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Eyes wide shut

Panthéon , temples , que de noms
que de chapelles , d'illusions
que d'opium aux confins des cieux
que de prétentions pour si peu !

 

Où rumeur est rumination
où attelage n'est qu'attèle
où penser n'est qu'artificiel
jeu de masque et d'usurpation

 

Moins on peut et plus on proclame
qu'un bruit est communication ,
moins on peut , plus on se réclame
de pluies versant en diversions

 

Quand l'essor devient essorage
à laver des cerveaux sous gages ,
il reste les bruits de tambour
à battre de tours et détours

 

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De couper , prendre , séparer , trier .....à mesurer , savoir , penser , comprendre

Etymologie :

 

On passe de termes concrets à des termes plus élaborés et abstraits , en suivant les formes de conceptualisation progressives de l'esprit humain et de la conscience :

Parmi les premières étapes de la conscience que nous indique l'étymologie se trouvent la capacité d'individualiser les éléments , de les distinguer les uns des autres , d'établir des frontières et des séparations ente eux , de les classer :

on trouve d'abord le radical "sci" ( ou skei dans la classification habituelle – Pokorny 919-22 ) , qu'on retrouve dans les mots schisme , scission , scinder , voire schiste ( débité en plaquettes ), abscisse (coupure qui indique la position du point ) , et qui débouche enfin sur scio en latin ("je sais") , puis science , conscience ,... C'est une capacité analytique de l'esprit humain qui est mise ainsi en évidence .

On trouve aussi le radical de mots comme comprendre , compréhension , préhension qui indiquent qu'une étape essentielle est la capacité de prendre ( soit pre + hendere ) ,c'est à dire d'avoir en main :

ce radical , d'un ancien mot latin "hendere" (tenir en main) , symbolisable par "hend" (ghendh Pokorny 437-38 pour l'indo-européen ) , se retrouve aussi , après bien des cheminements , dans le mot anglais "hand" . La capacité de "préhension" est une étape essentielle de "compréhension" dans l'évolution de la pensée humaine .

Une troisième racine conduisant à l'abstraction se retrouve dans les mots "penser", ... et "pendeo" en latin ( "pendre" , "être suspendu") , "pendo" (peser, puis payer) dont le participe passé est "pensus":

on pesait en suspendant l'objet à une balance , d'où le rapprochement entre pendre et peser ; puis on a pesé le "pour et le contre" , et enfin on a "pensé"(notons qu'un objet bien pesé était "per-pendiculaire" , c'est à dire perpendiculaire au sol ) . Notons aussi  que dans le mot "dépendre" on a les deux sens concret et abstrait : de dépendre au sens primitif , à "ça dépend" dans un sens abstrait .

Finalement , "penser" , c'est agir avec "pondération" nous dit l'étymologie , c'est encore agir avec "mesure" (pondérale).

 

Ensuite , on peut considérer tout une série de mots , nous dit Bailly dans son dictionnaire étymologique , qui ont d'abord signifié " compter , calculer " avant d'arriver à l'acception "penser , réfléchir" :

Par exemple du mot latin "puto" dont le sens premier était "tailler, nettoyer" , on est arrivé à "computo" ( faire des entailles , puis "compter, calculer" ) , puis à reputo ( tenir compte de , penser , méditer ) : ce qui dans la langage contemporain , donne aussi "compte" , "computer" , "tenir compte de ", "putatif" , réputé , ... et encore imputer, disputer , député , ...

Deuxième exemple avec "duco" ( sens premier : tirer (des traits) , puis compter , calculer , et enfin conduire , mener , considérer ) , qui a donné en langage contemporain : d'abord adduction, aqueduc , conduction , viaduc , .... puis déduction , éducation , induction , en passant par dux ( latin : celui qui conduit , guide , chef ) , duc , duché , Doge , .....

On s'arrêtera sur un dernier exemple : du latin "censeo" ( sens premier : compter , estimer , puis être d'avis , penser ) , on obtient : recensement ( là , c'est le registre "compter" ) , puis censément , censé ( registre de la pensée , nul n'est "censé ignorer la loi" ) , en passant par censure , censitaire , censeur , .....Ou encore sur la racine indo-européenne kens (Pokorny 566 ) : Cassandre ( celle qui annonce , averti ) , le grec "kosmos" ( ordre , puis bienséance , discipline , pour arriver à "monde" , "parure, ornement" ) , ce qui donne en langage contemporain "cosmos, cosmonaute", ....."cosmétique " aussi ) .

 

Sans qu'il soit besoin d'étymologie , on peut aussi évoquer dans le passage des nombres , du calcul ,  du réel .... à la pensée , la prise de conscience , la sagesse :

l'évolution de "réel" à "réaliser" ( dans le sens de se rendre compte ) ; de "chiffre" à "déchiffer" ;de "mesure" à "mesuré , avec mesure" ;.

Mais attention aux fausses étymologies" ; nombril , par exemple , n'a aucun rapport avec nombre , c'est une simple coïncidence : "nombril" vient de ......."umbilicus" ( ombilic , qu'on retrouve dans "cordon ombilical") , en passant par l'ancien français "omblil", puis "nomblil" .... et enfin "nombril"

(un long chemin pour en arriver là !)                 Phirey@free.fr

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D'Alain Connes à JM Levy-Leblond

 

La comparaison des ouvrages d'Alain Connes ( "Triangle de pensées") et de JM Lévy-Leblond ("Aux contraires") amène à effectuer certains rapprochements sur leurs conceptions de la philosophie des sciences .

Rappelons d'abord ce qui a déjà été dit dans les deux articles précédents sur ce site à propos d'Alain Connes : il considère que le mathématicien travaille à partir d'un faisceau d'axiomes , d'hypothèses que lui inspire son expérience , et qu'à partir de là , il élabore des raisonnements qui lui permettent d'établir un certains nombres de propriétés relatives au domaine étudié ( sur la géométrie , ou sur les nombres entiers , ou sur tout autre domaine ..) . Il compare ce faisceau d'axiomes à un télescope que son raisonnement oriente dans certaines directions , et qui lui permet de découvrir certaines propriétés du champ d'observation : ainsi , suivant la puissance du "télescope" et l'habileté de l'observateur , la réalité première du champ d'observation ( qu'il appelle réalité "archaïque") est progressivement dévoilée . Mais il note que cette méthode ne fait apparaître qu'une toute petite partie des propriétés de cette réalité première , conformément au théorème de Gödell .

JM Levy-Leblond est physicien , et n'a donc pas le même rapport avec la "réalité première" : pour lui , la réalité première est le monde physique observable ( étymologiquement , phusis = nature ) , et sa problématique est de savoir si les propriétés qu'il aperçoit à partir de son "télescope" sont des propriétés intrinsèques du monde naturel , ou si ce sont des réalités "relatives" , c'est à dire relatives aux modes de perceptions plus ou moins déformantes que nous avons de cette réalité .

Par exemple , si nous observons un avion qui vole dans le ciel , nous allons localiser le bruit de l'avion à l'endroit où nous voyons l'avion : c'est une réalité "relative" , car si l'avion est à 7200 m d'altitude , le son a mis 6 secondes pour nous parvenir , et si l'avion vole a 720 km/h , il a avancé pendant ces 6 secondes de 1200m : de sorte que quand nous localisons le bruit , l'avion est en fait 1200 m plus loin qu'au moment où le bruit a été produit , et que nous localisons à tort l'origine du bruit à l'endroit où nous voyons l'avion .

De même , si vous observez ce qui se passe sous la surface d'une eau en restant au-dessus de l'eau , ce que vous verrez dans l'eau sera une réalité "relative" , et non une réalité intrinsèque , car les rayons lumineux qui vous permettent de voir ce qui se passe sous l'eau s'infléchissent à la surface du liquide , et vous renvoient une information déformée : les lois que vous pourrez établir seront des lois exactes pour un observateur au-dessus de l'eau , mais ne seront pas des lois "absolues" , à cause des déformations provoquées au passage de la surface de l'eau , par réfraction  .

Chaque auteur ayant son vocabulaire propre , JM Levy-Leblond appelle ces déformations inhérentes aux modes d'observation adoptés des erreurs de "parallaxes" . Citons -le :

" Ce point de vue ,...,permet de mieux comprendre la plupart des prétendus paradoxes de la théorie einsténienne , comme la soi-disant contraction des longueurs et la dilatation des temps chères à la plupart des exposés de vulgarisation ..... la vraie durée d'un phénomène (est) le temps que demande ce phénomène dans son propre référentiel , autrement dit la durée que mesure une horloge liée au système physique en question . C'est ce qu'on appelle le "temps propre" d'un phénomène ."

" Les durées impropres ( celles obtenues de l'extérieur du référentiel lié au phénomène) sont toujours différentes de la durée propre : d'où la douteuse terminologie de "dilatation des temps" " ( pages 135-138 ) .

Il en va de même pour tout ce qu'on peut mesurer : il y a ainsi un temps propre , une longueur propre associés à un phénomène , on ne peut les évaluer qu' en étant "in situ" : si vous observez un avion dans le ciel , ou un poisson dans l'eau , si vous n'observez pas le poisson en étant aussi dans l'eau , ou l'avion en vous déplaçant aussi avec l'avion , vos mesures seront entachées d'erreurs de parallaxe et vous n'obtiendrez que des vérités exactes pour vous , mais relatives en tout état de cause .

Prenons un troisième exemple , repris aussi bien par JM Levy-Leblond que par Alain Connes :

Lorsqu'un rayon cosmique heurte la haute atmosphère à 20 km du sol , il y a une cascade de réactions avec en particulier la production de "muons". Or ces particules sont très instables et ont une durée de vie estimée depuis le sol de l'ordre d'une à deux micro -seconde ( un à deux millionièmes de seconde ) : cela ne devrait leur permettre de parcourir que 500m environ ( dans l'hypothèse la plus favorable où ces particules vont à la vitesse de la lumière ) . Cependant , de nombreux muons atteignent le sol et franchissent donc une distance d'une vingtaine de km , soit beaucoup plus que les 500 m envisagés Où est l'erreur ? Elle est dans la confusion de la durée de vie du muon mesurée "depuis le sol" avec la véritable durée de vie du muon , sa durée de vie "propre" ( qui elle est donnée par la formule de Relativité en multipliant la durée de vie observée, par un facteur lié à la vitesse du muon et qui donne environ 40 fois plus ) : le muon peut donc parcourir avec sa durée de vie propre 500 m x 40 , soit les 20 km nécessaires pour arriver au sol .

( cf Alain Connes p 193 et JM Levy-Leblond p 135-136 ) .

Il est donc impératif de tenir compte des "erreurs de parallaxe" et de ne pas confondre les valeurs "propres" associées à un phénomène , avec les valeurs "relatives" obtenues en étant dans un référentiel extérieur au phénomène ( depuis le sol ) .

 

Ce qui relie ces deux auteurs aussi bien sur cet exemple que sur leur philosophie générale , est leur volonté de se dégager des recettes toutes faites , des jugements préimprimés , des simplifications qui aboutissent à des simplismes , des clichés , et de restituer les phénomènes dans toutes leurs dimensions : le temps , les longueurs ne se "contractent" pas , ni ne se "dilatent" en fonction de la vitesse de translation d'un objet , ses mesures propres sont toujours les mêmes ;  ce sont les mesures faites "de loin" sur cet objet qui peuvent varier en fonction des erreurs de "parallaxe" qui interviennent suite aux déformations dans la transmission des mesures ( JM Levy-Leblond ) : il n'y a pas de "magie" et le temps , les longueurs d'un objet , ne sont pas en "accordéon" , susceptibles de varier quand l' objet se déplace à vitesse uniforme .

Alain Connes adopte la même attitude prudente à l'égard de l'emploi de recettes toutes faites :

" Ce que la logique nous apporte , c'est avant tout une mise en évidence des limites de la méthode axiomatique formalisée , c'est à dire des déductions logiques à l'intérieur d'un système formel . ... cette limitation intrinsèque conduit à séparer ce qui est prouvable dans un système logico-déductif donné , d'avec ce qui est vrai ... et que j'appellerai "la réalité mathématique archaïque" ( ie la réalité première).... Le système formel que l'on utilise n'épuisera jamais la réalité mathématique archaïque ...il est illusoire de croire que l'on peut reconstruire cette réalité mathématique archaïque à partir d'un système déductif .... Ce que j'ai appris de la logique , c'est cette dissociation entre vérité et prouvabilité " ( pages 14-16 ) ...    , comme  "on est habitué à distinguer dans la réalité familière , ..et à ne pas confondre ce qui est prouvable au tribunal avec ce qui est vrai " ( p 39) .

Bien plus :

" Selon le système axiomatique qui nous permet de percevoir la réalité archaïque ( en employant par exemple l'axiome du choix , ou non ) le perception de cette réalité va changer ..... Mais ce n'est pas contradictoire ....La réalité archaïque n'est pas affectée , elle demeure immuable , identique à elle-même " (page 34 ) ......

Ce qui conduit à constater que suivant le système axiomatique considéré ( employant ou non l'axiome du choix dans les domaines non dénombrables , par exemple ) , on aboutit aussi à des distorsions dans la réalité perçue , comme les parallaxes décrites par LM Levy-Leblond dans la réalité physique .

 

On voit finalement entre ces deux chercheurs se dégager une attitude convergente :

Les sciences ne sont pas à pratiquer pour appliquer des recettes immuables et des dogmes imperturbables ! Les réalités perçues sont interprétables comme des vérités relatives , distinctes des réalités premières , et il ne s'agit en aucun cas de vérités "révélées" ( on voit d'ailleurs dans les domaines des "vérités révélées" combien les "systèmes philosophiques" peuvent être contradictoires entre eux ) .

Il s'agit de pratiquer les sciences avec rigueur certes , mais aussi et surtout avec curiosité et ouverture d'esprit , en évitant de s'enfermer dans des à-priori pas toujours testables et souvent contestables , voire détestables ( que l'étymologie est bizarre !) .  phirey@free.fr

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Tibet

A Shabkar

(1781-1851)                                                    «Laissant pour ce qu'il est

                                                                           tout ce qui apparaît ,

                                                                           serein je suis parvenu

Quand les oiseaux du matin                               à la vaste plaine

en envolées et en refrains                                  de l'immensité absolue ''

lancent leur joie au ciel serein

en charivaris cristallins

 

quand du matin les ritournelles

de leurs rondes s'interpellent

et se défont et s'entremêlent

dans la liesse de leurs querelles

 

quand leurs notes immatérielles

s'évanouissent dans le ciel

comme un temps d'étoile vénielle

survit du battement d'une aile

 

quand des fraîcheurs des fleurs sauvages

et des limpidités des sages

l'esprit se hausse à ces présages

d'une ingénuité sans partage                                             Juin 2018

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