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Richard II

 

Richard II

 

Quand la police des consciences

se confie à des bateleurs ,

ah , coupez en morceaux la France ,

je reste roi de mes douleurs

 

Quand les mots perdent tous leurs sens

de surenchère en surenchère ,

il reste les cendres amères

l'exhibition et l'indécence

 

Quand un très sémillant Dandin

s'en va excommunier Charlie

de poudres de Perlin Pimpin :

Restez roi de vos infamies

 

Quand "on" accable de péchés

un "Notre Père" aménagé ,

l'instant suspendu à tes lèvres

n'attendait plus que toi pour vivre

 

Quand Finkielkraut est qualifié

d'ectoplasme à mettre au panier :

gardez vos propos dégradants ,

vos jugements disqualifiants

 

De quelques noms qu'on remercie

Censure ou bien Anastasie ,

quand le vitrail devient vitreux

reste le cauchemare en creux

 

Quand Daumier à la queue-leu-leu

fait défiler le panurgisme

élégant de tous les snobismes ,

restez-y , Nobles Depuipeu .

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Généalogie de la morale (1)

 

"Généalogie de la morale" ( Nietzsche )

 

Dans cet ouvrage considéré par certains comme un chef-d'oeuvre , Nietzsche élabore une réflexion sur l'apparition et le développement de la morale à partir de matériaux étymologiques , de considérations historiques , dans le contexte des années 1880 : Que peut-il bien en rester près d'un siècle et demi plus tard ?

On le verra par la suite , ses considérations étymologiques sont partielles et partiales ( cf le deuxième article en "étymologie" ) , ses considérations sociologiques et historiques tout autant

Mais le propre de grands auteurs étant souvent d'avoir eu des intuitions dépassant le cadre des structures et des matériaux fragiles dont ils disposaient , voyons un peu si Nietzsche a su extraire "l'universel" de ce dont il avait connaissance .

Voici par exemple comment Nietzsche décrit les rapports intra-communautaires ( p 87 Livre de Poche ) :

" Ces mêmes hommes auxquels la coutume , la vénération , l'usage , la reconnaissance et plus encore la surveillance réciproque , la jalousie , imposent des limites si sévères inter-pares ( ie "entre paires" ) , qui se montrent en outre dans leurs relations mutuelles si inventifs en égards , en domination de soi , en sens de la délicatesse , en fidélité , en orgueil et en amitié – ne valent guère mieux , quand ils entrent en contact avec l'extérieur , là où commence l'élément étranger , le pays étranger , que des bêtes de proie déchaînées . Ils y savourent la libération à l'égard de toute contrainte sociale , ils se dédommagent dans cette étendue sauvage de la tension résultant d'une longue réclusion et mise en cage dans la paix de la communauté , ils reviennent à l'innocence de conscience qui est celle de la bête de proie , en monstres transportés d'allégresse , laissant peut-être derrière eux une abominable succession de meurtres , de destructions par le feu , de profanations , de tortures , exubérants et l'âme égale comme si cela n'avait été qu'une blague d'étudiants , convaincus d'avoir redonné aux poètes , pour longtemps , matière à chanter et à célébrer "

On conviendra qu'il faut souvent chez Nietzsche faire la distinction entre la forme poétique et métaphorique portée par une certaine exaltation , et le fond de la réflexion .

Nietzsche poursuit , dans un contexte plus général cette fois :

" Il n'y a pas à s'y tromper ,... , ce fond caché a besoin de se décharger de temps en temps , il faut que l'animal sorte de nouveau , qu'il retourne à l'étendue sauvage -- noblesse romaine , arabe , germanique , japonaise , héros homériques , vikings scandinaves – eu égard à ce besoin , ils sont tous identiques . Ce sont les races nobles qui ont laissé le concept de "barbare" sur leurs traces partout où elles sont passées .... elles en ont conscience et même en tirent orgueil "

Puis enfin , il revient au contexte local , "euro-européen" :

" La méfiance profonde , glacée , que suscite l'Allemand dès qu'il accède à la puissance , de nos jours aussi – demeure toujours une résonance atavique de cette horreur inextinguible avec laquelle , des siècles durant , l'Europe a été témoin de la furie de la bête blonde germanique ( bien qu'il existe à peine une parenté conceptuelle , pour ne pas parler de parenté de sang , entre les anciens germains et nous , les Allemands ) "

Nietzsche dénonce donc on ne peut plus clairement un certain nombre d'exactions , propres à tous les pays et toutes les époques , pour qu'on ne puisse pas lui faire un procès d'intention à ce propos .

 

Revenons au premier paragraphe ci-dessus ; Nietzsche y dénonce , à sa façon , la manière dont fonctionnent souvent les communautés , à échelle historique : Réclusion et enfermement sur soi , édification de règles , de codes plus ou moins opaques , récitations de conformismes plus ou moins arbitraires , pratiques de l'auto-célébration et de l'auto-immunité , comme le rapporte d'ailleurs Schopenhauer à la même époque dans "L'art d'avoir toujours raison " : c'est à dire une langue de bois inconditionnelle , une "xyloglossie" à toute épreuve , qui réquisitionne le débat , l'enferme dans ses prérequis , ses interdits , sa bien-pensance : Interdit d'avoir une opinion personnelle , imprimatur exigée auprès d'un chef ou d'un "procureur" , totems et tabous un peu partout , aux quatre coins du pré carré , etc ,etc ... on peut continuer pendant des heures

Bref , Nietzsche nous rappelle que la vocation du penseur est de penser , et que , même s'il ne savait pas qu'étymologiquement "barbare" veut dire "étranger", il nous incite à ne pas "aliéner" la pensée à quelque groupe que ce soit ; comme le montre Yvan Attal dans "Le Brio" , on peut parler de tout , en toute simplicité , sans braver les foudres de qui que ce soit . La conclusion pour Michel Serres : "j'ai une horreur quasi physique de la libido d'appartenance "

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des climats et des hommes :Mers et volcans

Des climats et des hommes : Des mers et des volcans

 

Le tsunami qui a ravagé les côtes de l'océan indien en 2004 , ou celui que a été à l'origine de la catastrophe de Fukushima en 2011 nous rappellent que les caprices de la nature peuvent avoir des incidences planétaires .

L'éruption du Pinatubo en 1991 , aux Philippines , a projeté dans l'atmosphère prés de 10 km cube

de laves et de rejets volcaniques , et a refroidi le climat mondial de prés de 0,5 degré pendant 2 à 3 ans .

Voilà pour quelques uns des évènements naturels majeurs qui ont affecté la planète depuis une vingtaine d'années . Cela nous amène à constater qu'ils ne sont pas rares , et qu'ils paraissent concerner essentiellement les régions asiatiques

Uniquement l'Asie ?

Replongeons nous un peu dans l'histoire de la Méditerranée :

En -1600 ans AJC , l'explosion et l'effondrement du volcan Santorin au milieu de la mer Egée a lui aussi provoqué un tsunami gigantesque qui a ravagé les côtes grecques , et a plus particulièrement ruiné la civilisation minoenne en Crête en balayant et ensevelissant ses régions portuaires : fin d'une période historique particulièrement brutale .

En -479 AJC , Hérodote rapporte l'histoire d' Artabaze durant les guerres médiques : son armée fut en grande partie défaite à cause d'un tsunami sur les côtes d'Asie mineure .

En +365 PJC , un tsunami parti de la bordure occidentale de la Crête a enseveli notamment la ville romaine de Neapolis , dont les vestiges viennent d'être retrouvés en Sept 2017 sous l'eau en Tunisie..

La ville d'Héracleion a également été enfouie sous les eaux vers les années 800 , près du littoral égyptien ( redécouverte en 2000 sous 8 m de fond ) ; le colosse d'Alexandrie , 2 hectares de ville et le phare ( l'une des 7 merveilles du monde antique avec plus de 100 m de haut ) , redécouverts en1990-1995 sous 5 à 10 m d'eau , témoignent aussi de l'importance des séismes qui ont contribué à leur enfouissement progressif entre le 4eme et le 14eme siècle aprés JC .

Sans parler du mini tsunami du 24 Juillet 2017 en Turque et en Grèce , envahissant notamment la station balnéaire de Bodrum .

On pourrait citer bien d'autres évènements du même type , témoignant des séismes et des activités volcaniques en Méditérranée : L'Asie n'a pas l'apanage des catastrophes de cette nature .

 

 

La Terre et les climats bougent et changent , entraînant un peu partout sur le globe et à toutes les époques des répercussions importantes sur les conditions de vie des populations .

Nous sommes aussi entrés dans une période de réchauffement du climat depuis 20000 ans ,

qui a notamment vu le niveau des mers remonter de 130 mètres : 130 m divisé par 200 siècles , cela "nous" fait une "moyenne" de 0,7 mètre par siècle !

La Manche ayant une profondeur de 90m , le Golf persique de 70 m , et l'entrée de la grotte Cosquer étant à 40 m sous l'eau , on se rend compte des conséquences que cela a eues .

Quand vous allez en Angleterre par bateau , vous pouvez vous dire au moins deux choses : à quelques milliers d'années prés , on pouvait y aller à "pieds" ( sous réserve de pouvoir franchir le fleuve qui parcourait la terre de Manche ) ; et la hauteur actuelle de l'eau sous le bateau est à peu près égale aux hauteurs des falaises de Douvres ou d'Etretat .

Dans certaines régions a faible déclivité , c'est à plusieurs km par siècle que la mer a envahi les terres ( si cette hausse s'est très ralentie depuis 4 à 5 mille ans , elle a été d'autant plus vive dans les périodes antérieures .... un vrai déluge !) .

Même dans les régions très largement hors d'eau , cette période de déglaciation a eu plusieurs répercussions importantes : d'abord par le réchauffement ( 5 degré environ en 10000 ans ) ; ensuite un certains nombres d'aléas :

par exemple , il y a 8000ans , la grande débacle glaciaire au Canada a provoqué l'expulsion des eaux d'un lac gigantesque de plusieurs fois les lacs nord-américains actuels ( lac d'Agassiz ) dans l'atlantique , avec comme conséquence un refroidissement brutal de l'atlantique , une variation sans doute importante de la circulation des eaux ( Gulf stream ) , .... et une sécheresse accrue en Turquie ...

Conséquences : une des premières agglomération humaines vivant de l'agriculture ( plusieurs centaines voire milliers d'habitants au tertre de çetalhüyük en Anatolie ) a du être abandonnée , vers - 6200 ans AJC . L'étude du site se poursuit activement aujourd'hui .

 

Dernier aperçu de notre "abri" terrestre : La frange où la vie s'est développée est située entre -2000 m et + 4000 m environ par rapport au niveau de la mer , soit une épaisseur de 6 km pour un rayon de la Terre de 6300 km : un pour mille environ ! Vous augmentez l'épaisseur d'une orange de 1 pour mille , vous aurez une idée très précise de l'épaisseur de notre "abri" à la surface de la Terre .

 

Premières esquisses de conclusions : Nous vivons dans un biotope très mince , très fragile , en continuel mouvement ; cela peut être utile de s'en remémorer quelques éléments , sans en exagérer les circonstances , ni en les minimisant ...........

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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La culture est ce qui reste quand on a tout oublié (Emile Henriot 1889-1961)

 

Ne resterait-il rien , il resterait l'empreinte

immémorielle d'un papillon dans les airs ,

la trace d'un silence effleuré d'un regard ,

évanescente et frêle comme un trait de lumière

 

Il ne resterait rien , par les chemins ouverts

au-delà de l'instant , au-delà de nos mots ,

il resterait toujours au-delà des frontières

cette respiration courant sur les roseaux

 

Il resterait toujours une conscience haute

qui bien qu'irréductible aux représentations

glisserait dans l'azur d'un souffle d'émeraude

la fugacité de myriades d' intuitions

 


            

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Etymologie : mots de création récente

Dans ce paragraphe d'étymologie , évoquons quelques d'origine assez récente , et de provenance très diversifiée :

A tout seigneur , tout honneur , il n'est pas question de suivre pour ce terme l'ordre alphabétique suivi pour les autres : PINARD , c'est de lui dont on parle , date des années 1880 , mais sa célébrité vient essentiellement de la Iere guerre mondiale , où le terme désignait la ration distribuée aux soldats en produit vinicol .

Reprenons l'ordre alphabétique :

un "Bic " ou stylo du même nom , provient du baron Marcel Bich qui l'a commercialisé avec grand succés à partir des années 1950 ; on lui rapprochera "frigidaire " , commercialisé par General Motors au XX eme siècle , de même que "klaxon" ; "mobylette" était une marque de Motobécane ; on peut encore évoquer dans la même série Scotch , Solex , Karcher , Kleenex , Micheline , fermeture Eclair , etc...

 

Blabla est une onomatopée qui n'existe que depuis les années 1920 , décrivant un certain type de comportement "administratif "

Carpaccio est une recette créée dans les années 1950 par un chef italien en l'honneur d'une exposition du peintre "éponyme" de la renaissance ( 1465, 1525 )

Chandail date des années 1890 , et correspond au tricot épais porté par les " marchands d'ail " pour se protéger du froid dans des halles hivernales battues par les vents

Chauvin est le nom d'un soldat napoléonien exemplaire qui vouait , paraît-il , un culte exceptionnel à la personne de l'empereur

On lui rapprochera " stakhanoviste " , nom d'une personne elle aussi exemplaire pour sa capacité à établir un record d'abattage de charbon dans les mines soviétiques en 1935

 

Diesel ( Rudolph ) est un ingénieur allemand

Frisbie fabriquait des pâtisseries au XIX eme au Etats Unis : ses clients lançaient les moules à tartes , puis les perfectionnèrent ...

Godillot fabrica de solides chaussures pour l'armée dans les années 1850 .

Massicot inventa son coupe papier vers 1840 , et MacAdam recouvrit les routes avec des enduits bitumeux vers la même époque

"Marionnettes" est plus ancien et plus curieux ( cf Littré , "pathologies verbales" ) : un diminutif de Marie était Mariole ou Marion , puis Mariolette . Puis , dit Littré , " ce mot est un assez joli mot, et sa descendance est assez jolie aussi. L'ancienne langue avait mariole, diminutif de Marie, et désignant de petites figures de la Sainte Vierge. Le diminutif mariolette se corrompit en marionnette; et, par un procédé qui n'est pas rare, l'usage transporta le nom de ces effigies sacrées à une autre espèce de figures, mais celles-là profanes. En même temps le sens ancien s'oblitéra complètement; car, autrement, comment aurait-on commis l'impiété d'appliquer le nom des figures de la Sainte Vierge à des figures de spectacle et d'amusement? "

Rataplan désigne à partir du XIXeme un roulement de tambour , suivi tout doucement de "plan plan " dans les mêmes années , pour devenir "rantamplan" à partir de 1950 , fidèle compagnon de Lucky Luke ; à propos de BD , signalons que "crétin des Alpes" n'est pas une création de Hergé , mais correspondait à une appellation créée vers 1850 pour désigner dans le Valais Suisse les personnes souffrant d'un déficit en Iode ( avec un goitre ), et que "crétin" n'a au départ aucune connotation ignominieuse .

Silhouette était un ministre de Louis XV , qui pour passer son temps , découpait des figurines en papier de la même forme ; on lui rapprochera sur une origine semblable le préfet Poubelle ( XIXeme )

Xyloglossie , ou Xylolalie , ou encore "langue de bois " est un terme tout récent des années 1970 qui désigne comme le "blabla " des années 1920 , une certaine tournure "phraséologique " consistant à faire du ......remplissage

 

Terminons avec des mots qui n'existent pas encore , mais qui le mériteraient :

"Ennnnemi" désignerait une personne envers laquelle on aurait encore plus de "n" que d'habitude

( du moins dans le langage Xyloglossique de certains "communicants" , qui ne lésinent pas dans l'emphase , avant de se retrouver entre "adversaires de bonne compagnie" pour un apéritif )

"Abracabra-dantesque" désignerait une situation encore plus abracadabrante et dantesque que d'habitude ( et on n'en manque pas ! )

 

NB La lecture de Littré "Pathologies verbales" révèle encore bien d'autres surprises que "marionnettes "

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il y a toujours un au-delà

Sous le lacis des apparences

il y a toujours un au-delà ,

sous le lacis des aléas

il y a toujours milliers de sens

 

L'au-delà de chaque acte

est de mille intentions

qui vont et se réfractent

en mille irisations

 

L'au-delà d'un poème

est sa musique extrême

où les sens et les sons

s'éprennent d'unisson

 

et l'au-delà du son

est ce si long frisson

de carbone et d'azur

respirant aux ramures

 

Quoi qu'on dise ou qu'on fasse

c'est l'entrelacs qui lace

notes et notations

dans la même effusion

 

L'au-delà des vacarmes

est le lit d'une larme

dessillée d'émotion

au bord d' abandon

 

L'au-delà des insignes

aux milliers d'attributs

est l'âme qui fait sienne

les murmures ténus

 

et l'au-delà des vies

est dans cet acouphène

de nos joies et nos peines

vibrant de frénésie

 

Quoi qu'on dise ou qu'on fasse

il n'est de mémoire lasse

d'équilibres fragiles

au battement d'un cil

 

Quoi qu'on dise ou qu'on fasse

il reste l'interstice

sur une pierre lisse

par où tout se dépasse                                                     Novembre 2017

 

 

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de l'agriculture ( au sens large ) à la culture

L'étymologie nous renseigne sur la vie de nos lointains ancêtres lorsqu'ils ont matérialisés certaines impressions ou usages pour en faire des mots ; prenons quelques exemples :

1) Les mots caillou , calcaire ou chalk en anglais ont la même origine ..... que le mot calcul  !

D'ailleurs en latin , le mot " calculus" ....était pour "caillou" !

On peut en déduire que ces lointains ancêtres ont commencé à compter en faisant des tas de petits cailloux , ce que confirment les études archéologiques ... toute abstraction naît à partir de détails matériels .

2) Qu'est-ce qui faisait l'aisance "pécuniaire"  de ces ancêtres ? Vite , un dictionnaire  : la racine indo-européenne en est "péku" , qui correspond à un radical concernant le bétail  , avec pecus en latin ( animal domestique ) , pékos en grec ( laine ou toison ) , pécorino pour le fromage italien , etc..

En ces temps là , la fortune s'estimait en terme de cheptel , et la population était agricultrice .

3 ) Qu'est-ce qui donnait la notion de grand nombre , de population ? Eh bien , le peuplier ! ( ou tout arbre se rapprochant du peuplier ) : populus en latin a les deux significations ( peuple et peuplier ) , et si la similitude entre les deux s'est progressivement effacée dans nos esprit , la racine n'en est pas moins là pour nous rappeler que "peuple" et "peuplier" renvoient à une même origine désignant un certain foisonnement .

4 ) Quelle peut être l'origine du mot "agir" ? Toujours l'agriculture : "ager" est le champ en latin , on "agissait" en allant aux champs ( même similitude en grec ancien , avec ago (mener) et agros ( le champ ) et de même aussi en sanskrit ) , ou encore en menant un troupeau au champ , etc ... Notons que la différence entre "agir" et agiter" existait déjà en ces temps là : les temps modernes n'ont rien inventé !

5 ) Quant au mot "homme" , il se rapporte à un radical indo-européen qui concernait .... la terre , et qui a donné sur la même racine le mot "humus" ...."l'homme" est le fils ou l'habitant de la terre , il y a une parenté étroite entre l'homme et la terre-mère , l'homme naît et se nourrit de la terre . 

6) En ce qui concerne le mot "terre" lui-même , il semble indiquer que la population qui en est à l'origine vient d'une région sèche : le radical indo-européen correspondant est en effet ters ( Pokorny 1078-79 ) , qui se rapporte à la sècheresse , ou à une température élevée : ainsi , en sont issus non seulement terre , terrier , territoire , terricule , terrain , etc ...etc , mais encore le verbe latin torreo ( sécher , bruler )  , le grec tersomai ( sécher ) , l'anglais thirst ( soif ) l'allemant Durst ( soif ) , et en français : torride , torréfier ( qui gardent leurs deux "r" à cause de l'origine ) , mais aussi ......... torrent ( on peut supposer que le "bouillonnement" du torrent rappelait l'ébullition de l'eau à fortes températures )

7 ) Notons aussi qu'une bonne partie du vocabulaire français vient du "nord" ( francique , néerlandais  ou germanique ) : ainsi "gain" se rapporte au francique waidanjan ( une grande partie des "w" du "nord" se francisent en "g" , le "w" devant + ou - se prononcer gw ) , et sur une racine voisine est issu l'allemand Weide (pâturage ) , et le vieux français "gagnage" ( pâturage ) .... Ceci pour la version douce ( une version moins soft consiste à rappeler que la racine désigne aussi des actes de pillage , et donc qu'un bien acquis peut s'acquérir de différentes façons ! )

Voilà pour quelques éléments témoignant des passages progressifs de "l'agriculture" à la "culture" , de la culture des champs à la culture plus générale , et pour une certaine description de l'environnement des populations à l'origine de ces mots ( la terre est d'autant plus essentielle qu'elle est sèche chez ces indo-européens) 

 

 

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Toujours Gödel

Il est , dit-on , que le tout

est plus que la somme des parties

A quel étrange rendez-vous

sommes-nous ainsi impartis?

 

Le tout est-il plus que la somme de ses parties ou exactement cette somme ?

Une première observation "de bon sens" conduit à estimer que quand nous connaissons toutes les parties d'une maison , nous connaissons toute la maison : comment la maison pourrait-elle être plus grande que la somme de ses parties ?

On pourrait toujours objecter à cela que , quand même nous connaîtrions tout des détails matériels de la maison , nous ne connaîtrions pas totalement les intentions de l'architecte qui l'a construite , et qu'ainsi des surprises pourraient nous arriver quant-à nos excessives prétentions de "tout" connaître . Mais on peut discuter à perte de vue , et à perte tout court , sur ce type de considérations et faire des catalogues d'argumentations qui pourraient nous amener à des débats sur les qualités des anges ou de Lucifer , et marquer des points de Godwin .

 

Prenons le propos d'un autre point du vue et demandons-nous si la somme des connaissances sur les "formes" d'un objet nous permet de connaître l'objet sur le "fond" : là , le "bon sens" est plus réservé , voire pousse à estimer la situation en sens inverse du premier jugement ....non , dira notre bon sens , tout connaître sur la forme d'un objet ne permet pas de le connaître sur le fond , et la somme des descriptions de l'objet ne donne pas la connaissance de tout l'objet .

 

De cette entrée en matière , nous pouvons déjà tirer quelques indications : on est en droit d'estimer que lorsque l'objet est "simple" , tout connaître de la forme de l'objet nous permet de connaître l'objet sur le fond : tout connaître des parties d'un clou nous permet de connaître le clou , tout connaitre des parties d'une boule de pétanque nous permet de connaître la boule , etc... Mais même dans ces cas , des objections apparaissent : si nous connaissons tout de l'objet , pourquoi le constructeur met-il une garantie de x années ? Si une telle garantie existe , c'est bien qu'il y a des fluctuations sur l'usage de l'objet qui échappent à une connaissance "absolue" de l'objet .

Finalement , tout connaître sur les parties d'un objet , même dans les cas "simples" , ne permet pas d'avoir une connaissance "absolue" de l'objet ...Cependant , là encore , des débats à perte de vue pourraient aussi s'engager .

 

Ayons alors recours à un champ encore plus simplifié de situations , sur lequel on peut effectuer des raisonnements "incontestables" : Prenons un système d'hypothèses ( d'axiomes ) permettant au moins de définir les nombres entiers , et utilisons le système de logique "habituel" en mathématiques . Sachant que nous connaissons tout des axiomes ( par définition ) , sommes – nous en droit de tout connaître sur les déductions que nous pouvons tirer de ce contexte ?

Réponse ( théorème de Gödel ) : Non . Seule un toute petite partie des propriétés du système sera démontrable par ce système . Le reste sera-t-il vrai ? Ou faux ? On ne sait pas . C'est ce qu'a démontré Gödel dans les années 30 .

 

Finalement , à moins de tomber sur des cas vraiment triviaux ( quand je connais tout de rien , ai-je bien la connaissance de ce rien ? ... là , on l'accorde ) , dans les cas un peu moins triviaux , on peut tout connaître des parties du système ( des axiomes ) , sans pouvoir prétendre connaître tout ce que l'on peut faire à partir des combinaisons des parties du système . Il y à toujours un "au-delà" de ce qui est connaissable dans le système .

 

Mais , direz-vous , cela reste très théorique : qu'est-ce que cet "au-delà" d'une chaise , d'une table , de tout ce que vous voulez ?

Prenons de la lumière pour expliciter la situation , ou un électron : qu'est-ce que "l'au-delà" de la lumière ? ? ou de l'électron ? ?

Eh bien , examinons ce que nous disent les expériences : suivant les situations , la lumière se comporte comme une somme de "grains" ( on dit de photons ) , ou bien dans d'autres situations , comme une onde . Et quand il s'agit d'un "grain" , on ne peut jamais expliciter totalement la position et la vitesse exacte du "grain" . Voilà deux apparences , deux représentations de la lumière , qui ne prétendent en aucun cas épuiser toutes les potentialités de cette lumière . Il y a un "au-delà" de nos représentations , sans qu'on sache vraiment où est , ce qu'est , cet au-delà .

Nous nous représentons les choses dans un certain contexte , mais ce ne sont que des représentations des choses , dans le contexte établi : rien de plus .

 

Il faut tout de même remarquer que l'usage des mathématiques nous permet d'expliciter cette notion d'au-delà , et dans un certain nombre de cas , de matérialiser cet "au-delà" ; par exemple , l'au-delà des nombres fractionnaires ( deux tiers , trois huitièmes , etc ...) est l'ensemble des nombres dits réels .

Notons cependant que cette extension des nombres fractionnaires a créé un véritable scandale et une révolution de palais exceptionnelle chez les grecs du VI eme siècle AJC : comment des nombres pourraient-ils être autre chose que des partages de nombres entiers , ce que sont les nombres rationnels ?

La planète en tremblait de contestations horrifiées , mais il a bien fallu se résoudre à constater que la simple diagonale d'un carré n'avait pas une longueur exprimable comme un partage de nombres entiers . Pas plus que la longueur de la circonférence d'un cercle .... et cet "au-delà" des nombres fractionnaires pousse même l'insolence jusqu'à être infiniment plus peuplé que le premier : non seulement il y en a , mais en quantité infiniment plus grande !

 

Prenons-en donc notre parti , et notons qu'à moins d'être dans des cas simplissimes , il y a toujours un au-delà de nos représentations des phénomènes , que ce que nous avons de ces phénomènes est une certaine approximation ( voire une approximation très remarquable au point de pouvoir envoyer des astronautes sur la lune , etc .. ) , mais que cela reste tout de même une représentation "approximative " .

La somme des apparences ne fera jamais "l'essence" , et on pourra par "magie" essayé de prendre les attributs de ce à quoi on aspire , et d'imiter aussi parfaitement qu'on veut tel ou tel aspect d'un élément : l'imitation " parfaite" restera "canada dry " .

Qui veut faire l'ange , dit Pascal , fait le béta ....

 

 

 

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Tout ce qui est vrai est du tenu-pour-vrai ( Wittgenstein , De la certitude )

 

Si tout ce qui est vrai est du tenu pour vrai ,

ne resterait-il rien , il resterait toujours

l'hypothèse légère à la grâce azurée

délivrée de frontière et d'interdit de cour

 

Il resterait toujours l'irrépressible envie

d'élargir le sensé à ce qui est sensible

et d'aller au-delà des savoirs in-finis

dans un étonnement de candeur et de givre

 

Il resterait toujours l'irrépressible envie

de sortir des routes de certaines déroutes

et d'aller par les jours percés dans le tamis

du quotidien vers les étoiles et leur voute

 

Il resterait toujours d'effleurer du regard ,

incertain troubadour , les mémoires du temps

que les soirs préfacent aux soiries dont ils parent

les archives des jours de leurs longs doigts tremblants

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au-delà du bien et du mal

Mison , interrogé de quoi il riait tout seul : " de ce que je ris tout seul " répondit-il (Montaigne ,  Les essais , III , 8 )

Qu'est-ce qu'une vérité ? Une multitude mouvante de métaphores , de métonymies , d'anthropomorphismes , bref , une somme de relations humaines qui ont été rehaussées , transposées et ornées par la poésie et la rhétorique et qui après un long usage paraissent établies , canoniques , contraignantes aux yeux du peuple ; les vérités sont des illusions dont on a oublié qu'elles sont des métaphores usées qui ont perdu leur force sensible ( Nietzsche , Vérité et mensonge au sens extramoral )

Niels Bohr : Le contraire d'une vérité profonde est une autre vérité profonde

Wittgenstein : Tout ce qui est vrai est du tenu-pour-vrai

Montaigne : Quelle vérité que ces montagnes bornent , qui est mensonge au monde qui se tient au-delà ?

 

Voilà ce qui peut illustrer ce que j'ai appelé "principe de Peter des principes" dans l'article précédent ( tout principe finit par atteindre son niveau "d'incompétence" ) .

Quand on a avancé assez loin dans la voie d'un principe pour constater que son absolutisme conduit à son niveau d'absurdité ou d'intégrisme "dur" , que fait-on ? Quelles conséquences peut-on en tirer ?

On peut alors s'intéresser aux chemins proposés par les uns pour continuer la promenade dans ce no man's land de principes .

Si toute vérité est du tenu-pour-vrai , comme le dit W , quelles conséquences pratiques pour ces auteurs ?

1- D'abord pour Wittgenstein , on en arrive au domaine de l'indicible , qui reste donc d'un abord strictement personnel : " à propos de ce dont on ne peut parler , il vaut mieux garder le silence " , dit-il ; et de préciser quelques lignes avant dans le "Tractatus" : si vous avez déjà appris à marcher en suivant mes remarques , estimez-vous déjà heureux , et continuez donc la promenade tout seul hors des sentiers battus maintenant que vous en avez la possibilité .

Dont acte . Fermez le ban . Mais comme la "Diagonale du fou" vient de se terminer à la Réunion , on peut aissi songer à se reposer un peu après 166 km d'efforts ou plus de cent pages du Tractatus .

 

2 – Montaigne , Lao Tseu , Socrate , voire Héraclite , sont ensuite sur des options assez semblables : Montaigne peut être leur "porte-parole" quand il dit :

( Le sage / le saint / le chercheur ) " est une carte blanche préparée à prendre du doigt de Dieu telles formes qu'il lui plaira y graver" ( II , 12 , 145 )

Bien sûr , la terminologie n'est pas la même : Socrate a son daïmone , son "ange gardien" , son "génie", cet esprit qui lui parle , le conseille , qui communique avec lui dans une sorte d'illumination mystérieuse , voire mystique  ;

Lao Tseu évoque le Tao , source et Voie originelle de toute chose agissant par l'intermédiaire du yin et du yang pour instaurer en permanence de nouveaux équilibres ; pour Héraclite , c'est le Feu qui est fondateur de toutes choses ( on pourrait traduire par énergie consciente ) , lorsqu'il est dans une phase "descendante" , créative :  et , dit-il "le chemin du bas ( de la création ) et le chemin du haut ( du retour au Feu ) , sont un seul et même chemin " ( une seule et même Voie dans le vocable de Lao Tseu ) .

Mais pour tous , il s'agit essentiellement d'effacer les écrans qui encombrent nos visions , et d'être au plus près de la source inspiratrice de toutes choses , de son élan , de son souffle .

On pourrait pour conclure brièvement cette très courte note , citer Conche , à propos de Montaigne

"Montaigne a pris conscience de l'impossibilité de fonder , par la seule voie que connaisse la philosophie ( celle de la justification par la raison ) une vérité quelconque au sujet de la nature de l'homme . Il n'y a pas de vérité sur l'homme accessible à l'homme . Il n'est pas possible de dépasser ici le domaine de l'opinion ( M ou la conscience heureuse , p 42 )

Et donc , méfiance vis à vis de la raison et de toute forme d'absolutisme et de sanctuarisation des principes

3 ) Une troisième voie fut ouverte par le génie mathématique de Gödell dans les années 1930 ; Gödell démontre dans ses fameux théorèmes que les vérités mathématiques ne sont pas toutes démontrables , ( seul un "petit" nombre le sont ) et que la cohérence logique d'un système ne peut pas être prouvée en restant dans le cadre du système lui-même .

Pour faire (très) court , disons qu'en mathématiques , comme dans tout autre domaine de réflexion , il y a d'abord un champ d'hypothèses , d'axiomes de base , qui assurent les fondations de l'édifice ;

il y a ensuite les règles de calcul , de logique , d'inférence ... qui permettent à partir des briques de base de construire l' édifice .

Ce procédé , à peu prés général à tous les domaines de réflexion , a des limites strictes ( ce que Gödell a démontré dans le champ mathématique ) , ce que j'ai appelé principie de Peter "ultime" ( tout principe , toute théorie , finit par atteindre son niveau d'incompétence ) : la raison , le "raisonnable " , a ses limites strictes ; découper le vivant en une multitude de sous-segments pour établir des frontières d'autant plus intangibles qu'elles sont artificielles et n'existent souvent que dans la tête de leurs concepteurs ........... est une tentative peut-être louable dans certains cas , mais pas assez général ... il faut tendre vers un domaine de conscience plus élargi , plus général , plus global

(De plus , ce qui est gênant tout de même , est que toute les "vérités" ainsi établies sont strictement dépendantes des axiomes choisis .....)

Comme pourrait le dire W , on a appris à marcher hors des sentiers battus , marchons .... en silence !

Ou comme le préconise Nietzsche , allons "au-delà du bien et du mal" .... , vers un domaine de conscience échappant à la dichotomie simpliste des frontières .

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