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Adam et la terre

L'histoire commence avec Adam :

en Hébreu , adam veut dire "être humain" ; cet adam dit la Bible , naquit de "adamah" ( la terre , le sol , par opposition à la Terre --eretz , qui est un deuxième mot hébreu plus général) : des erreurs de traduction ou des traductions orientées ont fait de cet "adam" notre Adam , le premier homme . Mais , dit le texte en Hébreu , Dieu créa le premier "être humain" ( symbole de l'humanité) à partir de la terre ( adamah ) -- le reste n'est qu'interprétation .

Ce rapport en hébreu entre adam et adamah se retrouve en latin :

Là , on retrouve l'alternance entre homo ( homme en tant qu'être humain ) et humus ( la terre , le sol ) ; traduite mot à mot en latin , la Bible dit : Dieu créa Homo à partir de Humus .

Ce rapport entre l'homme et la terre est ainsi attesté aussi bien en hébreu qu'en latin , sans possibilité qu'il y ait eu une influence réciproque d'une langue sur l'autre , et traduit sans doute cet attachement fort de l'humanité à la terre , du moins depuis l'époque -1500 , -2000 ans . On peut aussi interpréter cela en qualifiant l'être humain de "fils de la terre" ou d' " être de la terre ", "qui vit sur la terre" , par opposition aux dieux ( à Dieu) qui "vivent dans les cieux" .

 

L'analyse plus poussée de l'hébreu nous conduit encore plus avant :

"dam" signifie aussi sang , "adom" est la couleur rouge , "adamah" pourrait conduire à un rapport entre la terre , le sang , la couleur rouge et l'être humain .

Ce rapport existe aussi en grec ancien , mais partiellement : "aima" est le sang " ( cf en français "hématie" , globule rouge ) , "aimatodes" est une couleur rouge sang qui a donné en français "hématite" ( oxyde de fer de couleur rouge) .

Mais en même temps , le latin , très proche du grec dans ses racines , peut venir compléter le rapprochement vu  en hébreu  :

la forme primitive de "homo" est "hemo" ( cf Meillet , Bailly , Pokorny ) , qui a subsisté en latin classique dans "ne-hemo" soit "nemo" en contraction ( comme le capitaine ) , qui veut dire "personne" ; d'un côté , on a "hématie" et "hématite" pour le grec , de l'autre "hemo" , "homo" et "humus" pour le latin avec le même racine "hem", "hom" ou "hum" dans la langue substrat d'origine qui est l'indo-européen .

 

Ainsi , le rapprochement en hébreu " sang, rouge , terre , homme " ( adam , adamah , dam , adom ) se retrouverait dans les mêmes termes en indo-européen avec "hématie , hématite , hemo , humus , homo" , avec une racine qu'on peut écrire "ho(e)(u)m" , ou "gho(e)(u)m" pour être plus général ( cf Pokorny 414-416 )

 

Ce quadruple rassemblement en une seule racine illustre un phénomène connu : quand on a une hypothèse de travail , cette hypothèse peut conduire à dénouer bien des fils embrouillés , ou à éclaircir des phénomènes qui resteraient obscurs sinon , pris qu'ils sont sous une avalanche de données . En l'occurrence ici , l'hypothèse est d'examiner les données sous l'angle de l'analyse des 4 mots hébreux déjà cités .

 

Et l'histoire se continue sur "terre" :

On a ici parlé d'humus , voire d'humilité , et d'adamah , mais on n'a pas parlé de "terra" , la terre elle- même . Quelle est l'étymologie de "terra" , et à quoi renvoie -t'elle ?

A la racine indo-européenne du verbe latin torreo ( sécher , griller , bruler ) , qui s'est transformée aussi bien en "torrent" ( bouillonnant / sec en été , pour l'analogie de sens) , qu'en "torride" , ou en "torréfaction" , ou encore en "terre" ( ce qui nous donne toute latitude d'interprétation sur les conditions climatiques sous lesquelles vivaient les personnes qui ont créés le mot ! )

Mais il y a plus : le participe passé de torreo est "tostus" ( donc cuit , grillé ) :

il s'est transformé en un mot qui voulait dire "terre cuite , coupe en terre cuite , amphore " , puis de  contenant (en terre cuite) , le mot a évolué en "tête" ( d'où l'accent circonflexe sur tête pour signaler la disparition du "s" ) (et comparer la tête a une marmite n'a rien d'exceptionnel , cf par exemple comme expression imagée "ne rien avoir dans la marmite" ...)

Cela nous donne un nouveau rapprochement pour le moins inattendu entre la "terre" et "l'homme" ; sa "tête" ( du moins en français) lui vient de la terre ( cuite , des récipients) : le voilà "récipiendaire" ( et non "récipient d'air") d'un nouveau point commun avec celle-ci ...

 

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