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Mots dérivés d'onomatopées dans les langages indo européens

Il y a eu par le passé de longues discussions pour déterminer
si l'origine des mots avait pour seule base des onomatopées ,

imitant des bruits de l'environnement :

la connaissance plus développée des racines indo européenne

a permis de clore le débat en fixant aux alentours de 5% la part

des mots dérivant de ces onomatopées (pour les langages indo

européens en tout cas).

 

Examinons en quelques-uns :

1) du toc , ou toc-toc ? La famille du verbe toucher .
La famille de mots s'est étoffée à partir du latin tardif toccare
("faire toc" , toucher ) qui a progressivement supplanté le
verbe tango (toucher ,  d'où sont issus tangible , tangent ,
contact , tact ,...) :
sur la base toc , s'en déduisent du "toc" (un mauvais coup) , un
toquard , toquer puis toqué ( un peu frappé) , une toquade , une
tocante , une toccata en musique , ...et le tocsin ( sin pour
signal , venant de coups frappés sur des cloches) .
Sur la base toche ou touche ( le c devenant une fois sur deux
un ch) : toucher , touchant , une touche (4 ou 5 sens en
français) , attouchement , retouche , intouchable , Sainte
Nitouche .. , touche-à-tout , en anglais touch , touching ,
french-touch , ...

 

2)Complètement tapé , celui-là !
Pokorny l'enregistre sous la racine symbolisée par Dhabh(1)
(étonner,frapper) ; on retrouve :
taper , tape , retape , tapoter , tapin , tapé , tape-à-l'oeil
(on retrouve les sens péjoratifs de toc ) , ..
Sur la base germanique et du francique tappo ( bouchon) , on
retrouve tampon (pour boucher ,puis pour marquer) , tamponner
(les lèvres avec une serviette , ou un visa , ..) .
En anglais to dab (tamponner) , en allemand tappen (aller à
tatons) , néerlandais deppen (tamponner) ,...

 

3) Pic et pic
Evoque un coup porté par un objet pointu : (Spiko 999 de Pok)
Sur la base pic , on a : pic, tomber à pic , picoter , picotin,
picaillons ("broutilles") , picador , pique , piquet , piquette
piquer et piquer au sens de voler , espagnol picaro ("piqueur"
, brigand) et picaresque (rien à voir avec picard ..),
pick-pocket , piqure , wood-pecker (pivert) , avoir une pique
avec qq , peak en anglais , pequeno (malingre en espagnol) et
péquin , pecque en français , piccolo en italien  ...
sur la base du changement c en ch , pic est devenu pioche , et
de là piocher , tête de pioche , ...
En latin la pie est "pica" : le disparition du c a donc donné
pie , pivert .

 

4) tête à claques !

Les onomatopées clic ou clac évoquent un "claquement" et
donnent des mots comme :
un clic-clac , des claques et faire la claque , un claquement,
des cliques (d'abord musicales , ensuite cela se gâte ) , un
déclic , du clinquant , un cliquet , cliqueter , ..
De clinquer , on est passé à clincaille ( de la feraille)
puis à ...quincailler , quincaillerie .
Même évolution pour requinquer , à partir de reclinquer
(redonner son clinquant) .
Avec le changement du "c" en "ch" , on obtient :
des clichés , en anglais (uniquement) on fait des clash ..
en allemand  "klatschen" (applaudir) , néerlandais kletsen
(faire splash , des clash ...),...

 

5) c'est barbare ! (mais pas barbant)
Pokorny a symbolisé la racine par Baba (no 91-92) (bruits
confus, charabia) .
On retrouve le sanskrit barbarah (balbutiements) , bababa
( crépitement du feu) , barbaros en grec (d'un étranger ,
langage incompréhensible) et ...barbare en français .
Sur la base Bab , on a encore babil , balbutier , babine
l'italien bambo puis bambino qui a donné bambin , l'anglais
baby ..et seulement au XXème siècle , le mot tout récent
venant de l'anglais ....bébé !( avant , on disait
nourrisson , nouveau-né , ..)

 

6) Le mystère des mots , dévoilé :
Ici , l'onomatopée est Mu (bruit , bruit sourd) , base meuh
des vaches .
On a to moo en anglais (faire meuh) , meugler .
En sanskrit , mukha est la bouche , muka est muet .
En grec , on a muo (avoir la bouche close , se fermer),
mustax (lêvre supérieure , puis moustache) ,musterion
(cérémonie religieuse secrète , genre mystère d'Eleusis)
mulla(lèvre),....en latin muttum (grognement , son) , mutus
("qui ne sait faire que "Mu" , muet) ...
Dans le vocabulaire contemporain , muttum a donné "mot" .
On a aussi motus , et muet , mutisme , mugir , meugler..
Du grec s'en déduisent moustache , mystère , mystique ,
mystifier , ....

 

Le mystère des mots est bien résolu :
on reprendra l'article des onomatopées plus tard .
Notons que ces onomatopées , essentiellement liées à des
sons , ne se sont pas cantonnées dans ce registre , et
comme beaucoup de racines , partant d'un élément de nature
concrète , évoluent vers des degrés d'abstraction plus élevé ,

et vers des sens pouvant aller du péjoratif le plus marqué ,

jusqu'à des termes trés "positifs" : évolution habituelle vers

l'abstraction et vers l'ouverture du registre , pouvant aller

jusqu'à des termes de significations opposées (énianthosémie) ;  
   

                                                                                           phirey@free.fr

 

 

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L'explosion du Santorin et les 10 plaies d'Egypte

L'explosion volcanique du Santorin en Grèce comparée aux  grandes
éruptions des  150 dernières années .

 

Les dernières études sur le Santorin situent l'explosion du
volcan vers -1600 de notre ère , et évaluent l 'expulsion
de matériaux de 80 à 100 kilomètres cubes .
S'il est difficile d'évaluer l'impact que cet évènement a eu
directement sur les zones géographiques environnantes , des
études comparatives avec des éruptions de grandes ampleurs au
XX ème siècle , bien documentées quant-à elles , permettent
de faire un certain nombre d'évaluations sur ce qui s'est
passé à cette époque .

 

la plus grande explosion récente est celle du Pinatubo en 1991
à 100 km de Manille dans les Philippines .
Là , il y a eu une projection de résidus volcaniques d'une
dizaine de kilomètres cubes , doublée d'un Tsunami , et de
projections de cendres et de soufre à 30 km d'altitude , qui
ont fait plusieurs fois le tour de la Terre :
le bilan est d'environ 1000 morts , et d'un refroidissement
global du climat mondial de 0,5 degré pendant environ 2 ans .


    
Le Krakatoa , en 1883 , dans la même région Indonésie -
Philippines , a expulsé une quantité  de matériaux évaluée
entre 10 et 20 kilomètres cubes : le bilan est encore plus
meurtrier , avec environ 40 000 décès .
Le refroidissement mondial du climat a duré environ 5 ans ,
avec une diminution évaluée en moyenne sur ces 5 années

à 0,3 degré .
L'explosion a été entendue jusqu'à l'ile Maurice , à près de
4000 km de distance .

 

La dernière éruption majeure contemporaine est celle du
Tambora (toujours dans la même région , en Indonésie) ,
en 1815 : explosion 4 à 5 fois plus importante que les
précédentes , avec projection de 50  kilomètres cubes de
résidus , tsunami , refroidissement général des
températures :
Les répercussions sur le climat mondial se sont traduites
par "l'été sans soleil" de 1815 en Europe ,  des famines
importantes dans toutes nos régions , une pandémie mondiale
de choléra : estimation de l'ordre de 100 000 décès induits
sur l'ensemble de la planète .

 

Sur ces bases qui sont assez générales pour fournir une trame
d'ensemble sur ce qui se passe dans des explosions de cette
nature , qu'en a t-il bien pu  être des conséquences de
l'explosion du Santorin en mer Egée ?
Le volume de projections lui , est bien estimé de nos jours :
environ 100 kilomètres cubes , 10 fois l'ampleur du Krakatoa,
2 fois celle du Tambora et ses dizaines de milliers de décès.
On imagine sans peine l'ampleur des dégâts provoqués à des
centaines de km  du lieu de l'explosion en mer Egée .
En Crête , à quelques dizaines de km de là , les répercussions
directes et le tsunami  ont portées un coup très sévère à la
civilisation minoénne , en voie de  disparition dans les 50

années qui ont suivi .
Mais en Egypte , guère plus éloignée , vu l'ampleur du
cataclysme , à quelques centaines de km de là ?
Si l'éruption du Tambora a pu provoquer un été sans soleil ,
de grandes épidémies et des famines en Europe à des milliers
de km du site en 1815 , une éruption du double d'importance ,
à quelques centaines de km de distance , a du provoquer pour
le moins des traumatismes comparables , ou nettement plus
forts .
Le problème étant qu'en 1815 , il y avait suffisamment de
chroniqueurs pour décrire ou mesurer la portée des évènements
(dont lord Byron et Marie Shelley , en résidence en Suisse à
cette époque , qui ont longuement décrit les conséquences
terribles de la famine en Valais et Genevois) .
En -1600 avant notre ère , même en Egypte , les commentaires
directs sont inexistants :
Reste la Bible , l'exode de Moïse d'Egypte , situé à la même
époque que cette explosion , et la description des 10 plaies
d' Egypte , assez compatibles avec les conséquences qu'une
pareille explosion a pu avoir .
Rien dans la description des 10 plaies d'Egypte n'est
disproportionné avec ce que l'on sait maintenant sur de
pareilles catastrophes : l'éjection de centaines de milliers
de tonnes de soufre en haute atmosphère occasionne des pluies
acides pendant plusieurs années , le tsunami est largement
allé sur les côtes égyptiennes , on peut estimer le
refroidissement des températures à 1 degré pour le moins
pendant plusieurs années , le manque d'hygiène et d'eau propre
à la consommation peut provoquer de terribles épidémies etc...

 

En regard de ces gigantesques explosions , la minuscule
éruption du volcan islandais dans les années 2010 , qui a
ralenti le trafic aérien pendant plusieurs mois , nous montre
combien nous pouvons , même de nos jours , être fragiles devant
les manifestations de la nature .
Il n'y a pas que la crise des subprimes qui peut atteindre
notre belle sérénité de contemporains .ou que les fiascos des
footballeurs ruinés dans certaines opérations immobilières...

                                                                          phirey@free.fr

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Feu d'artifice , artifice des feux

Grésil d'étincelles , arpèges de frissons
crépitements de soies dans le velours des nuits
bruissements de couleurs , voltes de tourbillons
aubaines d'innocence en des rideaux de pluies

 

Drapés de frondaisons qui ouvrent leurs corolles
aux tournoiements des airs en mille irisations ,
cosmétique des coeurs où des comètes frôlent
la grâce des bonheurs en leurs  divagations      

    
    
Où des houles vibrées dans le soir se projettent
en des voiles d'écumes dans le temps suspendu ,
où plus rien ne se joue où plus rien ne se prête
qu'à cet enchantement au souffle de ses flux

 

Où dans la profondeur de ces nuits éblouies
il n'est plus de raison qu'être en cet abandon
dans la limpidité d'un espace infini
dénué de frontière au coeur des unissons .        

                                                                               phirey@free.fr

 

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Du cheval au chien et au canard en indo européen

Le concept de cheval est représenté dans les langues indo-européennes
par 4 séries principales :

 

1) la racine correspondant à équestre , équitation est symbolisée par
Ekuos (racine 301-302 de Pokorny) :
En grec elle est représentée par hippos , le changement du p grec en q
latin étant fréquente ( par exemple , 5 en grec se dit penté /cf
pentagone / et quinque en latin) :
On rencontre comme série de mots contemporains des mots associés comme
hippodrome (lieu  où courent les chevaux) , hippique , hippopotame
(cheval du fleuve) , hippocampe (cheval sinueux , en courbes),le prénom
Philippe (qui aime les chevaux)...
Le mot latin correspondant est "equus" : on retrouve cette racine dans
une série qui va de équestre , à équidés , équin , équitation .
De "equiferus" (cheval sauvage) abrégé en eciferus , l'espagnol a crée
ezebra en vieux langage , puis cebra , qui s'est transformé en "zèbre"
en français , puis zébrure , ...

 

2) Une deuxième racine est celle que l'on retrouve dans courir , qui
est une des facultés appréciées du cheval (racine symbolisée par Kers):
On la retrouve dans coursier .
La voie germanique de cette série correspond au proto-germanique
hursan (cheval) , qui est devenu Ross en allemand puis rosse en
français avec des variantes comme rossard et Rossinante (cheval de don
Quichotte), et "horse" en anglais , apparenté à "hurry"(se précipiter).
Ces termes associés à cheval ne sont qu'une sous-série de la série
principal , dont nous citerons entre autres exemples :
courir , discourir , concourir et concurrent , courrier , recours ,
parcours , secours et secourir , course , encours et encourir , ..
 

3)une troisième racine correspond aux mots Pferd (cheval en allemand)
et à palefrenier , palefroi en français .
Elle est symbolisée par Reidh (Pok 861)("se déplacer à cheval").
Les premiers mots cités se déduisent du latin paraveredus ( à
découper en para-ve-redus) , qui est un cheval de réserve dans les
postes d'acheminement du courrier : seul "redus" (venant du celte
gaulois reda , charriot à chevaux) se rapporte à la racine Reidh .
On voit que le chemin de paraveredus à palefrenier et Pferd n'est pas
un chemin de tout repos ...
Dans cette série , on retrouve en anglais ride (aller à cheval) ,
Road (chemin pour les chevaux , puis route ), ready (prêt..à aller à
cheval) .

 

4) La quatrième racine n'est pas vraiment clairement identifiée
actuellement en termes indo-européens:
c'est celle qui correspond à cheval , cavalier , chevalier , cavale
chevaucher, cavaleur , cavalcade (autant de "ch" que de "c", selon une
distribution assez habituelle) , etc...
Elle provient du latin cabalus (cheval) , qui a donné cavallo en
italien et espagnol , Kobyla (jument en russe) , cal en roumain ,
cavalry et chivalry en anglais , ...
Dans les langues indo-européennes slaves cheval se dit Kon (polonais ,
bulgare) , Kin (ukrainien) , Kun(tchèque) , Konj( serbe , croate,
slovéne , macédonien , ....) .
Pokorny a proposé de rapprocher ces deux séries sous la racine
symbolisée par K(voyelle)b-n , mais l'indécision domine toujours
actuellement : ce qui est sûr , c'est que chaque "sous"-série est
très bien individualisée , mais la fusion des deux plus incertaine .

 

5) Arrivons en maintenant à "canasson" : il provient selon toute
"invraisemblance" du latin "canis" (chien !) .
Déroulons les variations cette racine symbolisée par Kuon(Pok 632-33) .
En grec chien se dit kunos , et a donné en français notamment :
cynique ( c'est Diogène vivant dans son tonneau qui a été qualifié
de philosophe cynique , puisqu'il vivait comme un chien et qu'il le
revendiquait au mépris des conventions sociales ) , cynisme ,
cynodrome , cynégétique , et cynorhodon( rhodos , rose ou rouge en
grec comme la ville de Rhodes ou les rhododendrons , parce que ces
capsules d'églantier , dont on ne fait plus que des confitures
actuellement , était considérées comme des remèdes contre les
morsures de chiens ) .
En latin le chien est donc canis ( "cave canem" dit la mosaïque ,
"garde chien") . Il se décline en canidé , canin , canine  et
canicule (c'est la constellation du chien qui apparaît vers le 1er
au 10 Août qui est à l'origine du concept de canicule , période
la plus chaude de l'année) .
Avec une initiale en "ch" , on a chenil , chenille (personne
méchante au Moyen age , puis tissu velouté vers 1600 , et chenille
, puis chenille de tank au XXème siècle ) , chienne , chiennerie ,
chenet ( avec tête de chien) , chiendent , écheniller , ....
Avec initiale en "c" , on a encore canaille , cagnard et cagnia
( autres versions de canicule / c'est le cagnard ! ou la cagnia !)
décaniller , cagnotte ( "gamelle" du chien , puis divers
récipients) .
Quant-à canasson , le mot est apparu vers les années 1860 : les
mots les plus récents sont souvent les plus difficiles à circonscrire
Un mot ne surgissant pas du néant doit avoir des ancêtres :
c'est d'abord "cagne"(chienne) , apparue vers 1100-1200 , puis
"cagnard" (paresseux , indolent comme un chien qui doit dormir plus
de 12 h par jour) , apparu vers 1500 , moyen anglais caynard
(paresseux , indolent) vers 1300 , puis plus tardivement "canard"
comme abréviation de cagnard ,pour désigner un mauvais cheval :
il est vraisemblable qu'un "canard boiteux" soit dès lors un
canasson qui boitille , plutôt que le volatil du même nom .

 

6) Et maintenant canard (le volatil) : la racine est symbolisée
par anat(Pok 41-42) .
En sanskrit ,  "ati" (oiseau d'eau) , en grec netta
(canard) , en latin anas(génitif : anatis)/canard , nous donnent
les ancêtres de notre canard ( en allemand Ente / le canard anglais
duck se rapportant à une autre racine ) .
Le "c" en français pose problème : l'ancien français pour canard
était "aine" ou "ane" (comma anas en latin) .
Il est interprété comme l'influence de l'onomatopée "can" , version
cancan , couin couin , imitant le cri du canard , qui aurait fait
dériver l'ancien français "ane" en "cane" et canard .
l'onomatopée "can" se retrouve dans "caner" ( signifiant d'abord
caqueter , jacasser / reculer devant le danger , c'est à dire "faire
le canard"/ puis en "français contemporain": "mourir")

 

Voilà pour le "tri" entre un cheval canasson ,dont l'origine se
rapporte à un canard (ici un chien paresseux) , et un véritable
canard qui a tout aussi mauvaise réputation que le chien paresseux :
il fait des canards (des fausses notes) , il fait le canard (il est
poltron) , il raconte de fausses nouvelles (des canards , des
"cracks") , mais a tout de même des compensations : il écrit dans
un canard , et quand on le trempe dans un café ou un alcool , c'est
un très bon canard ...
 

 

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