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étymologie : mots dérivés de noms d'animaux

 

Un certain nombre de mots dérivent de façon souvent cachée de noms
d'animaux : si plusieurs d'entre eux en découlent  de façon assez
évidente ( par exemple "serpenter" de serpent ; "avachir" de vache
"fourmiller" de fourmi ; lézarder ... grenouiller ... moutonner ...
cafarder ... cavaler ...etc ..) , d'autres en revanche ne  dévoilent
pas aussi facilement leurs origines .
Partons de quelques animaux familiers et voyons ce qu'il advient
parfois de leurs noms :

 

1) de chèvre (radical indo-européen Kapro , latin capra : chèvre ;
grec kapros : sanglier ) découlent de façon assez évidente
chevroter , chèvrefeuille , chevreuil , chevrotine ( balle pour
tirer un chevreuil ) .
Le "p" de la racine se transformant en "b" par un glissement de
prononciation courant , on trouve aussi "cabri" , qui donne
"cabriole" comme les sauts de cabri , puis "cabriolet" (voiture
légère qui cabriole ) .
De façon plus inattendue , on trouve ensuite "chevron" dans le sens
premier de solive participant à  l'armature d'une toiture ( le
squelette de la charpente ayant l'allure d'une chèvre ..) ; puis
dans un sens second , le chevron de la toiture prend la forme
renversée d'un "V"et devient un signe distinctif ( militaire ,
par exemple ) ; par une troisième évolution métaphorique , le
chevron devient le signe distinctif d'une personne expérimentée ,

"chevronné"... Là , on est  assez loin de l'animal "chèvre" ..

 

2) le mâle de la chèvre est le bouc ( radical indo-européen
bhugo n0 174 Pokorny , gaulois bucco , latin bucca , anglais buck
: daim , racine qu'on retrouve aussi pour l'antilope "springbock")
Il en découle le mot "bouquet" , mais seulement dans le sens
particulier d'un bouquet de crevettes , à cause d'une certaine
ressemblance  de leurs barbes (un bouquet de fleurs ayant une

autre origine , dérivant de la racine de "bosquet") .
En dérive aussi "bouquin" , mais seulement dans le sens particulier
d'un bouc ou d'un lièvre mâle , le bouquin-livre dérivant d'une
racine germanique qui a donné Buch en allemand (hêtre , sur lequel
certains gravaient des lettres ) , book en anglais .
Plus curieusement , c'est "boucher" qui provient du mot bouc ,
dans le sens premier d'abatteur de boucs ( butcher en anglais) ,
puis boucherie .

 

3) de vache ( racine indo-européenne symbolisée par uaka , sanskrit
vasa , latin vacca ) , nous proviennent vacher , vacherie ( sens
premier étable des vaches , cf Rimbaud dans le bateau ivre) ,
s'avachir , et plus curieusement vaccin et vaccination : on s'était
aperçu vers le XVème siècle que les personnes en contact avec des
vaches atteintes de la variole de la vache étaient immunisées de
la variole humaine : d'où le nom donné par la suite au "vaccin" ,
déduit du latin vacca ) .

 

4) de boeuf ( racine indo-européenne guou , Pokorny 482-83 , latin
bos : taureau ; bucula . jeune vache ; sanskrit gaura : taureau ; grec
bous : boeuf , taureau , vache) , nous proviennent bovin , buffle ,
anglais beef puis beefsteak , bovidé , puis de façon plus inattendue :
beugler ( de bucula , jeune vache ) et beuglante ; bucolique .     
beurre vient du grec bouturon : "fromage de vache", puis par le latin butyron et diverses périgrinations ) , l'acide butyrique et le butane.
Viennent encore de boeuf de façon plus inattendue :
boulimie ( une "faim de boeuf" , comme on dirait actuellement d'une
faim de loup ) .
hécatombe ( du grec ekaton : cent , + bous : boeuf : il s'agissait alors
du sacrifice de cent boeufs destiné à s'acquérir de bonnes grâces dans
des cas extrêmes ) .

 

5) de cheval ( dont la racine n'est vraisemblablement pas indo-européenne
mais d'une période antérieure ) , nous viennent cavale , cavalier ,
chevalier , chevalière , chevaucher et chevauchée , se chevaucher ,  
cavalerie , cavaler , cavaleuse , cavalcade ...
Plus curieusement , on a chevalet , dans une évolution sémantique
comparable à celle observée avec chèvre et chevron ( armature de bois) .

 

De la racine indo-européenne correspondante ( ekuos , latin equus :
cheval ; le ku s'échangeant souvent en p ( comme quinque : cinq ; et
grec pente : cinq) : grec ippos : cheval ) , nous proviennent des mots
qui lui correspondent au premier degré : équitation , équestre , équidé
et de la forme grecque : hippique , hippodrome ...

 

6) de poulain ( radical indo-européen Pou : petit , jeune animal ,
jeune enfant ; latin puer : enfant , pullus : jeune animal ; grec
pais : enfant ) nous viennent pouliche , poulinière , ...
puis poutre (du bas latin pullitru : jeune cheval) dans une évolution
sémantique déja observée avec "chevron" ( de chèvre) et "chevalet"
( de cheval) relativement à des armatures en bois dans les charpentes .
Notons que du latin pullus nous provient aussi poulet et poule , dont
le rapport avec poulain est relatif au concept de jeune animal .

 

7) de chien (racine indo-européenne kuon , grec kuon : meute , chien ;
latin canis : meute , chien , cf l'inscription sur la mosaïque "cave
canem" : "garde , chien" ; latin cana : chienne , canicula : jeune
chienne ) , nous viennent  chenil , chenille ( dont la tête ressemblerait
à une tête de chien ...) , puis (véhicule à) chenille , chenillette .
canicule correspond à la période où dans l'antiquité on observait l'étoile
Sirius de la constellation du chien (vers le début Août) ; de la même
évolution nous vient cagnard et cagna (chaleur étouffante , de cana :
chienne , liée à la période de la constellation du chien , comme ci-
dessus) .
canaille nous vient de l'italien caniglia ( de cana , chienne) .
décaniller veut dire au premier degré : chasser le chien de sa niche .
cagneux signifie d'abord avoir des genoux de chien ( tournés en dedans) .
cagnotte évoque d'abord la gamelle du chien , puis divers récipients et
corbeilles dans lesquelles on recueille de l'argent ( cf la fameuse
"lessiveuse" ou la cassette d'Harpagon) .
Les canines sont d'abord des dents de chiens .
De la forme grec kuon nous viennent cynégétique ( science relative aux
chiens) , cynodrome (pour les courses de chiens ) .
Plus surprenant est le mot cynique , dont le sens premier est l'adjectif
"relatif aux chiens" . En fait , il qualifiait aussi les philosophes
"cyniques" , dont le "prototype" était le philosophe Diogène : Diogène
habitait souvent les places publiques d'Athènes , dans un tonneau .
La légende veut qu'un jour Alexandre le grand lui aurait demandé : que
puis-je faire pour toi ? Ecarte - toi de mon soleil , tu me fais de
l'ombre lui aurait répondu Diogène .
Il circulait aussi avec une torche en plein jour pour éclairer le
commun des mortels qui vivait dans un aveuglement perpétuel ,

selon lui .
Bref , les philosophes "cyniques" prônaient le retour à une vie de la
nature la plus simple , comme à une vie de chien : d'où le qualificatif
dont ils ont hérités , comme d'une "chiennerie" .  

 

8) du chien , on peut passer au loup ( racine indo-européeene (u)lkos ;
latin lupus ; grec lukos) :
au premier degré nous avons loup , louve , louvéterie , lupin ( cf
les "gueules de loup" qui ne sont pas des lupins mais des muffliers)
loupiot (mon petit loup) , louveteau (scouts) .
Louper quelque chose , c'est faire un "loup" , c'est à dire une malfaçon.
Le "loup de mer" est un poisson vorace ( qui a une faim de loup) .
Plus curieusement , de la racine indo-européenne , nous viennent :
Louvre ( latin lupara : lieu infesté par les loups) .
Lycée à une origine semblable ; par la suite , il a désigné le lieu où
Aristote avait installé son école , et à partir de là , le sens moderne
de "lycée" s'en déduit ... c'est ainsi grâce à Aristote que les noms de
loup et de lycée sont associés dans la même racine ..
Lupanar est lié à un lieu mal famé ...
le nom de la  plante Lycopode veut dire "pied de loup" par allusion

aux formes  de ses rameaux  .

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