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Science et conscience

science et conscience

La "science" est du domaine de ce qui consiste à dire , dans
la très grande majorité des cas et des personnes qui s'en
revendiquent , "je sais" ( comme le donne entre autres son
étymologie , "scio" , je sais ) , alors que la conscience
relève d'une démarche qui s'apparente plus à celle de Socrate
et de Montaigne ( "que sais-je ?" dit Montaigne sur le devise
qui figure  à son blason  ) .
Comme le dit bien Montaigne , je préfère qu'une personne ait
la tête bien faite que bien pleine , et je préfèrerais , si
j'avais un fils , qu'il soit formé à l'école des gens qui ont  
le contact et l'expérience du terrain plutôt que formé

"aux écoles de la parlerie " .

 


Montaigne souligne ici deux aspects de ce que nous pourrions
appeler de nos jours "les élites" , du nom de ceux qui se
drapent volontiers dans cet étendard de ce qui relève souvent
d'une vacuité certaine :
première aspect , celui qui relève de "la tête bien pleine " plutôt

que bien faite ;
et deuxième aspect , celui des "écoles de la parlerie" , des
récitants de dogmes , de crédos , des postulants aux dégaines
et aux rengaines , aux postures qui sont souvent des "en-postures"
c'est à dire des "impostures" ( comme le veut ici l'étymologie
de cet "in" , dans ce cas particulier , qui veut dire "en" , comme
le "in" anglais d'ailleurs ) .
Cette "science" là est cette science du "je sais" , des récitations
des catéchismes et des catalogues de circonstances laborieusement
appris et récités avec d'autant plus d'ardeur qu'appris sans être
vraiment compris ,  appris avec d'autant plus de souffrance que
non compris .
Cette situation n'est guère nouvelle , Montaigne le rappelle ,
"asinus asinam fricat" (l'âne se frotte à l'âne) dit la maxime
latine) , "qui veut faire l'ange fait la bête" dit Pascal , ou
comme le dit encore un proverbe : quand quelqu'un raconte une
bêtise , il y a toujours deux personnes stupides : celle qui
raconte la baliverne , et celle qui l'écoute .
Cette "science" des "docteurs" , des doctrines et des doctrinaires
est tant soit peu "ancienne" , comme les antiennes affectées aux
mêmes rubriques .

 

La "conscience" est d'un autre registre : elle s'exprime avant
tout comme le soulignent Montaigne et Socrate , par des
interrogations , par un esprit d'ouverture et d'écoute  , dégagée
de toute forme de clientèle , ( comme la pratiquent les sophistes
de toutes les époques) ,  et de clientélisme , de pros-élytisme et
pseudo-élitisme : la conscience n'est pas du registre de ce qui se dit
pour "occuper le terrain" , "pour avoir le dernier mot" , dans une
quête de pseudo-pouvoir ; la conscience n'est pas du domaine de
ceux qui se rassemblent pour se ressembler ou l'inverse , à des fins
le souvent plus mercantiles : ânonner à plusieurs un parti pris
quel qu'il soit à des fins "tactiques" .
La conscience est du domaine qui consiste plus à "avertir"
( étymologiquement : ad - verto : se tourner vers ) qu'à chercher des
"adversaires" ( même étymologie : ad - verto : se tourner vers , mais
cette fois à des fins belliqueuses ) ; ainsi , si avertir et adversaire
sont en quelque sorte des doublets étymologiques , ils soulignent bien
que c'est l'état de conscience qui fait la différence entre les deux .
Celui qui en se "tournant vers" son interlocuteur , cherche un
adversaire ou un allié de circonstance à des fins de politique polémiste
celui-là est dans le registre "sophiste" ; celui que "se tourne vers" son
interlocuteur pour l'avertir , pour pratiquer un éveil de la conscience
ou comme le propose Socrate dans son art de la maïotique , pour l'aider
ou pour s'entraider , celui-ci est dans le registre de la recherche de la
conscience , de "l'éveil" à des réalités qui dépassent le plan des
"tactiques" ou "des tic-tacs" d'appareils .

 

"Le poète est semblable au prince des nuées
qui hante la tempête et se rit de l'archer ;
exilé sur le sol au milieu des huées
ses ailes de géant l'empêche de marcher "

 

Mais ne vaut-il pas mieux sympathiser avec le poète de Baudelaire

, avec Montaigne ou Socrate , qu'à pratiquer la politique de la

terre brulée dans des guerres de religions ou de pseudo-dogmes

sempiternels ?

 

 

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