Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

etymologie

Le long périple des Wisigoths en Europe : traces de leur langage en France

Le royaume des Wisigoths s'est maintenu dans le sud-ouest de la France

des années 400 aux années 500 (capitale Toulouse) , jusqu'à leur défaite à

la bataille de Vouillé en 507 près de Poitiers devant les Francs de Clovis ,

et en Espagne de ces années 400 aux années 700 (capital Tolède , de 531 à

726) jusqu'à leurs défaites , échelonnées de 711 à 726 devant les

troupes sarrazines.

Les Wisigoths s'étaient installés dans ces régions à la suite d'un pacte

d'assistance avec les Romains (leur participation à la bataille des Champs

Catalauniques contre les Huns d'Attila fut essentielle pour assurer la

victoire du général romain Aetius en 451) .

La carte ci-dessous donnent une idée de leur puissance territoriale :

Wisigoth en violet , Goth en bleu ; Vème siècle de notre ère .

 

Bien que présents dans le sud de la France pendant relativement peu de

temps ( un siècle et demi au plus) , le langage des Wisigoths a laissé

quelques traces en provençal (quelques dizaines de mots se sont implantés

dans les populations autochtones) .

 

Un de ces mots est le mot "gaffe" .

En provençal , comme en espagnol et en portugais , le mot "gaf" signifie

crochet , "gafar" / attraper (avec un crochet) , d'où en français le mot

gaffe , perche munie d'un crochet . Cette "perche munie d'un crochet"

permet d'arrimer des objets sur l'eau , comme toute bonne gaffe permet

de le faire .

Les Wisigoths ("Goths de l'ouest") étant des Goths , branche d'une

population d'origine germanique , il faut en revenir aux racines germaniques

associées pour trouver des correspondances :

Gabel (fourchette en allemand) , gaffel (gaffe en néerlandais) , gable (pignon

en anglais) .

La racine indo-européenne associée est alors celle qui est symbolisée par

Ghabh(o)lo / bifurquer/no 409 de Pokorny , et non d'autres racines

candidates comme celle associée au norvégien gabba /ironie,

moquerie , que les Vikings auraient pu éventuellement transmettre .

Von Wartburg suggère dans le FEW que "commettre une gaffe" a la même

origine et que l'expression s'est développée dans le langage des marins .

(en revanche l'expression "faire gaffe" est d'une autre origine : elle

provient du francique wahta/surveiller , de la racine Ueg /vigueur,

attention , 1117-18 ,cf FEW de Von Wartburg) .

 

La présence simultanée de deux branches de langages germaniques en France

(Francique des Francs et Wisigoth) rend la détermination des origines de

certains mots difficiles : "gaffe" en donne l'illustration ci-dessus avec "une

gaffe" d'origine Wisigoth et "faire gaffe " d'origine francique .

En revanche en Espagne , la présence plus longue des Wisigoths (3 siècles

environ) et l'absence des Francs dans cette région , rend les vérifications

plus accessibles . Rapportons ainsi d'autres mots d'origine Wisigoth en

France grâce aux similitudes avec l'espagnol :

Harpe et arpège proviennent d'un proto germanique harpo , dont on n'a pas

trace en francique , et qu'on retrouve en espagnol avec arpa /harpe .

Banc, bancal, banque , banquette , .. , correspondent au gothique bank , sans

trace francique , et qu'on retrouve en espagnol avec banco .

Bourg, faubourg : germanique burgs latinisé en burgus , pas de trace en

francique , espagnol burgo .

Brèche , ébrécher : proto-germanique brekan/briser , alld brechen/briser ,

pas de trace en francique , espagnol brecha .

Guide, guidon , espagnol guiar/guider , gothique widan /diriger, absent en

francique .

Halte , espagnol alto , gothique haldan/arrêt , pas de trace en francique .

Savon , espagnol jabon : germanique saipon/enduit colorant les cheveux en

rouge ( enduit inventé par les celtes) , pas de trace en francique .

 

Beaucoup de noms et de prénoms espagnols sont aussi d'origine wisigoth .

Par exemple :

Alberto / Albert : adal/noble et berht/brillant , illustre

Fernando /Fernand : frithu/paix + nanth/audacieux

Rodriguez/Rodrigue : hrod/glorieux et ric/puissant

 

On a ainsi un bref échantillonnage de ce qui reste de la langue

des Wisigoths en France .

 

Notons aussi qu'il peut y avoir  des mots en français et espagnols

ayant  de grandes similitudes , tout en étant d'origines distinctes :

Blanc est d'origine franque (francique blank) , blanco d'origine wisigoth .

Robe, dérober : d'origine franque (francique raubon/dépouiller) , espagnol

ropa/vêtements , robar/ voler , d'origine wisigoth .

( anglais to rob/voler : alld Räuber/brigand d'origine plus générale

germanique) ( l'évolution sémantique proposée est celle qui va d'abord de

"butin de guerre" , à celle de tuniques , vêtements , pour en arriver enfin

à vêtement féminin) .

 

Finalement , ce grand périple des Wisigoths , assez méconnu de nos

jours , et qui a commencé dans le sud de la Suède  au Ier siècle

de notre ère , s'est achevé vers le VIII ème siècle en Espagne , en

laissant des traces qui sont encore perceptibles dans notre période

contemporaine , notamment dans le vocabulaire .

 

 

 

 

Voir les commentaires

D'embrayage en français à gear/gearing en anglais : de la racine de braie et débraillé , à celle de galbe et gabarit

Dialogue , dialogue

 

Les establishments de toutes sortes invitent d'autant plus au dialogue que

deux tendances fondamentales de ce "dialogue" sont mis en avant :

une première tendance qui se renforce est le "dialogue de sourd" ;

on veut bien dialoguer , à condition que ce dialogue soit la porte d'entrée

à "mon" opinion ; tu dis ce que tu veux , mais à la fin , c'est "mon" opinion

qui doit avoir droit de cité , qui doit prédominer .

Une deuxième tendance est la dialogue dit "démocratique" : il est

"démocratique" en ce sens que "la" vérité est établie à la majorité , c'est à

dire au rapport dit "de force" entre les protagonistes . Dès lors , il s'agit de

construire "son" rapport de force , à l'aide de toute stratégie ou tactique

bonnes à prendre , tout est bon , "la fin justifie les moyens" ...

On sait où ce genre de "méthode" peut conduire ...

 

Le problème d'overblog est que cette organisation préconise un "dialogue"

mais que le "dialogue" s'y exerce de façon orienté , contrôlé .

Par l'entremise de ce qui s'apparente au fait du prince , des articles

semblent "disparaître" complètement de toute consultation extérieure ...

Par exemple , 12 articles rédigé en trois mois n'ont semble-t-il été consultés

par qui qu ce soit à par votre serviteur , alors que d'anciens articles "neutres"

le sont régulièrement ... Miracle des tableaux statistiques ...

 

Consultée à 3 reprises depuis plus d'un an , overblog invoque soit un

problème de référencement par Google , soit ne dit rien , soit se récrie

vertueusement et se vêt de candeur ...

 

Le problème est que quelque soit les excuses invoquées , il y a une

responsabilité certaine de l'organisation dans l'exercice du fonctionnement

des sites ...

 

Puisque il ne sert à rien d'écrire des articles qui semblent "déplaire" à quelque

organisme contrôleur , je remplace tous les articles en cours par celui-ci , en

attendant qu'un "miracle" favorise l' exercice d'un énoncé d'opinion

simplement et modestement "indépendant" .

 

 

 

 

Voir les commentaires

De l'ambivalence à l'énantiosémie et au retournement de sens

Le mot "ambivalence" est un mot de création récente : il fut proposé en 1910
par le suisse Eugen Bleuler pour caractériser un état psychique des
schizophrènes , puis repris par Freud .
Sans entrer dans ce genre de considération théorique et psychanalytique ,
nous allons nous conformer à l'usage courant du mot "ambivalent" : c'est à dire
qui a des propriétés , des comportements , des aspects    différents ,
contradictoires ou opposés  .
Un mot énantiosémique est un mot qui a deux sens contradictoires .


Partons d'une constatation simple que toute chose est ambivalente :
un couteau est ambivalent , permettant de rendre des services mais aussi de
tuer ; une voiture est ambivalente , permettant de se déplacer , mais aussi
source de graves accidents ; la vie est ambivalente , car vivre est déjà se
mouvoir , alors  que tout mouvement présente des risques : vouloir ne courir
aucun risque , c'est vivre absolument confiné , c'est à dire ne plus vivre .
Faire du sport est ambivalent , car quelque soit le sport , il y a des risques
(escalade , vélo , rugby , Michel Berger est mort en jouant au tennis , etc ....)
Ne pas faire du sport est ambivalent : on s'ankylose , on risque de dépérir
par manque d'activité , etc .... :
toute chose , toute situation est ambivalente  .


Ceci fait que suivant le tempérament d'une personne ou son humeur du
moment , une chose ou une situation peut être considérée comme bénéfique
ou négative , être appréciée ou rejetée , être bonne ou mauvaise , puis
suivant la coutume et l'accoutumance collective , être fixée dans un sens
particulier dans une région particulière : vérité d'un côté des Pyrénées , erreur
au-delà . Dans notre vocabulaire , "être reconnaissant" est vu comme positif ,
alors qu'à partir de quelque chose de "ressenti" , avoir du "ressentiment"
traduit une évolution dans un sens négatif du "ressenti" .
C'est l'humeur et le tempérament collectif d'une population qui marque ces
connotations dans un sens ou dans un autre .

Un même mot qui a deux sens contradictoires est dit énantiosémique .

 


Cette notion d'ambivalence ainsi exprimée est aussi vieille que des individus
ont pu prendre conscience de leurs situations :
le dieu hindou Shiva est à la fois le dieu de la création  et de la destruction des
mondes , comme le dieu latin Janus à deux têtes est à la fois le dieu des
commencements , des transformations et des passages , et des fins , avec une
tête tournée vers le passé et l'autre vers l'avenir .
De façon générale , un chose et son contraire radical sont toujours assez
intimement liés , comme en psychologie l'amour et la haine , ou dans la vie
courante une bouteille à moitié pleine ou à moitié vide : pour les uns , la
bouteille sera à moitié pleine , pour d'autres , à moitié vide ...
Ainsi suivant les humeurs du moment , se fixent dans le vocabulaire des
tendances qui peuvent être radicalement opposées pour une même racine
ou pour un même mot :
par exemple , "avant" se réfère au passé , en arrière du moment présent ,
 alors que quelqu'un qui se trouve "avant moi"  correspond à une situation
où cette personne est "en avant" par rapport à moi ... dans un cas , c'est en
arriére , dans l'autre , c'est en avant : on dit dans ce cas là que le mot "avant"
représente une "énantiosémie"  , portant deux acceptions , deux sens
opposés , contradictoires .
Sans être énantiosémique , le mot "équivoque" traduit une évolution
contradictoire par rapport à son sens premier  , qui veut dire
"d'une voix égale" , alors que par glissement progressif de sens , il a fini
par prendre la signification "d'une vois double ou triple" ...Comment
 supposer que cette évolution ait-elle pu se produire ? Par exemple en
considérant des mots homonymes , qui se prononcent "d'une même "
voix" , mais qui portent des sens différents et qui par là même jettent un
certain trouble dans leur interprétation ... ils deviennent "équivoques".
le mot "idiot" traduit aussi une évolution énantiosémique :
ce mot provient du mot grec "idiotes" qui signifiait "nature particulière ,
caractère propre , nom propre " : c'est une marque d'authenticité ( le mot
"authentique" voulant d'ailleurs dire au sens premier chez les grecs
"fait par soi-même")  . De là le sens a évolué vers celui d'une personne dans
un état "premier" , donc brute de décoffrage , et par là ensuite vers le sens
de personne vulgaire , non cultivé , benêt et emprunté , donc "idiot"au sens
actuel .  
De même , "sacré" et "sacrer comme un charretier" portent des sens
énantiosémiques , qui étaient déjà en germe dans le mot latin "sacer" qui
en est à l'origine : sacer veut dire à la fois sacré et  maudit , ce qui traduit
l'ambivalence de la perception du divin ; le divin est d'abord craint et
respecté , les décisions du divin peuvent être favorables ou terribles , celui
qui est victime d'une décision du destin est ainsi "maudit" .
De la même façon , on a les deux sens enantiosémiques du verbe "jurer" :
jurer de sa bonne foi est une attitude qui relève du sacré , "jurer comme un
charretier" relève du vulgaire  .  
On peut encore citer comme énantiosémique un grand nombre de terme ,
dont par exemple :
formel ( vague , flou,approximatif) et formel(sûr et certain)
objectif(un but, plus ou moins incertain)  et  objectif(réaliste)
licence(débauche,dérèglement) et licence(justifiant du bon ordre)
éprouvé(qui a subi) et éprouvé(actif, testé , vérifié)
privé(personnel, à soi) et privé(privé de , qu'on n'a pas)
achevé(une oeuvre achevée, parfaite) et achevé(hors service ,hors d'usage)
exploitation (exploitation agricole,productive) et exploitation (être abusé)
remercier (licencier quelqu'un) et remercier (témoigner de reconnaissance)
affecté(touché , ému profondément) et affecté(avec affectation,
superficiellement) ou  encore affecté(consacré à)
fourbir(faire briller) et fourbir(intenter un méfait dans l'ombre)
réplique ( reproduction à l'identique) et réplique ( réponse plus ou moins en
opposition) , etc .. etc ..
en anglais aussi , "with" (avec) et with(sans : to withdraw/se retirer)


Il existe aussi des sens énantiosémiques par rapport à leur signification
première , qui a ainsi été complètement retournée ; par exemple :

équivoque déjà citée ;
banir(initialement faire parti du ban , de la commune ) et actuellement ,
être exclu ( de la commune , de l'association)
plumer (initialement garnir de plumes) et actuellement , enlever les plumes
voler , exploiter
peler (mettre une peau) et actuellement , enlever la peau
capituler ("avoir une tête") et actuellement , perdre la tête
artifice (fait avec art) et actuellement , fait pour tromper

 

Les racines des mots elles-mêmes peuvent exprimer des idées contradictoires
Par exemple :
tâtonner ( aller approximativement) et tatillon ( qui est exagérément précis)
péremptoire ( "formellement formel") et péremption,périmé (passé,inutilisable)
gris et grisant  ; hôte hospitalier et hostile ; passion et passivité ;
brigade ( qui est sensée faire respecter un ordre) et brigand (exactions des
brigades en périodes de troubles)
arbitre et arbitraire ;   agir et agiter ; faire et factice ; content et contentieux ;
confins ("aux confins de l'univers ") et confiner (restreindre) ; prédicateur et
prédiction ; posé et posture voire imposture  ,  phrase et phraséologie ,
etc....etc...

 

Il y a aussi des mots dont le sens a été retourné en points de Godwin("on"
décrète par un souverain décret que le mot a une connotation infamante).
Par exemple , un "souverain" décret décrète que le mot souverainiste est
péjoratif , infamant , ce qui sous tend que son opposé (serf , esclave) est
valorisé très positivement .
Ou encore comme Patrick C. l'a proposé sur une radio il y a peu :
"le bon sens est un concept d'extrême droite"
Là , on voit que les effets de propagande peuvent aussi retourner le sens
des mots ou des concepts pour les charger de connotations péjoratives
et marquer ainsi de superbe points de Godwin ( on pourrait tenter de
relever en une heure d'émission de Patrick C. combien de points de
Godwin il a marqué , et faire ainsi un classement amusant de diverses
émissions de radio ou de télé , ou d'interventions politiques) .

 

on peut achever ce rapide survol des procédés "d'ambivalence" en
donnant quelques exemples d'antiphrases :
cette personne a beaucoup "dégusté"( ie , a beaucoup souffert ) ;
c'est malin ! ( ie , c'est stupide) ;
c'est du propre ! ( ie , c'est une usine à gaz , c'est un mauvais coup)

 

Voir les commentaires

Etymologie : des habits aux habitations

Dialogue , dialogue

 

Les establishments de toutes sortes invitent d'autant plus au dialogue que

deux tendances fondamentales de ce "dialogue" sont mis en avant :

une première tendance qui se renforce est le "dialogue de sourd" ;

on veut bien dialoguer , à condition que ce dialogue soit la porte d'entrée

à "mon" opinion ; tu dis ce que tu veux , mais à la fin , c'est "mon" opinion

qui doit avoir droit de cité , qui doit prédominer .

Une deuxième tendance est la dialogue dit "démocratique" : il est

"démocratique" en ce sens que "la" vérité est établie à la majorité , c'est à

dire au rapport dit "de force" entre les protagonistes . Dés lors , il s'agit de

construire "son" rapport de force , à l'aide de toute stratégie ou tactique

bonnes à prendre , tout est bon , "la fin justifie les moyens" ...

On sait où ce genre de "méthode" peut conduire ...

 

Le problème d'overblog est que cette organisation préconise un "dialogue"

mais que le "dialogue" s'y exerce de façon orienté , contrôlé .

Par l'entremise de ce qui s'apparente au fait du prince , des articles semblent

"disparaître" complètement de toute consultation extérieure ...

Par exemple , 12 articles rédigé en trois mois par mes soins sur ce site

n'ont semble-t-il été consultés par qui qu ce soit à par votre serviteur ,

alors que d'anciens articles "neutres"le sont régulièrement ...

Miracle des tableaux statistiques ...

 

Consultée à 3 reprises depuis plus d'un an , la direction d'overblog

invoque soit un problème de référencement par Google , soit ne dit

rien , soit se récrie vertueusement et se vêt de probité candide ...

 

Le problème est que quelque soit les excuses invoquées , il y a une

responsabilité certaine de l'organisation dans l'exercice du fonctionnement

des sites ...

 

Puisque il ne sert à rien d'écrire des articles qui semblent "déplaire" à quelque

organisme contrôleur , je remplace tous les articles en cours par celui-ci , en

attendant qu'un "miracle" favorise la possibilité de pouvoir

énoncer des

opinions simplement et modestement "indépendantes" .

 

 

Voir les commentaires

La justice et le vol en indo-européen

 

 L'idée de justice est essentiellement représentée par 2 racines

indo-européennes .


a) une racine est celle du grec diké/justice,droit, règle , coutume
(racine symbolisée par deik , no 188-89 de Pokorny , exprimant
l'idée de "montrer") .
Par cette voie grec nous sont parvenus : paradigme ("qui montre ce
qui est autour" , soit un modèle ) et syndicat (grec sundikeo :
défendre un plaignant en justice , sundikos : défenseur en justice) ,

syndiquer , syndical , etc ..
Par la voie latine de cette racine , nous sont parvenus un très
grand nombre de mots , dont :
dire(latin dico,même sens), dicton,dicter,édicter,édit,édition,
interdire,médire,indiquer,index,prédiction,prédication,abdiquer,
revendiquer,vendetta,vindicatif,etc...etc.. : ainsi "dire" a la vocation

première de montrer .
Les 3  derniers mots indiqués croisent deux racines : la deuxième

est celle de dico/dire , la première en celle de "ven","vin" qui

correspond à "vénal","la valeur vénale" , soit pour ces mots "dire

la valeur vénale (du préjudice)" , et  par suite  aussi "vengeance" ,
"vindicte " .
Le mot "verdict" croise aussi deux racines , dont la première est
celle de "ver" qu'on retrouve dans "vérité" : un verdict est donc
"ce qui dit la vérité" ; dans cette série on a aussi véridique ,
doublon étymologique de verdict .
Quant à la voie germanique (proto-germanique taikijan/montrer) ,
elle ne donne rien en français ; en anglais to teach("dire",
enseigner) et en allemand zeigen/montrer , zeihen/accuser ,...

 

b) La deuxième racine est celle qui est représentée par le mot
latin jus,juris(le droit)(racine symbolisée par Ieuos , no 512
de Pokorny , exprimant l'idée du droit, de la justice) .
On trouve comme descendants en français des mots comme :
juste (parfois "trop juste"!), justesse,justice , ajuster ,
justifier , jurer ,parjurer , injure , juré , jury , juriste ,
abjurer, conjurer , conjuration , etc ...

 
c) On trouve enfin une combinaison des deux racines dans des mots
comme judex ( ju-dex , un juge , "qui indique le droit") ,
praejudicium (prae-ju-dicium ,  jugement préalable , préjudice) , et
en français des mots comme juge , juger , jugement , préjugé ,
préjudice , juri-dique , juri-diction , ju-diciaire , ju-dicieux ,
adjuger , etc ...

 

2) En ce qui concerne les familles de mots se rapportant à voler ,
dérober , commettre un larcin , etc ... , l'imagination du langage
est beaucoup plus féconde et on peut compter plus d'une dizaine de
racines qui s'y rapportent . Enumérons en quelques unes :

 

a) le verbe "chiper" : le CNRS(CNRTL) suggère une origine à partir
de l'ancien français chipe (chiffon) et de chiffe (chose de peu de
valeur) , emprunté à l'anglais to chip (couper,réduire en éclats) ,
que Etymonline rattache au vieil anglais cipp (éclat de bois,
de pierre , ...), au néerlandais kip (éclat de bois) , au vieux
norois keppr(baton) , etc ...
La racine indo-européenne en est Keipo ( no 543 de Pokorny) qui
exprime l'idée de couper , réduire en éclats .
On y retrouve le sanskrit sepa (queue) , le vieux norois déjà cité
keppr (baton) , le latin cippus (pieu, borne d'un champ,colonne
funéraire) . En français et franglais , on a comme descendance :
chiper , chips , fish and chips , chipie (qui dérobe qq chose de
peu de valeur , peut-être avec la terminaison de "pie"/voleuse),
chiffon , chiffonnade , chiffe molle , etc ..

 

b) Pour "voler" , l'étymologie rassemble les deux acceptions dans
une seule racine , la deuxième étant empruntée au langage de la
fauconnerie (où le faucon va "chiper" dans son vol une proie) .
Dans son "dictionnaire étymologique latin" contemporain , de Vaan
suggère une racine G^uel (lever les bras , lancer )(Pokorny no
471-72, lancer) . On relève dans cette racine :
le sanskrit balbalite(tourbillon) , les grecs ballo(jeter,lancer) ,
aboulia("qui baisse les bras",indécision) , parabole ("faire une
comparaison"),diabolos("qui lance à travers",qui désunit,jette le
trouble) , problema ( "qq chose jetée en avant" , problème) etc ..,  
le latin volare (voler dans les deux sens) , etc ...
En français s'en déduisent des mots comme :
vol , voler , envol , voleter , volley-ball , volet et trié sur le
volet (moyen âge : planche à trier les graines) ,volée (de bois
vert!) , voler (dérober) , voleur , ancien français volerie (chanson
de Mandrin) etc ..
parabole et parole par réduction de parabole (le propre de la "parole"
est de "faire des comparaisons") , parler , hyperbole , diabolique et
diable , devil en anglais , problème , symbole ("qui jette ensemble")  
aboulie ( "bras ballants" , sans volonté) , etc ...
bolide (grec bolis/dé à jouer , latin bolis/météorite) , embolie ,
métabolisme , baliste , arbalète , etc ...

 

c) Les mots comme  dérober ou to rob (voler en anglais) , corrompre
usurper correspondent à une racine symbolisée par Reu (Pokorny
no 868-71) , et qui exprime une notion de rupture , de cassure
incluant y compris la notion de "faire un casse" .
Cette racine s'exprime en français par deux voies :
la voie francique des francs et la voie germanique occidentale
avec la sous-racine rauba (pillage) et le vieux français rober
(vol , pillage) , passé ensuite en anglais avec to rob (voler),
et en français contemporain avec robe et dérober , à la dérobée
(initialement "robe" était le butin vestimentaire pris à l'ennemi)
dérobade , etc ...
On peut encore citer en anglais to rip (déchirer , fendre) , en
néerlandais et flamand rippen/gratter , et de cette voie les
français riper ( effacer , faire glisser),ripe (terrain en friche)
ripaille(initialement soldat qui vont chercher de la nourriture
chez l'habitant) .

 

La deuxième voie est la voie latine s'exprimant par les termes
rumpo (rompre) , rupes/rocher , usu-rpo/predre pour usage , ruo
(se précipiter , s'écrouler) , etc ... ,qu'on retrouvent ensuite
en français avec :
rompre , corrompre , rupture , corruption , usurpation (qui n'a
pas ce sens en latin , étant composé de usu-rpo/prendre pour usage)
irruption , éruption , abrupt , etc ...
Il y a aussi banqueroute et son alter-ego en anglais bankrupty qui
fait mieux ressortir la racine de rumpo , puis ruine , ruée , ruade
du latin ruo , ronce du latin runco (arracher les mauvaises herbes),
rupestre , rupicole (latin rupes/rocher) , etc ..

 

d) Cambrioler vient de camera(chambre) et de la racine Kam (courber,
vouter /racine no 524-25) : en sanskrit kmarati ( courbé) , en grec
kamara (voute , pièce voutée) , latin camera (pièce voutée , chambre)
De cette racine correspondent en français :
chambre , chambrée , chambrer , chambranle , chambellan , etc .. ou
en conservant la prononciation avec "c" : camera(pour chambre de
l'appareil) , camarade (compagnon de chambrée) , cambrioler , ...
Le dictionnaire du CNRS(CNRTL) donne cambrioler pour une création
récente (fin du XIXème , vers 1890) : "dévaliser une chambre" .
Cambrioler est donc un peu plus que "chambrer" quelqu'un : il y a des
étapes dans la dégradation des usages , entre moquerie et se moquer
de quelqu'un , entre "turlupin" et "turlupiner"!..
Par la branche du picard nous vient cabaret (ancien picard camberete,
"chambrette") .

 

e) Détrousser ,retrousser , trousser ... , un compliment bien
troussé est un compliment bien tourné ,...

Ces mots viennent d'une racine commune symbolisée par Terk^u

(racine no 1077 de Pokorny) .

Dans cette filière  on retrouve encore :
tort , retort , torsion , distorsion , rétorsion , contorsion ,
tordre , torture , tortionnaire , extorquer , tortillé , entortiller  
tourment , tourmenter ...
Cette racine est essentiellement représentée en latin par torqueo ,
paticipe tortus (tourner , tordre) .

 

f) Bandit , contrebandier , bannir , forban sont des mots issus de
la racine B^ha (parler , exprimer , no 105-06 Pok) par la voie
germanique et le francique .
Le sanskrit pour cette racine a "bhanati" (parler) , le latin a
for,fari , participe fatus (parler) , avec évolution du bh
sanskrit en "f" latin . S'en déduisent pour le français quelques
dizaines de mots non évoqués ci-dessus (on a donné la priorité aux
mots liés au vol) .
Le proto-germanique a une sous-racine bannan(parler en public ,
commander , interdire) , avec en francique :
bandjan(faire signe), puis  bande , banderole , bandoulière ,
bannière , banderille ...pour les mots déduits en français ;
On a  encore en francique ban(proclamation , commandement , centre
de commandement) et bannjan (exiler,bannir) :
pour les mots en français : ban , afficher les bans , fermer le
ban , puis banlieue (à une lieu du "ban" , du centre administratif)
banal(coutumier, respectant les prescriptions) , bannir ( exclure
du ban) , forban ("hors du ban" , "hors la loi") , bandit ("hors
du ban" , "hors la loi") , contrebandier (qui va à l'encontre du
ban , de la loi) , abandonner ( qui quitte le ban) , débandade
(rupture du ban) , aubaine ( de aliban , "d'un autre ban", avec

alius/autre en latin) , ...

 

g) pour achever ce tour partiel d'horizon de la "richesse"
imaginative des termes liés au vol , citons :
"brigade" (du vieil italien briga/troupe) qui a évolué devant les
exactions commises par certaines bandes de mercenaires en "brigand",
que le centre de recherche linguistique d'Austin rangent sous la
racine G^uer (lourd,grave excessif)(no 476-77 Pokorny) en compagnie
de "briguer" .


Une évolution se produit de la même façon pour "larron" et "larcin":
ils sont issus du grec "latron" (salaire,solde) puis du
latin "latro" (mercenaire , qui a une "solde") , pour évoluer vers
un sens péjoratif avec larron ; pour larcin , il faut d'abord passer
par "latrocinium" (sevice militaire , puis actes de brigandages
provoqués par ces troupes militaires) (racine no 665 Le(i),
possession , richesse) .


Remarquons une évolution comparable avec solde , soldat , puis
"soldatesque"  quelque peu péjoratif .

 

 

Voir les commentaires

Ne pas confondre péripatéticien et péripatéticienne (Etymologie)

 

Dans cette même série  d'appréciations , on peut aussi dire :

ne pas confondre :
hablar(espagnol : "parler") et hâbleur
ergo (latin ;"donc" ; cf cogito ergo sum) , ergoteur et ergots
parole et palabre
oraison et péroraison
raisonner et ratiociner ; user et abuser

Comme quoi .. "l'excès en tout est un défaut" , puisqu' avec de mêmes
racines indo-européennes , on peut passer d'un sens "neutre" à un sens
fortement chargé de dépréciations  .

 

1) Dans l'exemple du titre , le sens de l'un à l'autre n'est pas
dépréciatif , mais témoigne d'une évolution extrèmement divergente
des termes .
Le terme "péripatéticien" vient du grec "peripateo" qui signifiait
aller de ci de là , déambuler , se promener ; il se rapportait aux
disciples d'Aristote qui avaient l'habitude de deviser en se
promenant . L'énergie mise ainsi en mouvement par la marche
stimulait leurs facultés de penser , et cette pratique est d'ailleurs
assez courante et donne d'autres illustres exemples avec

notamment Einstein et Godël qui avaient l'habitude de tels exercices .
Le terme "péripatéticienne" se réfère quant-à lui à une même pratique
de déambulation , mais qui ne s'exerce pas avec la même finalité ..

 

2) Le ratiocineur et l'ergoteur
Dans les écoles de la scolastique au Moyen-âge , on parlait latin ,
Aristote trônait en maître , et on usait et abusait de : donc ..donc..
donc.. soit ergo..ergo..ergo..
Cette pratique finit par lasser , et ses détracteurs qualifièrent ses
disciples "d'ergoteurs" ... la similitude avec une expression comme
"se dresser sur ses ergots" n'est qu'une coïncidence , mais l'image
est  néanmoins très suggestive ..A force de se gonfler d'importance
et de bomber le torse , on finit par prêter à sourire ( cf la
citation : "je traverse la rue et je trouve du travail") , qui n'est pas

une "rafarinade" .
Il en est de même pour l'usage immodéré de certains termes , qui
vaut à ses auteurs le qualificatif de "ratiocineur" , de "scientiste"
voire de "caniche des américains"(Tony Blair en son temps , pour être
plus "roi que le roi"), de "péroreurs" et non pas d'orateurs , etc...
A ce propos , on a fait à Descartes une réputation qu'on croit
flatteuse , mais qui est cependant très éloignée de la réalité :
en particulier , la formule tant rabâchée "Cogito , ergo sum " , n'est
pas de Descartes mais de ses zélateurs (Surveillez mes amis , je me
charge de mes ennemis , dit Voltaire et d'autres avant lui..) . Dans
la traduction latine du "Discours de la méthode" , Descartes se
contente de valider la formule "ego cogito , ego sum"
Cette distinction n'est pas anodine , et Descartes qui est disciple
d'un doute radical , ne peut pas en même temps remettre en cause des
opinions établies sur des traditions et ériger la "Raison" en
tradition de substitution ..
Par suite , Descartes évite l'excès des donc , qui font un peu
Ding Donc dans les discours des zélateurs ...
Donnons cette dernière citation de Descartes , qui indique toute sa
prudence dans l'utilisation de la raison par les "ratiocineurs" :
"prenons par exemple un triangle , chose apparemment très simple et
que nous pouvons apparemment égaler très facilement ; nous sommes
néanmoins incapable de l'égaler .
En effet , à supposer même que nous en démontrions tous les attributs
que nous pouvons concevoir , il viendra peut-être dans mille ans un
mathématicien qui y découvrira davantage de propriétés, si bien que
nous ne sommes jamais certains d'avoir compris tout ce qu'il était
possible de comprendre en cette chose .
Et l'on peut faire la même remarque à propos de toutes les autres
choses " (Entretien avec Burman , texte 8 , Puf ) .

 

3) Venant de l'espagnol , nous avons les termes "palabre"(espagnol
palabra pour parole) , hâbleur (espagnol hablar , parler) , et
fanfaron (espagnol fanfarron , de même sens ) .

 

"parole" est la contraction de "parabole" , du grec "paraballo"
(construit avec le suffixe para et la racine de ballo/je lance ,
pour dire quelque chose comme "lancer une discussion").
on retrouve cette même racine dans des termes comme discobole
(lanceur de disques) , diable ( contraction de dia-ballo , qui
"lance de travers") , baliste ,balistique , symbole ( préfixe
syn , avec) , etc...palabre est l'inflexion dépréciative allouée
à ceux qui abusent de discussion "un peu" creuses ...

 

Hablar , et hâbleur qui s'y rapporte , se réfère à une racine qui
signifie "parler" , qui en latin s'énonçait par le verbe for
(je parle , supin fatum)  et en grec par φημι/je parle . Cette
racine , que l'on peut symboliser par F(voyelle) (Pokorny bha
no 105-106) , s'exprime en français dans des mots comme :
enfant (ou espagnol infant(e)) : "qui ne parle pas"
infanterie ( réservée dans les premiers temps à de jeunes personnes)
fable , fabulateur , ineffable ( "indicible") ,faconde , affable (à
qui on peut parler)  ;

de "fama"/renommée : remède de bonnefemme , de "bonne renommée" ,

par abus orthographique , puis infâme (de mauvaise renommée) , etc ...
du supin et participe du verbe latin nous viennent :
fatal ( de la parole divine) , fatidique , mauvais(latin malifatius)
De la racine grecque nous viennent notamment :
euphémisme(préfixe eu/bon) , blasphème (préfixe blas à caractère
sans doute dépréciatif , d'étymologie mal connue) , prophète ( qui
envoie la parole "devant") , aphasie ("sans parole") , etc ...

 

Quant-à fanfaron , ce mot vient de l'espagnol et ne semble pas avoir
de correspondance indo-européenne : delà , on peut probablement
déduire une racine arabe , la plupart des mots non indo-européens
venant de l'espagnol ayant cette particularité ; la racine proposée
serait l'arabe "farfar"/bavardage .  

 

4) Laïus , rodomontade , matamore ... et beaucoup d'autre ...
Laïus ...est le père "légendaire" d'Oedipe ! Au premier concours de
Polytechnique en 1804 , on proposa aux candidats un sujet  sur le
discours prononcé par Laïus à Oedipe : de cette date de 1804 , le

mot est entré dans le vocabulaire ( depuis , on a abondamment
usé et abusé de ce terme dans de nombreux discours "discursifs" ,
pour parler pour ne rien dire , ou tout du moins pour marquer son
territoire par la parole ...) .

 

Matamore est le nom espagnol d'un vantard qui en toutes circonstances
se proposait de rapporter ses "exploits" de tueur de Maures (matar en
espagnol veut dire tuer , on retrouve cette racine dans matador ) .

 

Enfin Rodomont était un roi d'Alger , personnage du Roland amoureux,
puis du Roland furieux de l'Arioste , fier , courageux et fort
insolent ... d'où des rodomontades , comme en son temps on a parlé
de "rafarinades" .

 

5) La "Verbologie" à l'anglaise
Les anglais ont toutes une série de termes pour évoquer les dérapages
"verbologiques" et qui sont pour une bonne part passés dans notre
quotidien : "bullshit" , "crack" , bluff ( ce terme vient de
néerlandais bluffen/se vanter;fanfaronner , et évoquait d'abord dans
la langue de Shakespeare l'assurance avec laquelle on pouvait faire
des annonces bidon au poker pour effaroucher l'adversaire) .
Mais la liste est bien loin d'être exhaustive ... et en français
aussi...


En voici d'ailleurs une petite liste empruntée au dictionnaire des

synonymes de "Sensagent" du Parisien :
hâbleur avaleur, baratineur, beau parleur, bellâtre, blagueur, bluffeur,
bonisseur,  bravache, brodeur, capitan, casseur, charlatan, conteur,
crâneur, craqueur, esbroufeur, exagérateur, fabulateur, faiseur, falstaff,
fanfaron, faraud, farceur, fendant, fendeur, fier-à-bras, fracasse, frondeur,
galéjeur, gascon, imposteur, mâchefer, malin, marius , masseur, massier,  
matamore, menteur, méridional, moqueur, mythomane, narquois , olibrius,
pourfendeur, rodomont, tranche-montagne, vantard, vanteur, vendeur
d'orviétan , péroreur ergoteur, harangueur, laïusseur, palabreur, pontifieur...
etc...etc...
très loin de l'exhaustivité ....

Phirey@free.fr
 

Voir les commentaires

faire et agir en indo-européen

Ces concepts s'expriment suivant différentes nuances dans les langages
indo-européens ; nous retiendrons ici essentiellement les étymologies
préconisées par Pokorny , en ne retenant qu'une dizaine de racines
principales , avec leurs applications en français (ou en anglais) .

 

1) la première racine , la plus cachée , est celle qui correspond au
français "authentique" : c'est une racine -ent , ici précédée du
préfixe grec auto-(par soi-même) , qui confère au mot authentique
le sens primitif de "réalisé par soi-même" .
La racine générale peut être notée (s)ent (no 906 de Pokorny) et signifie
faire , réaliser ( cf sanskrit sanoti/réaliser,gagner) .
L'authenticité correspond donc au sens primitif à ce qui est réalisé
de sa propre action , ce qui est fait en quelque sorte à la sueur de
son front .

 

2) Des faits et des fictions : le verbe faire
"Faire" lui-même vient du latin facio/faire (participe factus) dont
une forme simplifiée est "fio"  . La racine correspondante est notée
Dhe ( no 235-239 ) et exprime une notion générale de "faire , poser":
En latin le dh s'exprimant souvent par "f" , les verbes facio et fio
(faire) donnent naissance à des mots très divers .
Traduisant des connotations neutres ou positives , on a par exemple :
faire , des faits , facile , effectif , efficace , façon ,  parfait
et perfection , réfection , magnificence , facteur , facture ,
manufacture , édifice ( lieu où l'on fait un foyer) , bénéfice (relatif
à ce qui fait du bien) , satisfaction (faire assez) , amplifier (faire
plus ample) , pétrifier , ramifier , rectifier (faire droit) , etc ...
ou des mots traduisant des connotations négatives comme :
fiction et fictif , défaite , faction , factieux , artifice , maléfice
( fait du mal) , infecter et infecte , forfait , etc ...
en grec , le dh s'exprimant par la lettre "théta" , on a des mots
comme "thema"(ce que l'on pose) ,thésis(action de poser) , théké
(lieu où l'on pose) , dont se déduisent en français des mots comme
thème , thématique , anathème ; thèse , antithèse , synthèse ,
parenthèse , prothèse , hypothèse ; biblio-thèque (lieu où l'on pose
des livres) , hypothèque ( qui est placé "sous" le contrôle des
règlements) , apothèque (en grec : magasin , "relatif à ce que l'on
dépose") et apothicaire , ...
Dans les langues germaniques , le dh se transforme souvent en un "d"
ou un "th" et donne to do (faire) en anglais , et t(h)un (faire) en
allemand .

 

3) Les autres termes correspondant à "faire" en anglais ou en
allemand sont make , et machen : ils proviennent d'une racine notée
Mak ou Mag( no 696-697) qui veut dire "faire en pétrissant" :
en français s'en déduisent par l'intermédiaire du francique (langue
des Francs) : maçon , maçonner , puis par le picard maquier (faire) :
maquiller (sens négatif) , maquillage , maquignon (sens plutôt
négatif) .
En grec , la racine s'exprimer par "massein" (pétrir , masser) et a
donné : masser , masseur , masse , amasser , ramasser, massif , magma
...
Par le latin , on a macero , qui a donné en français : macérer ,
macération .

 

4) Faire en sanskrit : le karma et le mot "sanskrit"
Ici , il y a une racine commune aux deux termes , notée "Kr" (Pokorny
no 641-642) , exprimant l'idée de faire , d'accomplir .
Sanskrit veut dire étymologiquement " fait parfaitement" ( la racine
"sans" exprimant l'idée de perfection) .
Le mot karma est relatif à la somme des actions qu'un individu a pu
réaliser dans sa vie ( et porte en lui les conséquences que cela peut
voir sur ses vies futures ) .

 

5) Faire en grec ancien : 4 racines essentiellement
La première racine est celle du verbe drao , d'où découlent :
drastique ( qui agit efficacement , puis par extension qui agit de façon
stricte , contraignante) et "drame" , dramatique , mélo-drame , etc..
( drama en grec correspond à une action jouée sur scène) ( racine no 212
de Pokorny , notée Dra) .
Une deuxième racine est celle du verbe poieuo , d'où découlent :
poème ("fait de façon imaginative") , poésie , ... et onomatopée (de
onoma + poieuo , faire ou créer des noms) , pharmacopée ( étymologiquement
"faire des médicaments") ( racine no 637-38)
La troisième racine est celle du terme "praxis"(action , pratique) et du
verbe prasso (faire,pratiquer) , d'où découlent :
pratique , pratiquer , pragmatique , chiropraxie ("agir par les mains")
etc...(racine notée Per , no 810-816)
La quatrième racine est celle du verbe ergo (travailler) , d'où découlent
ergonomie , organiser et organe , organisateur ... , urgence et le
suffixe -urgie (métalurgie , chirurgie/fait avec les mains , sidérurgie
/travail du fer , etc ...) , démiurge , et léthargie ( léthé est le
sommeil en grec , soit "fait de façon somnolente") . La racine est notée
Uerg(no 1168-69) , d'où provient aussi to work en anglais (travailler)  

 

6) agir en latin :
Cette racine est celle du verbe ago , participe actus (conduire , agir),
notée Ag , no 4-6 ; elle conduit à une racine dérivée qui s'exprime en
latin par ager (le champ) et éclaire sur la signification primitive de
ago : ce verbe a d'abord voulu dire que agir , c'est "conduire au champ"
( un troupeau) et témoigne de l'importance du monde agricole à ces
époques . De cette racine découlent ensuite au fur et à mesure de
l'évolution des activités humaines :
avec une signification positive ou neutre : agir ,agissement , acte  
actif  action  acteur, actuel ,entracte ; agile ;
agence , agent , agenda , agencer , agencement ;
exiger(étymologiquement "pousser dehors , aller à son terme") , exigu
et exact , exactitude ;
examen ( de ex-ag-men , cf ci-dessus ) , examiner ;
cogito ("conduire ensemble" , concentrer ses idées ) et cogiter ;
rédiger et rédaction ( au moyen âge , rédiger veut dire réduire et
résumer par écrit ) ;
coaguler ("aller ensemble , mettre ensemble") et coagulation ;
ambage ("qui va des deux côtés")  ; mitiger ("aller par moitié") ;
transiger ("aller par delà") et transaction , intransigeant ;
rétracter ("aller en arrière") , rétractation , réagir ,réaction ,
réacteur , rétroaction ; antagonisme ("action d'aller contre") ,
protagoniste ("aller au devant , participer") ;
naviguer ("aller avec un navire") , navigation ;
prodige et prodigue , présage ("qui va au-devant" , c'est à dire
annonciateur dans le sens de prodige et présage , et dépensant sans
compter pour prodigue ) ;
pédagogie (" qui conduit les enfants") et pédagogue ;
démagogie (" qui conduit le peuple" , du grec demos/peuple) et démagogue ;
rémige ("conduire à la rame" , d'où plume directrice ) ;
cacher , cachot , cachette , cachet , cacheter , cachoterie , décati ( de
coago, participe coactus , "aller ensemble" dans le sens de contraindre pour
cachot , presser pour cachet , reserrer pour décati , avec le "c" qui se
prononce "ch" , ou qui disparaît dans décati ) ;
sqatter est passé en anglais de catir ( resserrer , rigidifier une étoffe ,
cf décati ci-dessus ) ;
du grec nous viennent :
stratège ("qui conduit l'armée , du grec stratos/armée) et stratégie ,
stratagème ( "manoeuvre militaire") ;
axe , axiome , axial , axiomatique ( du grec axon/axe , "direction du
déplacement") ;
chorège et chorégie ( du grec chor/choeur et egos/directeur) ;
agonie (du grec agonia , lutte sportive , puis angoisse , anxiété ) ;
synagogue ( "qui va avec , ensemble " , lieu de rassemblement , comme sur
une autre racine ecclésial et église signifient lieu de rassemblement ) ;

Dans un sens négatif ou péjoratif , nous viennent agiter et agitation ,
activisme , mitigé , ambigu , exaction , exagération , démagogue , etc ..

 


 

 

 

Voir les commentaires

Festina lente/ Hâte-toi lentement/La notion de rapidité dans les langages indo-européens

Le "festina lente" romain est une maxime recommandant de prendre le

temps de la réflexion plutôt que  de se précipiter tête baissée sur la

première impulsion venue .
Mais cette recommandation est-elle une prescription générale et commune
à tout ce qui évoque une notion de rapidité dans les langages indo-
européens ?
Effectuons d'abord une énumération des différentes racines qui évoque
cette notion , avant de formuler un avis sur cette question .

 

1) La racine associée à "rapide" est notée Rep ou Rap(Pokorny no 865) .
Cette racine évoque des notions de prises , de captures :
en particulier rapidus en latin correspond à la fois au concept
d'enlèvement , de prise de quelque chose , et à celui de célérité ; en
rejoignant ces deux sens , on constate qu'il s'agit de prendre quelque
chose à quelqu'un , de le lui arracher , le plus rapidement possible .
On retrouve cette conception chez les grecs : le verbe arpazo associé à
cette racine (avec permutation du "r" et du "a") veut dire enlever ,
ravir . Les Harpies , déesses des tempêtes , ont un nom dérivé de cette
racine .
En sanskrit , rapas (dommage , blessure) a une signification voisine .
De cette racine dérivent en français des termes comme :
rapt , rapine , rapace , ravage , harpie , Harpagon , et rapide ,
rapidité , etc ...
On voit que cette notion contemporaine de "rapidité" n'est pas vraiment
le propre de ce que véhicule la signification première de la racine , et
ne correspond pas au concept de modération des instincts préconisé par
la maxime latine "festina lente" ; au sens étymologique , le "rapide" est
la personne la plus "efficace" à dérober quelque chose à quelqu'un , par
des moyens plus ou moins contondants s'il le faut .

 

2) La notion franglaise de personne "speedée" correspond à la racine
notée Sp(h)ei (Pokorny no 983-84) qui évoque , au contraire de la
signification contemporaine , une idée de prospérité , de réussite :
ainsi en latin sur cette racine on a spes/espoir , en sanskrit shira/gras
sphayate/accroître .
S'en déduisent dans les langages contemporaines des termes plutôt
"positifs" , comme :
pro-spérité , espoir , Speck/lard en allemand , mais aussi spéculer ,
spécial , et speed en anglais qui a pris une connotation négative en
français , et speedy (rapide et plus ou moins ingénieux) .
Finalement le concept premier , associé à quelque chose de favorable ,
s'est transmis en conservant plus ou moins cette notion de prospérité
associé à la vitesse , la célérité .

 

3) La notion de célérité est associée à la racine Kel(Pok no 548) , qui
correspond à une idée de mouvement , de conduire .En grec , s'y rapportent  
kello/conduire , keles(cheval de course, navire rapide) , en latin
celeritas/rapidité , accelero/accélérer , celebro/célébrer ,etc...,
en gothique haldan(prendre soin de, conserver) , ...
De l'idée de conduire , diriger , s'en déduisent en anglais le verbe
to hold(tenir,posséder) , en allemand le verbe halten (de l'idée de
retenir , on en arrive ici à l'idée d'arrêter ) qui par l'intermédiaire
du francique des Francs à donné en français le mot halte .
De la notion qui en grec était associée à celle de vitesse s'en déduisent
célérité , accélérer , ...
Nous viennent ensuite de cette racine des mots comme célébrer , célèbre ,
célébration ...
On voit ici que le concept premier a assez largement évolué dans les
langues contemporaines pour aller jusqu'à des concepts opposés comme
célérité d'un côté et hold , halten , halte de l'autre . On retrouve en
quelque sorte l'oxymore "festina lente"/hâte-toi lentement dans cette
opposition entre célérité et halte .

 

4) la notion de vélocité est d'étymologie très discutée : Pokorny n'en
parle pas , Etymonline reste évasif , de Vaan le rapporte à la racine
du vent pour dire que véloce peut être assimilé à quelque chose de
rapide comme le vent ..
Ce serait dans ce cas la racine Aue (Pok no 78-81) qui s'y rapporterait
avec comme mots déduits : vent , wind .. et véloce qui voudrait alors
dire rapide comme le vent .

 

5) la notion de précipitation vient du latin praecipio (étymologiquement
prae + cipio : "aller la tête en avant" , dans le "précipice" ) .
la racine associée est Kaput (Pok no 529-30) qu'on retrouve dans
capituler (baisser la tête) , capitule ("tête" des fleurs) , chapitre
(tête de paragraphe) , biceps (à deux têtes , deux tendons pour
l'attacher ) ...
La notion de précipitation évoque ainsi l'idée d'aller "tête en avant"
sans trop réfléchir ...
"festina lente" diraient les romains , ne vous précipitez pas sur la
première idée qui pourrait conduire au précipice ...

 

6) La notion de vivacité se rapporte à la racine Guei (Pok no 467-69)
correspondant au thème de "vivre" ( de nombreux termes en "gu" se
transforment suivant les langues en "w" ou "v" interchangeables ,
comme Galles et Wales , Valais et Wallis , guèpe et wasp , ...) .
S'en déduisent des termes comme vif et vive , quick en anglais ,
témoignant plutôt d'une connotation positive dans la perception de la
rapidité .

 

7) La notion d'"être diligent" vient du latin diligo(choisir , estimer)
ou delego participe delectus (de même sens que diligo) ; diligentia veut
dire soin scrupuleux , forte attention .
Ces termes correspondent à la racine Leg(Pok no 658 , choisir , estimer ,
être attentif) , qui se retrouve dans des mots comme logique , lecture ,
élection , dialecte , dialectique , délecter , ...
Etre diligent veut ainsi dire initialement être rapide et attentif , avec
une racine qui abonde plutôt en propos positifs ( délectable , élogieux
proviennent de cette racine) ; être diligent pourrait donc être la
synthèse de la sentence "festina lente" : agir vite s'il le faut , mais
prenant le temps d'être attentif et soigneux .

 

Voici pour ce tour d'horizon sur des notions se rapportant à la rapidité
( des concepts comme "vite" et "vitesse" n'ayant pas à priori
d'étymologie connue , sont écartés ) .
On retrouve ainsi deux racines dont le sens premier fait apparaître des  
aspects négatifs de la rapidité (dont rapidus en latin qui évoque à la
fois une idée de vitesse , et une idée de violence dont les prolongations
en français conduisent à rapt , rapine , rapace , ravir ..., et praecipio
/aller la tête la première , qui conduit à se "précipiter" dans le
"précipice" du premier élan ) .
Trois autres racines font plutôt apparaître les avantages de la rapidité
( avec des mots comme spes/espoir , prospérité ; célébrer et célèbre pour
la racine 3) ; vif et vivacité pour la racine 6) ) .
Une racine (celle de "véloce") ne conduirait à aucune connotation
particulière .
Enfin deux racines font apparaître des aspects duaux de la rapidité  
( de la racine 3/ se déduisent à la fois "célérité" et "halte"; de la
racine 7/ se déduisent à la fois des idées de vitesse et d'être attentif ,
soigneux , faire vite et bien , avec en français le mot "diligence") .

 

Les sens premiers des termes se rapportant à des notions de vitesse font
finalement apparaître un bilan qui est plutôt associé à des aspects
positifs de la rapidité , mais qui reste cependant teinté d'une certaine
prudence dont témoignent le vocable français "être diligent" , et la
maxime latine "festina lente"/hâte-toi lentement , ne te "précipite" pas.

 

 

 

Voir les commentaires

Les langages de la "création" .

Que nous apprend le langage à propos de tout processus de création ,
cet acte qui consiste à faire apparaître quelque chose d'effectivement
nouveau ,  non un réarrangement , une redisposition , un "remake"
gadgétisé d'une version déjà connue d'un phénomène ?
Le langage manifeste 4 grands axes pour évoquer ces processus créatifs :

 

1) Par une métaphore qui consiste à faire sortir de sa gangue une pierre
précieuse , le langage parle d'abord de se dé-faire de ses présupposés ,
de ses préjugés , de dé-construire un existant donné :
il y a des mots comme dé-couvrir ( "enlever ce qui empêche de voir
l'objet , le phénomène ") ; dé-celer ("faire disparaître ce qui cèle la
réalité") ; dé-tecter ( "tectum" est le toit en latin : détecter est donc
"enlever le toit" qui entoure le phénomène) ; dé-nicher ( toujours la même
métaphore , "faire sortir de sa gangue") ; dé-pister ( "faire sortir des
chemins sans doute bien battus ") ; dis-cerner ( "séparer un élément de
son amalgame primitif ) ; per-cevoir et per-ception ( c'est la même racine ,
celle de capio /prendre en latin qu'on retrouve aussi dans captivé et
captif , captation ... et qui consiste ici à aller "à travers" ce qui
est "capté" , pour rendre compte du phénomène lui-même) ; etc ...   

 

2) Il y a aussi l'idée d'aller à l'intérieur du phénomène , non de
dé-construire et de dé-truire son environnement , mais de s'en imprégner
plus en profondeur , de s'en imbiber :
de la même racine que le dernier mot évoqué , il y a "concevoir" et
"conception" , "concept" ( racines "cum" , avec ou ensemble , et "cevoir"
ou "ception"pour des termes se ramenant à capio /prendre , soit :

"prendre dans son ensemble " un phénomène donné ) ;
il y a dans la même évolution sémantique :
"inventer" ( de in-venio , pour "in"/dans et venio/venir , soit "venir
dans") , pour signifier d'aller au coeur du phénomène , pour mieux en
capter l'essence ;
"inspiration" ( in /dans et "spiro" qu'on retrouve dans "res-spiration"
, soit "se laisser pénétrer par l'air" , par l'idée , pour aller là
aussi au coeur et à l'essence du phénomène) ;
"intuition" (toujours in/dans , et le verbe latin tueor /regarder ,
soit ici "regarder dans" , donc observer , aller le plus prés possible¨
de l'essence du phénomène) ;
"trouver" ( du latin populaire "tropare"/composer,inventer , qui à la
même racine que "tropisme" , soit ici pour la signification première
"se tourner vers" l'objet , le phénomène pour mieux s'en rapprocher)
( à ce propos , on conçoit mieux que de "tropare"/composer,inventer,
soient issus sur la même racine que "trouver" : trouvère puis
troubadour) ;
"comprendre" est le doublet étymologique de "conception" ( ici on a
toujours "cum"/avec , ensemble , et "prendre" qui à la même signification
que "capio"/prendre) ; etc ...

 

3) Il y a en anglais deux termes venant de racines différentes que
les mots évoqués ci-dessus et qui traduisent encore un aspect distinct
du processus de création :
d'abord "understand"/comprender ( de "Under"/sous et "stand"/se tenir ,
exprimant l'idée de "se tenir sous" , "à la base" du phénomène , ni
dehors , ni dedans , mais dessous , à la base ) .
"to find"/trouver , venant d'une racine proto-germanique "findan"/aller
au-dessus , et de la racine indo-européenne "Pent" qu'on retrouve dans
"pont" /aller de l'autre côté , ou dans péri-patéticienne/qui va de ci-
delà) : to find/trouver , c'est aller au-dessus pour avoir une vision
plus globale du phénomène .

 

4) Il y a enfin des termes qui n'expriment pas d'idées métaphoriques
particulières d'aller dans , ou en-dessous ou au-dessus ou d'aller
déconstruire le phénomène :
"créer" vient de la racine indo-européenne Ker ou Kre qui exprime une
idée de croissance ,qu'on retrouve en italien avec crescendo/en croissant
, dans le verbe latin crescere/croître qui a  donné "croître" en
français , etc ...: créer , c'est augmenter , rajouter quelque chose à
ce qui est déjà connu ;
"génie" vient de la racine "Gen" qu'on retrouve dans "génitrice",
"géniteur" , "génération" , "générer" puis dans "gens" et même dans
"néant"( no-gens , personne) , etc ... : un "génie" , ou "générer"
expriment l'idée de "porter , d'enfanter un ou des concepts" .
Comme tout vocable n'est pas nécessairement indo-européen , il y a
aussi un exemple qui paraît échapper à cette tendance lourde :
"imaginer" vient du latin "imago" (image,représentation,imitation) ,
dont on n'a pas retrouvé d'éléments semblables dans la multitude
des autres langages indo-européens : mot ou concepts préexistants à
l'indo-européen ? ( c'est à dire de plus de 5000ans ) ?
Toujours est-il qu'imaginer a de nos jours une acception très
différente de "image" , c'est aller "au-delà" de l'image ,
mais en même temps porter en soi une "image" , c'est à dire une
représentation ("créative") du phénomène .
on peut terminer un état des lieux ...non exhaustif , par :
"fiction" ( racine fingo en latin/pétrir,façonner , dont le participe
est "fictus" , qu'on retrouve en anglais avec finger/doigt ) :
une fiction , un acte fictif , correspondent à un processus de création
qui se ramène à un pétrissage d'argile avec les doigts , avec de nos
jours des sous-entendus qui les rapprochent un peu étymologiquement et
sémantiquement de "manipulation " ...


Il en va finalement du processus de "création" ce que la tradition
en sanskrit des Védas nous rapporte :
il y a Bramha le créateur , Vishnou le protecteur de la création , le
"structuraliste" , et Shiva le "déconstructeur" d'un cycle de création :
cette racine commune des deux mots "Str" , ou "Ster" se retrouve aussi
dans "instruire" et "construire"( processus constructif qu'on a dans les
mots exprimant l'idée d'aller dans , sous , au-dessus, au coeur des
phénomènes pour mieux en percevoir leurs essences ou leurs globalités) ,
ou "détruire" ( processus "déconstructif" qu'illustrent des mots comme
dé-couvrir , dé-celer , dis-cerner ,  dé-pister , etc ..) .
Brahma serait dans cette métaphore le "génie" "créateur" qui enfante et
"génère" la création , qui imagine et façonne la "fiction" du monde , ..
( quoique ..."imaginer" n'aie pas de correspondance en sanskrit , semble-t-
il...ce qui limite la métaphore ..) .

 

 

Voir les commentaires

étymologie : mots dérivés de noms d'animaux

 

Un certain nombre de mots dérivent de façon souvent cachée de noms
d'animaux : si plusieurs d'entre eux en découlent  de façon assez
évidente ( par exemple "serpenter" de serpent ; "avachir" de vache
"fourmiller" de fourmi ; lézarder ... grenouiller ... moutonner ...
cafarder ... cavaler ...etc ..) , d'autres en revanche ne  dévoilent
pas aussi facilement leurs origines .
Partons de quelques animaux familiers et voyons ce qu'il advient
parfois de leurs noms :

 

1) de chèvre (radical indo-européen Kapro , latin capra : chèvre ;
grec kapros : sanglier ) découlent de façon assez évidente
chevroter , chèvrefeuille , chevreuil , chevrotine ( balle pour
tirer un chevreuil ) .
Le "p" de la racine se transformant en "b" par un glissement de
prononciation courant , on trouve aussi "cabri" , qui donne
"cabriole" comme les sauts de cabri , puis "cabriolet" (voiture
légère qui cabriole ) .
De façon plus inattendue , on trouve ensuite "chevron" dans le sens
premier de solive participant à  l'armature d'une toiture ( le
squelette de la charpente ayant l'allure d'une chèvre ..) ; puis
dans un sens second , le chevron de la toiture prend la forme
renversée d'un "V"et devient un signe distinctif ( militaire ,
par exemple ) ; par une troisième évolution métaphorique , le
chevron devient le signe distinctif d'une personne expérimentée ,

"chevronné"... Là , on est  assez loin de l'animal "chèvre" ..

 

2) le mâle de la chèvre est le bouc ( radical indo-européen
bhugo n0 174 Pokorny , gaulois bucco , latin bucca , anglais buck
: daim , racine qu'on retrouve aussi pour l'antilope "springbock")
Il en découle le mot "bouquet" , mais seulement dans le sens
particulier d'un bouquet de crevettes , à cause d'une certaine
ressemblance  de leurs barbes (un bouquet de fleurs ayant une

autre origine , dérivant de la racine de "bosquet") .
En dérive aussi "bouquin" , mais seulement dans le sens particulier
d'un bouc ou d'un lièvre mâle , le bouquin-livre dérivant d'une
racine germanique qui a donné Buch en allemand (hêtre , sur lequel
certains gravaient des lettres ) , book en anglais .
Plus curieusement , c'est "boucher" qui provient du mot bouc ,
dans le sens premier d'abatteur de boucs ( butcher en anglais) ,
puis boucherie .

 

3) de vache ( racine indo-européenne symbolisée par uaka , sanskrit
vasa , latin vacca ) , nous proviennent vacher , vacherie ( sens
premier étable des vaches , cf Rimbaud dans le bateau ivre) ,
s'avachir , et plus curieusement vaccin et vaccination : on s'était
aperçu vers le XVème siècle que les personnes en contact avec des
vaches atteintes de la variole de la vache étaient immunisées de
la variole humaine : d'où le nom donné par la suite au "vaccin" ,
déduit du latin vacca ) .

 

4) de boeuf ( racine indo-européenne guou , Pokorny 482-83 , latin
bos : taureau ; bucula . jeune vache ; sanskrit gaura : taureau ; grec
bous : boeuf , taureau , vache) , nous proviennent bovin , buffle ,
anglais beef puis beefsteak , bovidé , puis de façon plus inattendue :
beugler ( de bucula , jeune vache ) et beuglante ; bucolique .     
beurre vient du grec bouturon : "fromage de vache", puis par le latin butyron et diverses périgrinations ) , l'acide butyrique et le butane.
Viennent encore de boeuf de façon plus inattendue :
boulimie ( une "faim de boeuf" , comme on dirait actuellement d'une
faim de loup ) .
hécatombe ( du grec ekaton : cent , + bous : boeuf : il s'agissait alors
du sacrifice de cent boeufs destiné à s'acquérir de bonnes grâces dans
des cas extrêmes ) .

 

5) de cheval ( dont la racine n'est vraisemblablement pas indo-européenne
mais d'une période antérieure ) , nous viennent cavale , cavalier ,
chevalier , chevalière , chevaucher et chevauchée , se chevaucher ,  
cavalerie , cavaler , cavaleuse , cavalcade ...
Plus curieusement , on a chevalet , dans une évolution sémantique
comparable à celle observée avec chèvre et chevron ( armature de bois) .

 

De la racine indo-européenne correspondante ( ekuos , latin equus :
cheval ; le ku s'échangeant souvent en p ( comme quinque : cinq ; et
grec pente : cinq) : grec ippos : cheval ) , nous proviennent des mots
qui lui correspondent au premier degré : équitation , équestre , équidé
et de la forme grecque : hippique , hippodrome ...

 

6) de poulain ( radical indo-européen Pou : petit , jeune animal ,
jeune enfant ; latin puer : enfant , pullus : jeune animal ; grec
pais : enfant ) nous viennent pouliche , poulinière , ...
puis poutre (du bas latin pullitru : jeune cheval) dans une évolution
sémantique déja observée avec "chevron" ( de chèvre) et "chevalet"
( de cheval) relativement à des armatures en bois dans les charpentes .
Notons que du latin pullus nous provient aussi poulet et poule , dont
le rapport avec poulain est relatif au concept de jeune animal .

 

7) de chien (racine indo-européenne kuon , grec kuon : meute , chien ;
latin canis : meute , chien , cf l'inscription sur la mosaïque "cave
canem" : "garde , chien" ; latin cana : chienne , canicula : jeune
chienne ) , nous viennent  chenil , chenille ( dont la tête ressemblerait
à une tête de chien ...) , puis (véhicule à) chenille , chenillette .
canicule correspond à la période où dans l'antiquité on observait l'étoile
Sirius de la constellation du chien (vers le début Août) ; de la même
évolution nous vient cagnard et cagna (chaleur étouffante , de cana :
chienne , liée à la période de la constellation du chien , comme ci-
dessus) .
canaille nous vient de l'italien caniglia ( de cana , chienne) .
décaniller veut dire au premier degré : chasser le chien de sa niche .
cagneux signifie d'abord avoir des genoux de chien ( tournés en dedans) .
cagnotte évoque d'abord la gamelle du chien , puis divers récipients et
corbeilles dans lesquelles on recueille de l'argent ( cf la fameuse
"lessiveuse" ou la cassette d'Harpagon) .
Les canines sont d'abord des dents de chiens .
De la forme grec kuon nous viennent cynégétique ( science relative aux
chiens) , cynodrome (pour les courses de chiens ) .
Plus surprenant est le mot cynique , dont le sens premier est l'adjectif
"relatif aux chiens" . En fait , il qualifiait aussi les philosophes
"cyniques" , dont le "prototype" était le philosophe Diogène : Diogène
habitait souvent les places publiques d'Athènes , dans un tonneau .
La légende veut qu'un jour Alexandre le grand lui aurait demandé : que
puis-je faire pour toi ? Ecarte - toi de mon soleil , tu me fais de
l'ombre lui aurait répondu Diogène .
Il circulait aussi avec une torche en plein jour pour éclairer le
commun des mortels qui vivait dans un aveuglement perpétuel ,

selon lui .
Bref , les philosophes "cyniques" prônaient le retour à une vie de la
nature la plus simple , comme à une vie de chien : d'où le qualificatif
dont ils ont hérités , comme d'une "chiennerie" .  

 

8) du chien , on peut passer au loup ( racine indo-européeene (u)lkos ;
latin lupus ; grec lukos) :
au premier degré nous avons loup , louve , louvéterie , lupin ( cf
les "gueules de loup" qui ne sont pas des lupins mais des muffliers)
loupiot (mon petit loup) , louveteau (scouts) .
Louper quelque chose , c'est faire un "loup" , c'est à dire une malfaçon.
Le "loup de mer" est un poisson vorace ( qui a une faim de loup) .
Plus curieusement , de la racine indo-européenne , nous viennent :
Louvre ( latin lupara : lieu infesté par les loups) .
Lycée à une origine semblable ; par la suite , il a désigné le lieu où
Aristote avait installé son école , et à partir de là , le sens moderne
de "lycée" s'en déduit ... c'est ainsi grâce à Aristote que les noms de
loup et de lycée sont associés dans la même racine ..
Lupanar est lié à un lieu mal famé ...
le nom de la  plante Lycopode veut dire "pied de loup" par allusion

aux formes  de ses rameaux  .

Voir les commentaires

1 2 3 4 > >>