
No 18 "Si tu n'es pas ouvert à l'espérance , tu ne rencontreras pas
l'inespéré , qui est impossible à conjecturer "
No 1 , pour partie " les hommes sont incapables de comprendre le Logos
éternel , aussi bien avant de l'entendre qu'en l'entendant pour la
première fois . Car bien que toutes choses arrivent suivant le Logos ,
les hommes semblent désemparés lorsqu'ils s'essayent à exprimer ou à
agir selon ce que j'expose , en distinguant chaque chose selon sa
nature et ce qu'il en est de cette chose ."
A ce dernier aphorisme lui répond comme un écho celui de Lao Tseu :
No 70 "Mes préceptes sont très faciles à comprendre et très faciles à
pratiquer .Mais nul ne peut les comprendre ni les pratiquer .
Mes préceptes ont leur principe , mon action sa direction .Mais nul ne
les comprend et je reste inconnu du monde "
Ainsi le Logos donne des "signes" , inexprimables dans les langages
humains  et à l'entendement de l'homme  si l'homme n'est pas lui-même
spontanément ouvert à cet au-delà : l'ouverture de la  conscience à
cet au-delà est nécessaire pour espérer se laisser aborder par le
Logos , et l'illustration de cette ouverture nous est donnée
postérieurement par Socrate et son Daïmon :
quand Socrate est abordé par ce "sur-soi" , il entre dans un état où
il semble émerveillé et où plus rien ne semble pouvoir le distraire
de cette rencontre ; et quand il sort de cet état , il sait que cette
expérience sera incommunicable , et il n'essaie jamais de proclamer
"sa"  vérité , se contentant de faire prendre conscience à son
interlocuteur de la fragilité de ses opinions .

 

Le principe d'ouverture que lèguent Socrate ou Héraclite est celui de
se mettre sur le chemin de la recherche , sur la voie de
"l'intro-extra-spection"  , de sortir des ombres de la caverne pour
dé-couvrir le célé , le caché sous le manteau des apparences .
Le chemin de "l'extra-spection" est celui de la démarche scientifique
déjà bien amorcée à leur époque , de connaître les lois selon lesquelles
le Feu-Energie intervient dans le monde ; mais l'un et l'autre mettent
en garde sur les dangers d'une version mécaniste du monde qui oublierait
"l'intro-spection" et l'analyse des conditions par lesquelles le Logos
ou principe spirituel intervient sur le monde : en quelque sorte , unir
la science à la conscience , science sans conscience n'est que ruine de
l'âme suggère Rabelais .  
"Qui se dresse sur la pointe des pieds , ne restera pas longtemps debout ,
... qui se glorifie ne verra pas son mérite reconnu , qui s'exalte ne
deviendra pas un chef" (lao Tseu , no 24)
Toute allusion à un personnage existant ne pourrait être que fortuite ..

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