De J F K(Jean François Khann) ,créateur de l'expression "pensée
unique" à Michel Butor dénonçant en mars 2016 la langue de bois
pratiquée par les Zénarques , le vocabulaire fait florès de propos
associés à ce genre de pratique , dont le plus ancien au XX ème
siècle est le terme "blabla" (crée vers 1900) , et le plus
contemporain : "éléments de langage" .
On n'oubliera pas entre les deux ceux qui sont énoncés dans le titre ,
et le vivifiant témoignage de Frédéric Schiffter :
"Sur le blabla et le chichi des philosophes"(P.U.F)
De tous ces termes plus ou moins synonymes , il peut paraître utile
d'en faire ressortir l'aspect sinon originel (car son origine se perd dans
la nuit des temps ) , du moins l'unicité qui le structure et charpente
avec solidité ce verbiage :
C'est d'abord l'aspect totalement récitatif de ses paroles
dogmatiques . assénées comme des credos .
C'est ensuite le folklore purement phraséologique , verbologique
qui l'accompagne (folklore est un mot mal choisi , car signifiant
étymologiquement "relatif au peuple" , du radical germanique
"volk" introduit par les Francs , mais pour la circonstance on s'en
contentera , même si la "verbologie" est difficilement consubstancielle
au peuple ) (voir plutôt du côté des Zélites Bobo , traitées très
respectueusement avec des majuscules) .
L'historique de la Verbologie se perd , comme dit précédemment , dans
la nuit des temps ( elle n'est d'ailleurs jamais vraiment sortie de cette
nuit) , ses grands "Théorisateurs " étant les sophistes grecs de la grande
époque du V ème siècle avant notre ère .
L'armature essentielle de cette sophistique étant de débattre doctement
de tout et de son contraire avec un égal bonheur , sans attacher la
moindre affectivité ni la moindre croyance aux termes que l'on avance
dans le débat ( c'est pourquoi le terme de "débat est mal choisi : il s'agit
ici non de débattre , mais de déblatérer ) .
D'ailleurs "déblatérer" , étymologiquement , vient du latin blaterare ,
qui a une origine onomatopéique qu'on retrouve également dans
"blabla" , et qui se rapporte à des sortes de jacasseries diverses et
variées .
Donc , cette Verbologie Déblatérative , sanctuarisée par les plus grands
sophistes grecs , n'est jamais vraiment sortie de sa nuit originelle , et si
on la retrouve à toutes les époques , on doit noter qu'elle a été nettement
améliorée de nos jours :
Montaigne l'évoquait en des termes peu flatteurs : "Les écoles de la
Parlerie" , mais depuis elle a pris sérieusement du galon .
Les grands "Théorisateurs " contemporains la définissent comme le
témoignage répétitif et récitatif des "éléments de langage" , ces éléments
de langage acquérant une "Qualité Véritative" d'autant plus manifeste
que rabâchée par un plus grand nombre : on peut donc appeler cette
pratique par une désignation scientifique qui s'appelle :
"La loi des grands nombres" : plus on est nombreux à ânonner des
propos , plus les propos acquièrent leurs lettres de noblesse .
Ayant ainsi scellé par le sceau des sciences le nouvel aspect
progressiste de cette Verbologie Déblatérative , les grands Théorisateurs,
portant leurs idéologies sans idées et leurs formes sans fonds sur les
fonds baptismaux de la science ( ah si , il y avait du fonds : celui des
fonds baptismaux) , les grands Théorisateurs entreprirent de la mettre
en pratique , avec il faut bien le reconnaître un succès qui ne fut ou n'est
pas à la hauteur des ambitions de leurs auteurs ...
C'est ainsi que l'on vit plusieurs châteaux de cartes s'effondrer et des
murs suivre le même sort ( n'est pas la muraille de Chine qui veut) ,
et la Loi Des Grands Nombres , appliquée à une bureaucratie
galopante et clientéliste qui était dans cette logique du Chiffre et du
Nombre , connut et connaît un destin peu "en - viable" .
On notera d'ailleurs que cette pratique universelle de la Verbologie
Déblatérative est de nos jours plus universelle dans certaines régions
que dans d'autres ...
Ce qui fait obstacle à la Verbologie Délibérative est essentiellement
les éléments qu'on peut chiffrer , mesurer . Qu'à cela ne tienne , les
Théorisateurs font leur possible pour casser les thermomètres ou
dénigrer tout message de ce type :
interdiction de statistiques ethniques , édulcoration des débats sur la
consommation de stupéfiants , condamnation rigoureuse de ce que
Chevènement appelait il y a 25ans les "sauvageons" , discrédit jeté
sur l'idée des peines de prisons de court terme (ce que pourtant
Bauer considère comme essentiel) , rejet des résultats sur les
référendums , etc...etc...
Sur les statistiques ethniques , il y a des éléments clairs ; par exemple
en Suisse , la population d'origine immigrée est de 25 % de cette
population . Le chiffre est à peu prés le même en France , mais on n'a
pas le droit de l'établir sur des bases d'enquêtes ....
A- t-on entendu parler de "sauvageons" en Suisse ? Non , tout le monde
y respecte à peu prés un minimum de sens civique et de responsabilité
citoyenne ( on se gargarise de "citoyenneté" de l'autre côté de la frontière
avec les résultats que l'on sait) .
Sur les stupéfiants , il va bientôt falloir interdire les "statistiques
sociales" , elles sont trop dangereuses : le chiffre d'affaire des drogues
est de 3,5 milliards d'euros en France , il y a 1 million de
consommateurs journaliers , 4 millions de consommateurs réguliers ,
soit un budget "moyen"annuel de près de 900 euros pour les
consommateurs :
le simple fait de connaître ces chiffres est "intolérable" . Mais comme il
faut bien que l'argent sorte de quelque part (et pas des cités , où le
niveau de vie est ce qu'il est ), cet argent vient des milieux aisés et des
bobos de toutes catégories , mais il n'est pas politiquement correct de
le dire .
A quoi sert cet argent ? À entretenir des milieux oppresseurs dans les
mêmes cités , avec les résultats que l'on voit , et qui sont de moins en
moins possibles à corriger vu l'ampleur du pouvoir financier de ces
milieux ...
Où se retrouvent ces consommateurs de drogues , qui sont
essentiellement des jeunes (âge moyen du début de cette
consommation : 15 ans ) ? Un grand nombre sont évidemment des
lycéens , dans "l'exercice de leurs activités de lycéens" , avec les
résultats connus :
les taux de réussite au baccalauréat explosent , alors que le niveau
chute de plus en plus . Conjugué avec deux autres maux du système
scolaire ( l'usage destéléphones , des jeux qui s'y trouvent , la facilité
de tricher en exportant un sujet d'interro et de le retrouver corrigé
15 mn plus tard; l'abandon de l'idée "d'autorité" des enseignants) ,
on a alors un cocktail à trois éléments qui éclaire sans conteste la
situation (quand on sait que la "doctrine" officiel de priver un lycéen
dans l'exercice de ses activités frauduleuses est "déshumanisant") ....
Sur les référendums dont toutes les personnes "autorisées" clament et
se réclament , les deux derniers organisés ont été purement et
simplement annulés (référendum constitutionnel de 2004 , et celui de
Notre dame des Landes , sans parler des votes largement majoritaires
des instances élues sur le barrage de Sievens) ....
Bref , inutile d'épiloguer en amassant preuves sur preuves (trop prouver
est "antiproductif") , disons simplement que quand dans un pays donné ,
on n'est plus capable d'utiliser des termes mesurables avec mesure , on est
dans ce que les grecs avant les sophistes appelaient le "démesure" , avec
les résultats là aussi connus : l'effondrement d'Athènes en -400 ans avant
notre ère .