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Petits fours et dentelles

 

Petits fours et dentelles
Mirandole et flambeau
Majesté en flanelle
Phoenix des ruisseaux

 
hardiesse ostentatoire
caracolant en lices ,
catéchèse en sautoir
artiste en artifice

 
de bravoure en bravade
serein en sérénade ,
de posture en postiche
à s'époumoner "chiche"

 
rossignol des matins
luminaire à midi
Bouche d'or investi
du plus haut des destins

 
Jongleur étourdissant
de concepts lancés
auguste à la volée
olympien dans l'élan

 
de pavane en parades
Capitan de l'estrade
Cyrano des écoles
ne jurant qu'en bémols


mirage en ses miroirs
tirade en ses tiroirs
gloriette en ses glorioles
carré en ses atolls


dressant des murs des cons
plus haut que des maisons
directeur de conscience
des plus hautes instances


doseur de clair-obscur
à sa juste mesure ,
solaire aux mille feux ,
--quand il faut ombrageux


ardeur jusqu'où se lassent
parfums de marées basses ,
de salé en salasse
jusqu'où mouettes jacassent


Dominicain de paix
Olivier proclamé
Saint Ange Gabriel
à tutoyer le ciel

                                      phirey@free.fr

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Mal nommer un objet , c'est ajouter au malheur de ce monde (Camus , dans "Philosophie de l'expression")

Camus , dans "La philosophie de l'expression" , utilise cette phrase pour
commenter la pensée du philosophe Brice Parain .
Mais Camus lui-même prend-il parti dans cette prise de position qu'il attribue

à Parain ?
Revenons en d'abord à Socrate . Le terme de "philosophie de l'expression"
est d'ailleurs un concept qui qualifie on ne peut mieux l'essence de son
comportement .
Socrate est avant tout quelqu'un qui a entrepris non pas d'entrer dans
les ordres de la "dialectique" , mais dans l'attitude du dialogue :
la "dialectique" est cet art(ifice) du discours qui consiste à multiplier
les frontières , les catégories , les séparatismes , pour les faire
dialoguer ensuite dans d'impossibles propos , comme si en étouffant le
monde sous une multitudes de barrières , on pouvait ensuite le faire
revivre selon ses propres attentes .
Socrate retourne les armes de la dialectique , inventée entre autres par
les sophistes , contre eux-mêmes :
vos discours , leurs dit-ils , qui consiste avant tout à partager le
monde en une multitude de catégories pour pouvoir mieux  faire de la
jonglerie intellectuelle avec celles-ci et prouver ensuite tout ce
que vous voulez , une chose et son contraire en même temps , ces
discours sont vides de sens .
Ce qui a un sens dans l'esprit de Socrate est le dialogue entre les

personnes : partager les points de vue , les commentaires , les
impressions , les idées , ... sans prosélytisme , sans la présomption
de vouloir "marquer son territoire par le langage" .
Socrate est aux antipodes de cette attitude si fréquente qu'elle en
devient le passage presque incontournable , de "marquer son territoire
par le langage" , et ce bien entendu de "marques indélébiles" ....
Comme dit Pascal , "qui veut faire l'ange fait la bête "   

 

Mais "nommer un objet" , c'est déjà le faire entrer dans un moule , le
moule d'un mot , d'un sens préétabli , d'une acception étroite qui ne
désignent pas nécessairement toute l'étendue , toute l'envergure de
"l'objet" : de ce point de vue , bien nommer les objets , dans leurs
essences , étant une opération pour le moins "délicate" , parler avec
des mots est déjà "ajouter au malheur du monde" ...
Le langage dirait Esope est déjà la meilleure  et la pire des choses .
Mais dirait Socrate , si l'on se départit de l'attitude qui consiste à
vouloir "marquer son territoire" , le langage peut être un excellent
moyen de pouvoir partager des idées ... jusqu'à un certain point
toutefois .
Notons d'ailleurs que Socrate , comme Wittgenstein , ne franchit
jamais ce point , et qu'il  reste précurseur de  l'expression de ce
dernier :
"A propos de ce dont on ne peut parler , il vaut mieux le taire" .  
On pourrait résumer l'attitude socratique par :
parler avec des mots pour partager des points de vue , sous deux
"impératifs catégoriques" : ne pas en profiter pour vouloir "marquer
son territoire " ( par des marques "indélébiles" , cela va sans dire) et ne

pas dépasser

un certain point dans le discours , précurseur en cela des termes de
Wittgenstein.

 

Quelle pourrait être la position de Camus dans le propos qu'il a amorcé
dans la phrase en exergue de "Philosophie de l'expression" ?
Poursuivons pour cela ses commentaires sur Parain :
Parain entend "marquer avec des arguments nouveaux un paradoxe aussi
vieux et cruel que l'homme , ... car l'originalité de Parain , pour le
moment du moins , c'est de maintenir le dilemme en suspens . Il affirme
sans doute que si le langage n'a pas de sens , rien ne peut en avoir , et
que tout est possible . Mais ses livres montrent en même temps que les
mots ont justes assez de sens pour nous refuser cette ultime certitude
que tout est néant"
On voit que le commentaire de Camus va nettement plus loin que la phrase:
"mal nommer un objet , c'est ajouter au malheur de ce monde" , et qu'il
ajoute ce commentaire qui nuance le premier propos .
"maintenir le dilemme en suspens ... si le langage n'a pas de sens , rien
ne peut en avoir ...les mots ont juste assez de sens pour nous refuser  
cette ultime certitude que tout est néant" ...
D'ailleurs Camus est dans ces remarques en droite ligne de ce qu'il
affirme dans "Le mythe de Sisyphe"  :
"Je laisse Sisyphe au bas de la montagne ! On retrouve toujours son
fardeau . Mais Sisyphe enseigne la fidélité supérieure qui nie les dieux
et soulève les rochers . Lui aussi juge que tout est bien . Cet univers
désormais sans maître ne lui paraît ni stérile ni futile . Chacun des
grains de cette pierre , chaque éclat minéral de cette montagne pleine
de nuit , à lui seul forme un monde . La lutte elle-même vers les sommets
suffit à remplir un coeur d'homme . Il faut imaginer Sisyphe heureux"

 

"les mots ont juste assez de sens pour nous refuser cette ultime
certitude que tout est néant" ... "Il faut imaginer Sisyphe heureux"
Ainsi pour Camus nous nous heurtons assez rapidement aux limites du
langage et à l'absurde de cette condition humaine qui consiste à parler
avec des mots inappropriés , d'agir en remontant sans cesse un fardeau
au sommet d'une montagne , qui ne cesse toujours de rouler vers le bas
une fois remonté .
Si bien nommer les choses est dès lors un exercice périlleux , on peut
concevoir que "mal les nommer" est un exercice qui ne peut "qu'ajouter
au malheur du monde" , et qu'ainsi on franchit un point de non retour
(comme le suggèrent Socrate et Wittgenstein dans la formulation de ce
dernier : "à propos de ce dont on ne peut parler , il vaut mieux le
taire" ) .  
On pourrait imaginer une conclusion sur le langage exprimée ainsi :
les langues de terre sont comme une langue de mer qui s'avance hésitante
au milieu de vagues déferlantes ,
ou comme Esope :
le langage est la meilleure et la pire des choses ...
La conclusion générale de Socrate serait sans doute exprimée en des
termes un peu plus entraînants que ceux de Camus ("Il faut imaginer
Sisyphe heureux") , lui qui passa son temps dans les rues d'Athènes à
dialoguer avec chacun avec enjouement ... et engouement ...

 

Notons pour évoquer les limites de la phraséologie "dialectique" qu'il
y a plusieurs façon de les dépasser ; entre autres :
observons d'abord que les animaux communiquent en dehors de toute forme
de dialectique , et qu'il y a sans doute des capacités dans l'homme
d'établir ce type de communication , même altérées par les usages ;
avoir recours à un certain bon sens tiré de l'expérience pourrait en être
d'une alternative utile ....
Observons aussi que le théorème de Gödell établit qu'il y a des vérités
inatteignables par un certain nombre de dialectiques ... et que les
vérités démontrables "dialectiquement" sont dans une proportion infime
dans l'ensemble des vérités ...et cela d'autant plus que  la dialectique
sert de support à de purs exercices de "jongleries pseudo intellectuelles"
dont les zélites raffolent ...



"Mal nommer un objet , c'est ajouter au malheur du monde" ......et faire
de la "phraséologie verbologique" , à grand renfort de préceptes
moralisateurs à la DSK ou à l'Olivier D , c'est en bout de ligne ,ramener
l'école , l'économie , le communautarisme et les banlieues ,les pratiques

sociales , etc ... , à ce qu'elles sont aujourd'hui ...
"Le char de l'état navigue sur un volcan" comme dit Mr Prudhomme , et les
Zélites Tartuffières qui ont trouvé leurs niches écologiques dans les
recoins des "Temples" ont finis par y trouver une simple niche , qui leur
retombe sur la tête ... Mal nommer un objet , c'est rajouter au malheur
de ce monde .... nous en savons quelque chose ...       

 


 

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Le long périple des Wisigoths en Europe : traces de leur langage en France

Le royaume des Wisigoths s'est maintenu dans le sud-ouest de la France

des années 400 aux années 500 (capitale Toulouse) , jusqu'à leur défaite à

la bataille de Vouillé en 507 près de Poitiers devant les Francs de Clovis ,

et en Espagne de ces années 400 aux années 700 (capital Tolède , de 531 à

726) jusqu'à leurs défaites , échelonnées de 711 à 726 devant les

troupes sarrazines.

Les Wisigoths s'étaient installés dans ces régions à la suite d'un pacte

d'assistance avec les Romains (leur participation à la bataille des Champs

Catalauniques contre les Huns d'Attila fut essentielle pour assurer la

victoire du général romain Aetius en 451) .

La carte ci-dessous donnent une idée de leur puissance territoriale :

Wisigoth en violet , Goth en bleu ; Vème siècle de notre ère .

 

Bien que présents dans le sud de la France pendant relativement peu de

temps ( un siècle et demi au plus) , le langage des Wisigoths a laissé

quelques traces en provençal (quelques dizaines de mots se sont implantés

dans les populations autochtones) .

 

Un de ces mots est le mot "gaffe" .

En provençal , comme en espagnol et en portugais , le mot "gaf" signifie

crochet , "gafar" / attraper (avec un crochet) , d'où en français le mot

gaffe , perche munie d'un crochet . Cette "perche munie d'un crochet"

permet d'arrimer des objets sur l'eau , comme toute bonne gaffe permet

de le faire .

Les Wisigoths ("Goths de l'ouest") étant des Goths , branche d'une

population d'origine germanique , il faut en revenir aux racines germaniques

associées pour trouver des correspondances :

Gabel (fourchette en allemand) , gaffel (gaffe en néerlandais) , gable (pignon

en anglais) .

La racine indo-européenne associée est alors celle qui est symbolisée par

Ghabh(o)lo / bifurquer/no 409 de Pokorny , et non d'autres racines

candidates comme celle associée au norvégien gabba /ironie,

moquerie , que les Vikings auraient pu éventuellement transmettre .

Von Wartburg suggère dans le FEW que "commettre une gaffe" a la même

origine et que l'expression s'est développée dans le langage des marins .

(en revanche l'expression "faire gaffe" est d'une autre origine : elle

provient du francique wahta/surveiller , de la racine Ueg /vigueur,

attention , 1117-18 ,cf FEW de Von Wartburg) .

 

La présence simultanée de deux branches de langages germaniques en France

(Francique des Francs et Wisigoth) rend la détermination des origines de

certains mots difficiles : "gaffe" en donne l'illustration ci-dessus avec "une

gaffe" d'origine Wisigoth et "faire gaffe " d'origine francique .

En revanche en Espagne , la présence plus longue des Wisigoths (3 siècles

environ) et l'absence des Francs dans cette région , rend les vérifications

plus accessibles . Rapportons ainsi d'autres mots d'origine Wisigoth en

France grâce aux similitudes avec l'espagnol :

Harpe et arpège proviennent d'un proto germanique harpo , dont on n'a pas

trace en francique , et qu'on retrouve en espagnol avec arpa /harpe .

Banc, bancal, banque , banquette , .. , correspondent au gothique bank , sans

trace francique , et qu'on retrouve en espagnol avec banco .

Bourg, faubourg : germanique burgs latinisé en burgus , pas de trace en

francique , espagnol burgo .

Brèche , ébrécher : proto-germanique brekan/briser , alld brechen/briser ,

pas de trace en francique , espagnol brecha .

Guide, guidon , espagnol guiar/guider , gothique widan /diriger, absent en

francique .

Halte , espagnol alto , gothique haldan/arrêt , pas de trace en francique .

Savon , espagnol jabon : germanique saipon/enduit colorant les cheveux en

rouge ( enduit inventé par les celtes) , pas de trace en francique .

 

Beaucoup de noms et de prénoms espagnols sont aussi d'origine wisigoth .

Par exemple :

Alberto / Albert : adal/noble et berht/brillant , illustre

Fernando /Fernand : frithu/paix + nanth/audacieux

Rodriguez/Rodrigue : hrod/glorieux et ric/puissant

 

On a ainsi un bref échantillonnage de ce qui reste de la langue

des Wisigoths en France .

 

Notons aussi qu'il peut y avoir  des mots en français et espagnols

ayant  de grandes similitudes , tout en étant d'origines distinctes :

Blanc est d'origine franque (francique blank) , blanco d'origine wisigoth .

Robe, dérober : d'origine franque (francique raubon/dépouiller) , espagnol

ropa/vêtements , robar/ voler , d'origine wisigoth .

( anglais to rob/voler : alld Räuber/brigand d'origine plus générale

germanique) ( l'évolution sémantique proposée est celle qui va d'abord de

"butin de guerre" , à celle de tuniques , vêtements , pour en arriver enfin

à vêtement féminin) .

 

Finalement , ce grand périple des Wisigoths , assez méconnu de nos

jours , et qui a commencé dans le sud de la Suède  au Ier siècle

de notre ère , s'est achevé vers le VIII ème siècle en Espagne , en

laissant des traces qui sont encore perceptibles dans notre période

contemporaine , notamment dans le vocabulaire .

 

 

 

 

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Nietzsche : "Tu vas chez les femmes ? N'oublies pas le fouet", ou "l'art" de slalomer sur les lignes jaunes .

 

On peut écouter mille émissions sur Nietzsche , on aboutit toujours à la

même constatation : Nietzsche est entouré d'un cordon sanitaire , on ne parle

jamais qu'après avoir soigneusement trié les propos de Nietzsche , on veut

ignorer le côté sombre de Janus .

On croirait entendre les propos de Freud rapportant l'anecdote du

chaudron :

" A a emprunté à B un chaudron de cuivre et après l'avoir rendu , il est mis en

accusation par B parce que le chaudron présente désormais un grand trou qui

le rend inutilisable .

Voici sa défense , dira Freud :

"Premièrement , je n'ai absolument pas emprunté de chaudron à B ;

deuxièmement le chaudron avait déjà un trou lorsque je l'ai reçu de B ;

troisièmement je lui ai rendu le chaudron intact "

Soit pour en revenir à Nietzsche : "N n'a jamais écrit cela ; s'il a écrit cela , c'est

vous qui comprenez mal ; et si on choisit bien ce qu'il a écrit , il n'y a aucune

ambigüité dans ses propos ".

Cette digue sanitaire est assez efficace , car généralement les personnes qui

écoutent ces émissions n'ont pas vraiment lu "dans le texte " les propos de

Nietzsche . Mais donnons quelques extraits de ces propos , un florilège

de ceux-ci :

 

"La quantité de puissance que tu es décide de ton rang (Oeuvres Posthumes

Editions A Kröner , XVI , 858)

(L'homme au fait de son être) "représente une quantité formidable de puissance

et non un supplément de bonheur " (Oeuvres Posthumes , XVI 704)

"Ce dogme , qui affirme qu'il est loisible au fort de devenir faible , loisible à

l'oiseau de proie de devenir agneau ... On s'arroge ainsi le droit de demander

compte à l'oiseau de proie de ce qu'il est oiseau de proie ....comme si la

faiblesse même du faible était un accomplissement libre , quelque chose de

choisi volontairement , un acte méritoire ." (Généalogie de la morale p 65)

 

"La guerre et le courage ont fait plus de grandes choses que l'amour du

prochain " (Ainsi parlait Z , De la guerre et des guerriers)

"Vous devez aimer la paix comme un moyen de guerres nouvelles . Et la

courte paix plus que la longue . Je ne vous conseille pas le travail mais la

lutte . Je ne vous conseille pas la paix , mais la victoire .

(Ainsi parlait Z , De la guerre et des guerriers)

 

"L'homme doit être élevé pour la guerre , et la femme pour le délassement du

guerrier . : tout le reste est folie .

Le guerrier n'aime pas les fruits trop doux , c'est pourquoi il aime la femme ;

une saveur amère reste même à la femme la plus douce ."

(Ainsi parlait Z , des femmes vieilles et jeunes )

 

"J’ai reconnu en Socrate et en Platon des symptômes de décadence, des

instruments de la décomposition grecque, des pseudo-grecs, des antigrecs "

(L’Origine de la tragédie , citée dans "Le cas de Socrate").

"Le moralisme des philosophes grecs depuis Platon est déterminé

pathologiquement" (Le cas de Socrate)

 

Simultanément , on apprend que Socrate est issu "de la populace" (son père

était sculpteur et sa mère accoucheuse !) ,

que c'est un "polichinelle" , qu'il faisait preuve "d'une méchanceté de

rachitique", que "tout en lui est exagéré, bouffon, caricatural" , que Socrate

"était laid ... que "la laideur est assez souvent l’expression d’une évolution

croisée, entravée par le croisement." ( autrement dit , Socrate n'est pas de

race pure ) , etc ... etc ...

(tous ces remarquables propos sont extraits de "Le cas de Socrate")

 

Ce "florilège anthologique" n'est qu'une infime partie de ce que l'on peut lire

chez Nietzsche .... Mais bon , il y a d'un côté la mer grondante de ces

propos insanes , puis la digue sanitaire , et de l'autre côté du cordon , l'eau

plane et scintillante des propos révélés dans la maîtrise éblouissante

du maître .

Mais que nous apprennent ces propos révélés dans la "maîtrise éblouissante

du maître" , de l'autre côté des propos grondants de la mer agitée ?

D'abord , qu'il faut stimuler sa Volonté de Puissance : traduit avec bienveillance,

admettons que cela veuille dire : stimuler sa force vitale intérieure (sa capacité

de vitalité) , développer ses élans créateurs , tendre à plus de liberté d'esprit ,

dégager son libre arbitre de la gangue de nos apprentissages , ......

Ensuite , qu'il faut se défier du "consensus sapientium " , du consensus mou ,

du consensus des dogmes établis , de la pensée unique propre à chaque époque ,

qu'il faut avoir conscience des limites de la raison raisonnante (des consensus

"raisonnables") , .... , qu'il faut savoir dépasser les schémas de son éducation

et avoir plutôt la tête bien faite que bien pleine , ...

Qu'enfin , l'un de ses thèmes favoris étant celui de l'Eternel Retour , cela

conduit à nous dire que si nous devons revivre une infinité de fois la même vie ,

en conséquence nous nous devons d'agir en assumant pleinement dans la

joie la plus absolue , la plus pure , la plus totale , chacun de nos actes ,

sous peine de devoir subir les actions "inappropriées" une infinité de fois ...

 

Mais , à part le thème de l'éternel retour fondée sur des hypothèses

"hypothétiques" et aboutissant à des conclusions "discutables" , .... ,

(et déjà largement repris par Héraclite et les mystiques indoues , sous une

forme ou sous une autre ) , qu'apporte Nietzsche que n' aient déjà dit

Socrate . Lao Tseu , Montaigne ? Et parmi nos contemporains Wittgenstein

Krisnamurti , Bergson ?

Je cherche ... je ne trouve rien ... sinon un méli-mélo de propos empruntés

aux uns et aux autres (souvent en les déformant consciencieusement

pour mieux mettre en valeur son "génie personnel" ) ...

De Socrate , il dit :

"Je tâche de comprendre de quelle idiosyncrasie a pu naître cette équation

socratique : raison = vertu = bonheur : cette équation la plus bizarre

qu’il y ait " , ce qui est une caricature et une déformation la plus totale de

la pensée de Socrate , celui-ci ayant passé son temps à affirmer qu'il ne

savait rien , qu'il n'était prosélyte d'aucune théorie , et que la seule

démarche préconisée était de se mettre en route et d'aller sur son propre

chemin (sur le mode Krishnamurti : "celui qui suit quelqu'un ne suit pas

la vérité"....)

 

En fait , si l'on se fonde sur un principe de base qu'est " nos jugements

nous jugent " , ou ce qui revient un peu au même " nos jugements sont

des projections sur les autres de ce qui nous animent intérieurement " ,

on peut alors admettre que sous les déformations et les caricatures dont

il fait abondamment preuve , il y a chez Nietzsche :

Une défiance sincère à l'égard des dogmes "raisonnables" :

"Il a longtemps que j'ai fait remarquer que les convictions sont peut être

des ennemis plus dangereux pour la vérité que les mensonges "

(Humain , trop humain , aphorisme  483)

"La vérité ne peut plus dès lors habiter que dans les généralités les plus

pâles , les plus délavées , dans les enveloppes vides des mots les plus indéfinis ,

comme dans un château en toile d'araignée"

(Oeuvres posthumes,édition Kröner,XV,458).

Mais tout ceci est déjà abondamment traité par ses prédécesseurs .

Montaigne dira entre autres :

" J'appelle raison cette apparence du discours que chacun forge

en soi ; cette raison , de la condition de laquelle il peut y en avoir cent

contraires autour du même sujet , c'est un instrument de plomb et de cire ,

allongeable ployable et accommodable à tout biais et à toute mesure .

(Les Essais , II , 12 , p 215)

"Quelle vérité que ces montagnes bornent , qui est mensonge au

monde qui se tient au-delà?" (Les Essais , II , 12 , p 231)

 

Il y a encore chez Nietzsche un certains nombres d'obsessions

personnelles comme celles de la dégénérescence , le côté

"polichinelle" ou "bouffon" dont il affuble Socrate ,

"l'impression oppressive" de devoir revivre une infinité fois la même

vie et la nécessité de se comporter de façon "pure" sous peine

de devoir revivre une infinité de fois les actes "impurs" , etc ...

Mais là , il n'y a rien qu'un catalogue d'obsessions "ordinaires"

qui peuvent hanter certaines personnes , sans que l'on songe le

moins du monde à interpréter ces obsessions ordinaires comme

"des créations d'une nouveauté radicale" ...


 

 

 

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