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le temps s'oublie qui va


quand le temps frémissant
aux mailles d'un étang
en rires argentins
rutile en son écrin

 

qu'il roule capricieux
aux berges d'un ruisseau
en des milliers de feux
qui tremblent dans les eaux 

           
                                       
quand le temps suspendu
aux éclats facétieux
d'un soleil ingénu
ride la mer de jeux

 

qu'il vacille  brisé
dans les clins des miroirs
irradiés de leurs gloires ,
le temps s'oublie qui erre .

 

le temps s'oublie qui va
danser de mille pas
aux folles harmonies                   
des tourbillons de vie

                                                           phirey@free.fr

 

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De différentes racines indo européennes pour Parler

Citons en préambule Montaigne :

III,8,159 J'aimerais mieux que mon fils apprenne aux tavernes à parler ,

qu'aux écoles de la parlerie Il me semble , de cette implication et

entrelaçure de langage ,.., qu'il en va comme des joueurs de passe-passe

:.. hors ce battelage , ils ne font rien qui ne soit commun et vil . Pour

être plus savants , ils n'en sont pas moins ineptes ... en ceux-là qui se

rapportent de leur entendement à leur mémoire et ne peuvent rien que

par livre , je le hais , si je l'ose dire , un peu plus que la bêtise .

 

II , 12 , 151 Un ancien à qui on reprochait qu'il faisait profession de

philosophie , de laquelle pourtant en son jugement il ne tenait pas

grand compte , répondit que cela , c'était vraiment philosopher .

 

C'est sous ces auspices de Montaigne que nous évoquerons les

différentes racines qui expriment le «parler» en indo européen .

Il y a en effet parler et parler: exprimer des idées , ou faire des

commentaires sur les commentaires sur les commentaires : être direct ,

ce qui en politique s'appelle « parler vrai » (!!) , ou avoir des « discours

en abîme » , et comme dit Montaigne , faire du battelage , c'est à dire

non pas discuter , mais marquer son territoire , occuper le terrain ,

l 'espace , circonscrire sa zone d'influence , au détriment de toute

espèce de pensées ( qui à force d'être négligées , finissent dans l'atrophie

la plus complète … mais ça , on le voit tous les jours en politique ou

ailleurs : quand on n'a plus rien à dire , … c'est là qu'on a le plus à dire )

 

La première racine est celle qui se rapporte à l'étymologie de parler et

de parole . Parler vient du latin « parabolare » , c'est à dire faire des

paraboles … raconter des histoires … et du grec parabolé ( comparaison ,

rapprochement , ressemblance …) .

Le mot a pris son acception actuelle vers le Xème siècle , à partir de ces

ancêtres romains et grecs .

Nous voici déjà en plein dans la dualité évoquée : parler , c'est raconter

des histoires , mais aussi établir des liens , des ressemblances , des

rapprochements … parler , c'est une reconstruction ….plus ou moins

précise …avec parlement , mais aussi palabre ( on a tant palabré que

parabole s'est transformé en palabre!) , pour cette dualité .

 

La deuxième racine qu'on peut évoquer correspond à des mots déjà

employés dans le sens de « parler » par les romains et les grecs :

c'est d'abord verbum (parole) pour les romains , et réthoreia (discours,

rhétorique) pour les grecs . La racine est symbolisée par le terme

V(voyelle)R ,

et a donné dans les langages contemporains : verbe , verbeux ,

verbiage , word en anglais , et le V tombant en grec , ironie ,

rhétorique , rhéteur …( la voyelle peut être e , i , o ) .

 

La parole en grec , c'est aussi logos (λογος) , symbolisable par

L(voyelle)G qui a le sens plus général de choisir ou cueillir ,

et qui a donné logique , dialogue , dialecte , dialectique , intellect ,

intellectuel , intelligence , apologie , éloge , anthologie (racine

grecque) ou florilège (racine romaine) pour dire «recueil de

fleurons » ( antho et flori : fleur ) , mais aussi lecture , lexique ,

élection , collecte , collège , collègue , léguer , reléguer , éligible ,

catalogue , analogue , épilogue , prologue , les préfixe -logie ou

-logue ( anthropologue , écologie , ..) légal , légalité , loi ,

légitime , légiste , déléguer , légende , privilège ,... etc.. et même …

légume (c'est à dire : ce qui se cueille ) , horloge ( qui dit l'heure) ,

et logorrhée ( la parole qui court , comme un canard sans tête...) et

qui est le pendant de verbiage , Il y a toujours ces antinomies dans

la racine , avec un côté le positif ( éloge, apologie , légitime ,

privilège … ) , et un côté négatif (logorrhée , logomachie,...) , puis

entre les deux les concepts neutres , réalistes . ( la voyelle de la

racine peut être e , i , o ) .

 

Une autre racine pour le fait de parler vient des mots comme oral ,

oratoire , oraison , péroraison , pérorer ….On y voit déjà la double

acception , avec la connotation péjorative de pérorer et celle positive

dans le nom de «oratoire» , lieu de prière , qu'on retrouve en grec

avec αρα ( ara , prière) , ou en sanskrit avec aryati (prière)

La racine est alors OR ou AR .

On peut compléter la liste ci-dessus avec :

oracle , orateur , adorer (préfixe ad- , vers) , inexorable ( qui n'est

sensible à aucune prière ) , oratorio …

Si on suit Bailly , Etymonline , et d'une certaine façon de Vaan ,

on peut ajouter tous les mots dérivant de os,oris (bouche) , ce qui

paraît assez logique pour «parler»: soit orée , orifice , anglais

osculate (faire un baiser) , Ostie à l'embouchure du Tibre etc....

( de ostium , porte , entrée , embouchure , dérive aussi les mots

huis , huisserie, et huissier ) .

 

Une cinquième racine est LOK , avec les mots :

loquace , élocution , éloquence , interlocuteur , soliloque ,

ventriloque , interloquer(« couper la parole» ) , allocution , colloque

(lieu où l'on parle ensemble) , etc...

Avec connotation péjorative , on a :

grandiloquence , circonlocution ( qui tourne autour ) , ….

 

Une des racines les plus représentative est celle de « dire» :

soit la racine DEIK ( montrer , signifier) , venant du latin

dico ( dire) ou du grec deiknumi ( δεικνυμι : montrer)

On peut citer un très grand nombre de mots :

dire , prédire , prédicateur , diction , dicter , dictionnaire , inédit ,

éditer , bénédiction , malédiction , édicter , interdit (interdico ,

couper la parole ) , indiquer , abdiquer , vindicatif ( qui dit la

vengeance….)

véridique et verdict ont des significations originelles identiques

( dire vrai ) .

juridique veut dire « dire la justice » ; de là , on a préjudice, et par

contraction « juge » , juger , préjuger , juridiction …

du sens grec de « montrer» , on a :

digitus et doigt , digital , la fleur digitale pour la forme de ses feuilles ,

digitaline (assez toxique...) , paradigme ( cadre conceptuel ) , et

….... syndicat : dikazo (δικαζω veut dire juger ) et syndicat veut dire

en grec : qui juge avec ( soit assistant du juge , avocat , etc …) .

On notera dans les «anomalies» qu'un prédicateur n'est pas sensé faire

des prédictions …...

Dans les connotations négatives , on a : dictateur , dictat , interdire ,

vindicatif , préjuger , malédiction , …

 

Enfin , dans les les racines les plus représentatives de « parler » , notons

celle qui vient du verbe latin «for» (parler , dire ) , symbolisée par

Bha, Bho (parler) , qui donne en grec phoneo ( φονεω parler) :

du latin proviennent enfant (qui ne parle pas ) , fantassin et infanterie

(de l'italien fante : enfant , valet , puis fantassin) , affable , fable , fabulation,

faste, néfaste , faconde  etc....Pour l'espagnol , on a hablar (parler) , qui en français s'est retrouvé en hâbleur !

Du grec , s'en déduisent : aphone (sans voix) , euphonie , cacophonie ,

euphémisme , phonème , phonétique , prophète ( qui parle vers l'avant , le

futur ) , symphonie ( qui sonne avec , harmonieux ) , etc....

Il y a aussi une branche germanique , qui a donné «ban» (dire ,

commandement ) , qui se décline en bannir , bandit (qui contrevient au

ban ) , etc...

 

Il resterait à exprimer plus en détail chaque racine ( mais ici , c'est déjà une

longue présentation ….) , et à présenter une bonne dizaine d'autres racines

( dont celles de exprimer , to speak et speaker ,speakrine , to talk , voix ,

langage , to say , etc ….) … peut-être un prochain article , si cela intéresse …

Notons pour conclure sur le dualisme des racines :

en connotation négative , on a palinodie , palabre , parlote , dictateur ,

cacophonie , bannir , bandit , hâbleur ,  vindicatif , grandiloquence , circonlocution , pérorer , péroraison , verbiage , logorrhée , logomachie , etc...etc...

en connotation positive , on a euphémisme , éloquence , symphonie ,

euphonie , bénédiction , oratorio et oratoire , éloge , apologie , Parlement,

etc...etc....

C'est comme la langue d'Esope : la moins bonne ou la meilleure des choses !

 

 

 

 

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De l'oiseau-lyre

L'élan , l'envol , le cri

ébloui d'un oiseau dans la nuit ,

l'urgence et la nécessité

de frémir et d'aller chanter

 

 

Comme un très long jaillissement

en un instant qui se suspend

avant d'aller en retombant

aux folies irisées des temps

 

 

Comme une cascade se vêt

de ce qui la dévêt sans trêve

avant d'aller caracoler

aux génies des brumes de rêves

 

Comme une pluie sur des carreaux

en perles tresse ses rideaux

qui se balancent dans le vent

en tourbillons de vif-argent

 

 

L'élan , l'envol , le cri

dans une gerbe d'étincelles

de l'oiseau lyre dans le ciel

couronné d'astres  de dentelles             

                                        

                                                    phirey@free.fr

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Des Sophistes ou de la "démocratie du discours"

Le courant sophiste apparaît en Grèce vers -450 avant JC à une époque de
forte prospérité , après les batailles de Marathon et de Salamine ( -490
et -480 aJC) qui ont vu les menaces d'invasions perses définitivement
repoussées .
Cette période de prospérité a été appelée par la suite le "siècle  de
Périclès" bien que ce dernier n'ait effectivement dirigé Athènes que de
-443 à -429 aJC après avoir été élu successivement 15 fois stratège .
Dans le contexte d'effervescence économique , artistique , électorale ,
oratoire ... de cette époque , apparaissent les nécessités de convaincre
les citoyens d'Athènes dans des  débats politiques pour l'accession
aux charges de responsabilité de la Cité .
C'est à ce moment là qu'apparaissent les Sophistes , comme éducateurs
et maîtres de rhétorique guidant leurs élèves sur la voie du succès
dans  ces joutes électorales .
Les sophistes jouent sur deux plans , dans la confusion de deux ordres :
le plan proprement philosophique , éducatif , et celui de l'utilisation
du savoir , des stéréotypes et des recettes toutes faites à des fins
électoralistes ...... ce qui nous rappelle certainement quelque chose
par les temps qui courent ...... on n'a rien inventé ....

 

Sur le plan philosophique , sous la diversité de leurs approches ,
les sophistes utilisent une méthode dialectique qui consiste à mettre
tous leurs savoirs pour défendre et justifier d'une thèse , puis le
lendemain pour défendre et justifier d'une thèse contraire .
Ils en tirent la conclusion que si une thèse et des thèses contraires
ont le même degré d'authenticité , il n'existe aucune vérité en soi ,
qu'il n'existe que des vérités relatives .
Protagoras et Gorgias en furent les représentants les plus connus .
Pour Protagoras , l’homme est la mesure de toutes choses.
Gorgias part de trois principes : le premier est qu’il n’y a rien, le
deuxième, que s’il y a quelque chose, ce quelque chose est
inconnaissable, et le troisième, que même si ce quelque chose est
connaissable, il ne peut être ni divulgué ni communiqué à autrui.
Jusqu'à là , ces positions philosophiques sur la relativité des vérités

sont des propositions parmi d'autres , qui inspire tout un courant

pouvant aller d'Héraclite ( " panta rhei" , tout coule / on ne se baigne
jamais deux fois dans le même fleuve ,...) , à Socrate et au doute
socratique , en passant par Montaigne ( "Quelle vérité que ces
montagnes bornent , qui est mensonge au monde qui se tient au-delà ?"
Les Essais II,12,231) ou Pascal plagiant Montaigne ( Vérité d'un côté
des Pyrénnées , erreur au-delà) , etc.....
Ces conceptions peuvent être débattues à loisir , comme toute autre
conception philosophique .

 

Mais les sophistes ne s'arrêtent pas là : le pas suivant consiste
à estimer que si tout est relatif , la seule "vérité" qui compte est
celle qui est la mieux représentée pour convaincre son auditoire .
Tout le "raisonnement" devient subordonné à la meilleure façon de
"communiquer" pour emporter l'adhésion du public , de l'interlocuteur.
C'est la "logique" du représentant de commerce sans éthique , où seul
compte le résultat , ou celle d'un débat "oratoire" où la beauté du
discours et des réparties sont prioritaires : ai-je fais le plus beau
discours et les plus belles promesses ? oui ? Alors la suite est tout
à fait secondaire .....
(là , on est déjà de plain-pied dans le plain-chant d'une certaine  
liturgie électorale contemporaine .....).
On entre dans ce qu'on peut appeler le "démocratie du discours" , où
la nécessité de fournir des arguments spécieux ou des arguties
électorales l'emporte sur toute autre considération .. pourvu que le
résultat soit là .

 

Le problème étant qu'à force de se bercer de grandiloquence et de
verbe , Athènes a fini par perdre de vue le réel terre-à-terre ,
celui qui est à la "vraie" hauteur du présent , et s'est retrouvée
complètement ruinée dans les années -404 à -400 , à la suite d'une
catastrophique opération militaire menée en Sicile par Alcibiade ,
et la perte de la guerre du Péloponnèse ( la population d'Athènes
n'a pu échapper à la déportation et à l'esclavage que grâce à la
mansuétude  de Sparte -- due en l'honneur des services
rendus par Athènes lors des batailles de Marathon et de Salamine
pour repousser les invasions perses 80 ans plutôt )....

Des dangers des "Démocraties du Discours" où le choix électoral
est seul conditionné par la plus belle rhétorique "communicatoire"
...... , la suite devenant secondaire tant on privilégie l'instant
présent vu comme un présent du ciel ....

 

 

 

 

 

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Des climats et des hommes : Promenades archéologiques en France

Avant l'écriture : les premiers signes culturels en Europe ( Grotte
Chauvet, abri de Cro-Magnon , Grotte Cosquer , roche de Solutré ,
Grotte de Lascaux ) .

 

Bien avant l'écriture ,les hommes préhistoriques ont laissés des signes ,
des gravures et des représentations artistiques qui nous sont  parvenues  
à travers les millénaires , comme des manifestations culturelles et des
témoignages de leurs conditions de vie .
La France est particulièrement riche dans ces vestiges , dont un certain
nombre de sites remarquables par leur ampleur . Le plus ancien de ces sites
remarquables est celui de la grotte Chauvet , découverte en 1994 en Ardèche  
à proximité de Vallon Pont d'arc .
 
La Grotte Chauvet a été fréquentée par des humains pendant une période
entre - 360000 ans et - 30000ans environ : ces humains  appartiennent à la
première vague des homo sapiens installés en Europe , il y a 45 000 ans
environ , pendant une phase de radoucissement relatif de la période
glaciaire dite du Wurm .
En s'y installant , ils ont rencontrés les hommes de Néandertal , avec
lesquels ils se sont partiellement métissés (de 3 à 7% de leur ADN est
néandertalien ), et une faune locale de zone froide : lion des cavernes ,
mamouth , rennes ,chevaux , auroch , bison laineux , rhinocéros laineux ,
ours des cavernes ...
Ils ont chassés certains animaux pour se nourrir , évités les autres par
prudence , et ont dessinés tous ceux-ci sur les parois de  cavernes  avec
une remarquable maîtrise artistique .Ces hommes appartenaient à la période
culturelle dite de l'aurignacien (de Aurignac en Dordogne où les premiers
vestiges de cette période ont été découverts ) .
Les analyses génétiques ont permis de constater que ces "aurignaciens"
ont laissés très peu d'influence dans le patrimoine génétique des européens
actuels , et il est curieux de constater que la culture aurignacienne et
les néandertaliens ont simultanément disparus il y a 28000 à 29000 ans
environ .Les deux évènements sont-ils liés , ou est-ce une simple
coïncidence ? Nul ne le sait .
Toujours est-il que le "marqueur" néandertalien qui était dans le patrimoine
génétique des aurignaciens ( de 3 à 7% de ce patrimoine ) , a très nettement
chuté par la suite pour ne représenter que 2% environ de celui de l'européen
moderne ( ce qui pourrait accréditer l'idée que ces deux populations ont été
simultanément submergées par une nouvelle vague de population beaucoup  
plus importante que les leurs / on attribue à la population aurignacienne
un effectif d'environ 30 000 individus en Europe ).

 

La période culturelle qui a suivi ( celle du gravettien , entre -29000 ans
et -22000 ans ) est connue par deux symboles majeurs :
"l'homme de Cro-Magnon" ( datation de -27500 ans ) , et le site de la grotte
Cosquer (datation de -29000 ans à - 19000 ans, ce qui le fait déborder sur
la période suivante).
Cette période se distingue de la précédente par deux phénomènes importants
qui traduisent une rupture nette avec l'aurignacien :
1) les populations , réparties sur l'ensemble de l'Europe , sont génétiquement
très homogènes , et aussi très différentes de celles de l'aurignacien .
2) Les outillages et les manifestations culturelles se distinguent très
nettement de ce qui se passe à l'aurignacien ( statuettes taillées dans
l'ivoire , notamment , comme la "dame de Brassempouy" retrouvée dans un abri
dans les Landes; lames de silex taillées suivant des procédés très différents ,
très longues et droites ) .
Corrélé avec l'observation que les populations les plus anciennes du gravettien
sont issues de sites plus à l'est de l'Europe ( Bulgarie , Crimée,  il y a
32000 ans ...) , cela incite à penser que les populations de cette période
proviennent de migrations (venant de régions plus froides , et qui auraient été
plus adaptées au refroidissement de climat qui s'est manifesté de -29000 ans
jusqu'à l'optimum du froid de -19000 ans).

 

La période suivante est celle de la Roche de Solutré , ou de la deuxième période
de fréquentation de la grotte Cosquer.
On en est là à l'optimum de froid de la période glaciaire du Wurm , entre
-22000ans et -18000 ans : la calotte glaciaire occupe le nord de la France et
les glaciers alpins descendent jusqu'à l'emplacement de Lyon , on peut passer
à pied en Angleterre puisque la Manche n'existe pas encore et que le niveau des
mers est environ 150 mêtres en dessous du niveau actuel .
Toute trace de population humaine a presque disparu d'Europe , excepté quelques sites en France et en Espagne .
Pour se protéger du froid , les solutréens ont dû faire preuve d'une grande
ingéniosité : ils ont poussés à leur optimum les techniques de tailles et de
lissage des silex pour en développer toute leur efficacité , ont inventé le
propulseur ,  procédé qui augmente la vitesse de jet des armes , et ont mis au
point les premières aiguilles en os de rennes pour coudre des vêtements ,  des
outres dans lesquelles ils pouvaient chauffer l'eau : techniques de survies
indispensables pour supporter des températures proches de celles que connaissent actuellement les Inuits .
La raréfaction des populations n'a pas  encore permis des analyses génétiques
significatives .

 

Puis nous en arrivons à la grotte de Lascaux ( datation vers -18000 ans) , dont
les habitants se distinguent de leurs prédécesseurs par une culture  différente
et par une originalité génétique différente .
Ils correspondent à la période appelée "Magdalénienne" ( de -19000 ans à
-12000 ans ).
Notons que les habitant de Lascaux sont séparés de ceux de la grotte Chauvet par un laps de temps identique à celui qu'il y a  entre eux et nous , à la période
contemporaine ...! Ce qui nous donne la mesure des échelles de temps de la
préhistoire (récente) , sans parler des 300 000 ans précédents pendant lesquels
les néandertaliens ont vécu !
Cependant , malgré cet éloignement considérable dans le temps , les arts des
gravures de Lascaux ou d'Altamira en Espagne du nord et ceux de la grotte Chauvet ne sont pas si différents : même type de représentations d'animaux , même capacité à la stylisation et à la précision , goût de la perspective ...Les analyses génétiques confirment ce rapprochement : les aurignaciens , qui avaient pratiquement disparus pendant le gravettien , laissent une signature génétique perceptible dans le génome des magdaléniens .
Les analyses génétiques font d'ailleurs apparaître deux périodes dans le
magdalénien : une période jusqu'en -14500 ans , au cours de laquelle le
réchauffement climatique a libéré de nouvelles terres , colonisées par les
populations magdaléniennes venues du sud-ouest de l'Europe , et la période
postérieure qui a vu un reflux de cette vague au profit de populations plus
nordiques . C'est au cours de cette deuxième phase que toute trace du patrimoine génétique spécifique aurignacien a définitivement disparu , et que
l'haplogroupe M , qui était la signature de la sortie d'Afrique des homo sapiens
vers l'Europe ( Aurignacien) et vers l'Asie , s'est effacé du patrimoine génétique
de l'européen moderne ( il ne subsiste plus que dans celui de populations
asiatiques ).

 

Ces quatre périodes constituent ce qui est appelé le paléolithique (supérieur) ,
marqué par des phases de changement culturels importants dont les sites
archéologiques évoqués témoignent , et des migrations de populations elles aussi très importantes apportant avec elles leurs nouveaux environnements culturels .
Avec les deux dernières migrations du magdalénien , on en arrive déjà a des
conséquences tangibles pour l'homme contemporain :
1) disparition dans le patrimoine génétique des européens de ce qui caractérisait leur origine africaine (haplogroupe M , apportée par les premiers colons de l'aurignacien , et qui ne subsiste plus actuellement que dans des populations asiatiques .
2) Premières traces dans notre vocabulaire moderne des vocables les plus
anciens (comme Garonne , ou la rivière Aar , qui sont d'origine pré-indo
européenne , avec des termes en onne ou ar qui correspondent aux rivières )
3) Premières ébauches de la répartition actuelle des populations , avec sans
doute déjà l'individualisation de la population basque suite au reflux de la
première phase de migration magdalénienne , dans le sud-ouest de la France

et le nord de l'Espagne .


 
 
 

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