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miroitement des mots

Les langages de la "création" .

Que nous apprend le langage à propos de tout processus de création ,
cet acte qui consiste à faire apparaître quelque chose d'effectivement
nouveau ,  non un réarrangement , une redisposition , un "remake"
gadgétisé d'une version déjà connue d'un phénomène ?
Le langage manifeste 4 grands axes pour évoquer ces processus créatifs :

 

1) Par une métaphore qui consiste à faire sortir de sa gangue une pierre
précieuse , le langage parle d'abord de se dé-faire de ses présupposés ,
de ses préjugés , de dé-construire un existant donné :
il y a des mots comme dé-couvrir ( "enlever ce qui empêche de voir
l'objet , le phénomène ") ; dé-celer ("faire disparaître ce qui cèle la
réalité") ; dé-tecter ( "tectum" est le toit en latin : détecter est donc
"enlever le toit" qui entoure le phénomène) ; dé-nicher ( toujours la même
métaphore , "faire sortir de sa gangue") ; dé-pister ( "faire sortir des
chemins sans doute bien battus ") ; dis-cerner ( "séparer un élément de
son amalgame primitif ) ; per-cevoir et per-ception ( c'est la même racine ,
celle de capio /prendre en latin qu'on retrouve aussi dans captivé et
captif , captation ... et qui consiste ici à aller "à travers" ce qui
est "capté" , pour rendre compte du phénomène lui-même) ; etc ...   

 

2) Il y a aussi l'idée d'aller à l'intérieur du phénomène , non de
dé-construire et de dé-truire son environnement , mais de s'en imprégner
plus en profondeur , de s'en imbiber :
de la même racine que le dernier mot évoqué , il y a "concevoir" et
"conception" , "concept" ( racines "cum" , avec ou ensemble , et "cevoir"
ou "ception"pour des termes se ramenant à capio /prendre , soit :

"prendre dans son ensemble " un phénomène donné ) ;
il y a dans la même évolution sémantique :
"inventer" ( de in-venio , pour "in"/dans et venio/venir , soit "venir
dans") , pour signifier d'aller au coeur du phénomène , pour mieux en
capter l'essence ;
"inspiration" ( in /dans et "spiro" qu'on retrouve dans "res-spiration"
, soit "se laisser pénétrer par l'air" , par l'idée , pour aller là
aussi au coeur et à l'essence du phénomène) ;
"intuition" (toujours in/dans , et le verbe latin tueor /regarder ,
soit ici "regarder dans" , donc observer , aller le plus prés possible¨
de l'essence du phénomène) ;
"trouver" ( du latin populaire "tropare"/composer,inventer , qui à la
même racine que "tropisme" , soit ici pour la signification première
"se tourner vers" l'objet , le phénomène pour mieux s'en rapprocher)
( à ce propos , on conçoit mieux que de "tropare"/composer,inventer,
soient issus sur la même racine que "trouver" : trouvère puis
troubadour) ;
"comprendre" est le doublet étymologique de "conception" ( ici on a
toujours "cum"/avec , ensemble , et "prendre" qui à la même signification
que "capio"/prendre) ; etc ...

 

3) Il y a en anglais deux termes venant de racines différentes que
les mots évoqués ci-dessus et qui traduisent encore un aspect distinct
du processus de création :
d'abord "understand"/comprender ( de "Under"/sous et "stand"/se tenir ,
exprimant l'idée de "se tenir sous" , "à la base" du phénomène , ni
dehors , ni dedans , mais dessous , à la base ) .
"to find"/trouver , venant d'une racine proto-germanique "findan"/aller
au-dessus , et de la racine indo-européenne "Pent" qu'on retrouve dans
"pont" /aller de l'autre côté , ou dans péri-patéticienne/qui va de ci-
delà) : to find/trouver , c'est aller au-dessus pour avoir une vision
plus globale du phénomène .

 

4) Il y a enfin des termes qui n'expriment pas d'idées métaphoriques
particulières d'aller dans , ou en-dessous ou au-dessus ou d'aller
déconstruire le phénomène :
"créer" vient de la racine indo-européenne Ker ou Kre qui exprime une
idée de croissance ,qu'on retrouve en italien avec crescendo/en croissant
, dans le verbe latin crescere/croître qui a  donné "croître" en
français , etc ...: créer , c'est augmenter , rajouter quelque chose à
ce qui est déjà connu ;
"génie" vient de la racine "Gen" qu'on retrouve dans "génitrice",
"géniteur" , "génération" , "générer" puis dans "gens" et même dans
"néant"( no-gens , personne) , etc ... : un "génie" , ou "générer"
expriment l'idée de "porter , d'enfanter un ou des concepts" .
Comme tout vocable n'est pas nécessairement indo-européen , il y a
aussi un exemple qui paraît échapper à cette tendance lourde :
"imaginer" vient du latin "imago" (image,représentation,imitation) ,
dont on n'a pas retrouvé d'éléments semblables dans la multitude
des autres langages indo-européens : mot ou concepts préexistants à
l'indo-européen ? ( c'est à dire de plus de 5000ans ) ?
Toujours est-il qu'imaginer a de nos jours une acception très
différente de "image" , c'est aller "au-delà" de l'image ,
mais en même temps porter en soi une "image" , c'est à dire une
représentation ("créative") du phénomène .
on peut terminer un état des lieux ...non exhaustif , par :
"fiction" ( racine fingo en latin/pétrir,façonner , dont le participe
est "fictus" , qu'on retrouve en anglais avec finger/doigt ) :
une fiction , un acte fictif , correspondent à un processus de création
qui se ramène à un pétrissage d'argile avec les doigts , avec de nos
jours des sous-entendus qui les rapprochent un peu étymologiquement et
sémantiquement de "manipulation " ...


Il en va finalement du processus de "création" ce que la tradition
en sanskrit des Védas nous rapporte :
il y a Bramha le créateur , Vishnou le protecteur de la création , le
"structuraliste" , et Shiva le "déconstructeur" d'un cycle de création :
cette racine commune des deux mots "Str" , ou "Ster" se retrouve aussi
dans "instruire" et "construire"( processus constructif qu'on a dans les
mots exprimant l'idée d'aller dans , sous , au-dessus, au coeur des
phénomènes pour mieux en percevoir leurs essences ou leurs globalités) ,
ou "détruire" ( processus "déconstructif" qu'illustrent des mots comme
dé-couvrir , dé-celer , dis-cerner ,  dé-pister , etc ..) .
Brahma serait dans cette métaphore le "génie" "créateur" qui enfante et
"génère" la création , qui imagine et façonne la "fiction" du monde , ..
( quoique ..."imaginer" n'aie pas de correspondance en sanskrit , semble-t-
il...ce qui limite la métaphore ..) .

 

 

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De l'esprit de géométrie et de finesse dans le mot "Mesure"

Le mot "mesure" vient du latin mensura (mesure) , et du verbe metior
(mensus au participe) : mesurer , eux-mêmes du radical
indo-européen Me(t) (racine 703-4 de Pokorny) qui exprime l'idée de
mesurer :
ce mot "mesure" participe à la fois à l'esprit de géométrie quand
il signifie prendre des mensurations , ou prendre des mesures dans
le sens de s'organiser ...
Il participe à l'esprit de finesse quand il signifie "être mesuré" ,
faire bonne mesure , prendre la mesure de (estimer une situation ,
évaluer ) , prendre la juste mesure de , ou à contrario  faire
preuve de démesure , etc ...
Il a aussi un  intermédiaire dans des expressions comme :
"être en mesure de" (être capable de ) , "deux poids deux mesures"
( où "mesure" prend le sens de "décision") , au fur et à mesure
(petit à petit) , dépasser la mesure (où "mesure" prend le sens de
"règles de ce qui convient") , etc ...

 

On peut se poser la question de savoir à partir de quand ces
distinctions se sont opérées dans les langages , si cela est
simplement la traduction d'une évolution "moderne" des mentalités .
L'examen de la filière indo-européenne nous en donne des réponses :
dans la plus ancienne source connue de langage indo-européen , le
sanskrit , on trouve les termes suivants :
matra ( mesure , mensuration) , mati ( mesure , connaissance juste ,
sagesse) , miti (mesure , connaissance) ...
En grec , cette filière fait apparaître :
metron ( mesure , instrument de mesure ) , metristes ( juste mesure ,
modération ) , metis ( sagesse , ruse , aptitude à faire des plans ,
qui est le propre d'Ulysse dans le poème d'Homère) , metiao (méditer),
etc  ...
La réponse à la question introductive apparaît ainsi sans équivoque:
d'aussi loin que remonte nos connaissances sur le langage écrit (4000
à 5000 ans environ -- ce qui est très peu en regard de l'évolution de
l'humanité ...) , cette distinction entre les deux formes de "mesure",
entre mensuration et être mesuré , a toujours été perceptible .
La "métis" grecque nous donne une bonne idée de la perception de
l'esprit de finesse à la "mode" Ulysse :  
cette "métis" se traduit aussi bien suivant les circonstances par
science , sagesse , adresse , habileté , ruse , art , calcul ,
connaissance équilibrée , efficace , subtilité , etc ... !

 

En revenant à des notions de langages contemporains , voyons d'abord ce
qui dans la filière examinée se rattache au registre "esprit de
géométrie" : il y a mètre , métrer , paramétrer , symétrie , diamètre
géométrie (mesure de la Terre) , baromètre , thermomètre ,
trigonométrie , pentamètre , hexamètre ...
toujours dans ce registre géométrique , il y a avec le radical "mens"
de mensura : mesure , mensuration , dimension , mesurable , immense ,
incommensurable , commensaux (personnes partageant la même table , du
latin mensa : table) , etc..
D'ailleurs ce rapprochement entre une table et un instrument de mesure
est  assez fréquent : on peut évoquer la même évolution sémantique
avec comptoir et compte ; table et tabuler , tabulation ,table de
calculs ; banc , banque et banquier , etc ...

Dans la pratique courante , voyons comment les deux registres
"géométrie et finesse" peuvent  avoir des éléments communs et
se confondre parfois :
Dans le langage musical d'abord , il y a le "métronome" qui donne
la "mesure" : il y a là essentiellement deux termes du registre
géométrique ; mais c'est à travers cette mesure du métronome que
la performance peut s'accomplir et que l'interprète peut donner
toute sa mesure (ou sa démesure ..) : de la même façon  qu'on ne
peut lire à travers les lignes que s'il y a des lignes , on ne peut
donner sa mesure que s'il y a une mesure ...
La musique donne de manière plus générale l'exemple d'une rigide
codification géométrique de son écriture et de ses harmoniques ,
et en même temps la possibilité de dépasser considérablement ce
stade pour qu'à travers lui s'exprime toute la "mesure" (le talent)
de l'interprète .
En termes de poésie , la "métrique" présentait ou présente encore
une (certaine) importance : on comptait les pieds , on tenait ou
tient encore un peu compte d'un certain rythme de la phrase et des
rimes : il y des poèmes en hexamètre , en pentamètre (5 pieds) .

De façon plus globale , l'interpénétration des registres de la
"géométrie" et de la "finesse" ( ou l'absence de finesse)
est très fréquent en français .
Donnons quelques exemples :
il y a le calcul et l'esprit calculateur ; le double et la duplicité
( quant-à multiplicité , ce terme reste essentiellement du domaine
géométrique); le binaire et les combinaisons ; les entiers , les gens
entiers et les gens intègres , l'intégration (de tous les facteurs du
milieu pour aboutir à un équilibre , une "moyenne" , une synthèse ) ;
la main et le manipulateur ; l'artisan , l'articulation , l'art et
l'artifice...
Et pour en revenir à Pascal , il y a la cour de Louis XIV et la
multitude des intrigues , il y a la ou les règle(s) simple(s) ou
complexe(s) , l'étiquette , pour analyser ou codifier les situations
à travers les cribles de la raison ou des dogmes ;  et puis il y a
ce qui dépasse les règles ( dans un sens , pour aboutir à une
perception plus pleine , globale ,synthétique des situations .... ,
ou le dépassement de ces règles dans un autre sens ...) .

 

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Science et conscience

science et conscience

La "science" est du domaine de ce qui consiste à dire , dans
la très grande majorité des cas et des personnes qui s'en
revendiquent , "je sais" ( comme le donne entre autres son
étymologie , "scio" , je sais ) , alors que la conscience
relève d'une démarche qui s'apparente plus à celle de Socrate
et de Montaigne ( "que sais-je ?" dit Montaigne sur le devise
qui figure  à son blason  ) .
Comme le dit bien Montaigne , je préfère qu'une personne ait
la tête bien faite que bien pleine , et je préfèrerais , si
j'avais un fils , qu'il soit formé à l'école des gens qui ont  
le contact et l'expérience du terrain plutôt que formé

"aux écoles de la parlerie " .

 


Montaigne souligne ici deux aspects de ce que nous pourrions
appeler de nos jours "les élites" , du nom de ceux qui se
drapent volontiers dans cet étendard de ce qui relève souvent
d'une vacuité certaine :
première aspect , celui qui relève de "la tête bien pleine " plutôt

que bien faite ;
et deuxième aspect , celui des "écoles de la parlerie" , des
récitants de dogmes , de crédos , des postulants aux dégaines
et aux rengaines , aux postures qui sont souvent des "en-postures"
c'est à dire des "impostures" ( comme le veut ici l'étymologie
de cet "in" , dans ce cas particulier , qui veut dire "en" , comme
le "in" anglais d'ailleurs ) .
Cette "science" là est cette science du "je sais" , des récitations
des catéchismes et des catalogues de circonstances laborieusement
appris et récités avec d'autant plus d'ardeur qu'appris sans être
vraiment compris ,  appris avec d'autant plus de souffrance que
non compris .
Cette situation n'est guère nouvelle , Montaigne le rappelle ,
"asinus asinam fricat" (l'âne se frotte à l'âne) dit la maxime
latine) , "qui veut faire l'ange fait la bête" dit Pascal , ou
comme le dit encore un proverbe : quand quelqu'un raconte une
bêtise , il y a toujours deux personnes stupides : celle qui
raconte la baliverne , et celle qui l'écoute .
Cette "science" des "docteurs" , des doctrines et des doctrinaires
est tant soit peu "ancienne" , comme les antiennes affectées aux
mêmes rubriques .

 

La "conscience" est d'un autre registre : elle s'exprime avant
tout comme le soulignent Montaigne et Socrate , par des
interrogations , par un esprit d'ouverture et d'écoute  , dégagée
de toute forme de clientèle , ( comme la pratiquent les sophistes
de toutes les époques) ,  et de clientélisme , de pros-élytisme et
pseudo-élitisme : la conscience n'est pas du registre de ce qui se dit
pour "occuper le terrain" , "pour avoir le dernier mot" , dans une
quête de pseudo-pouvoir ; la conscience n'est pas du domaine de
ceux qui se rassemblent pour se ressembler ou l'inverse , à des fins
le souvent plus mercantiles : ânonner à plusieurs un parti pris
quel qu'il soit à des fins "tactiques" .
La conscience est du domaine qui consiste plus à "avertir"
( étymologiquement : ad - verto : se tourner vers ) qu'à chercher des
"adversaires" ( même étymologie : ad - verto : se tourner vers , mais
cette fois à des fins belliqueuses ) ; ainsi , si avertir et adversaire
sont en quelque sorte des doublets étymologiques , ils soulignent bien
que c'est l'état de conscience qui fait la différence entre les deux .
Celui qui en se "tournant vers" son interlocuteur , cherche un
adversaire ou un allié de circonstance à des fins de politique polémiste
celui-là est dans le registre "sophiste" ; celui que "se tourne vers" son
interlocuteur pour l'avertir , pour pratiquer un éveil de la conscience
ou comme le propose Socrate dans son art de la maïotique , pour l'aider
ou pour s'entraider , celui-ci est dans le registre de la recherche de la
conscience , de "l'éveil" à des réalités qui dépassent le plan des
"tactiques" ou "des tic-tacs" d'appareils .

 

"Le poète est semblable au prince des nuées
qui hante la tempête et se rit de l'archer ;
exilé sur le sol au milieu des huées
ses ailes de géant l'empêche de marcher "

 

Mais ne vaut-il pas mieux sympathiser avec le poète de Baudelaire

, avec Montaigne ou Socrate , qu'à pratiquer la politique de la

terre brulée dans des guerres de religions ou de pseudo-dogmes

sempiternels ?

 

 

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De la mesure et de l'infini (2) : la masse zéro du photon et le zéro absolu

 

 

Dans l'article précédent , on évoquait la distinction entre un objet pouvant

présenter un caractère infini et une mesure de cet objet pouvant présenter

un caractère fini , ainsi que les risques et les paradoxes intervenant à

utiliser abusivement la notion d'infini .

Poursuivons un peu l'examen de ces rapports et des interprétations ambigus

qui peuvent intervenir entre le fini et l'infini :

 

 

la vitesse de la lumière est finie ( aux alentours de 300 000 km/ s ) , mais

aucune particule ayant une masse ne peut l'atteindre , il y faudrait pour cela

une énergie infinie … d'où une nouvelle ambivalence entre le fini et

l'infini : une vitesse finie nécessitant une énergie infinie .

Il s'ensuit qu'on est amené à poser que le photon , ce ''grain'' de lumière ,

a une masse nulle : on est donc en présence d'une entité , dite corpusculaire,

à la fois matérielle , et immatérielle puisque de masse nulle .

La difficulté à appréhender la notion de lumière ne s'arrête pas là , puisque

suivant les expériences auxquelles on peut la soumettre , la lumière

présente soit des aspects de particules ( ''grains'' ou photons) , soit des

aspects d' une onde .

La prudence requiert donc de ne pas confondre trop vite ce que l'on mesure

et ce qui est , et de se contenter de dire que la lumière est une ''entité'' qui

peut présenter des aspects ondulatoires , des aspects de corpuscules à la

fois matériels et de masse nulle (immatériels) , à la fois douée d'énergie

(puisque c'est la lumière du soleil qui nous éclaire ) et sans énergie (puisque

de masse nulle : Energie = masse x carré de la vitesse de la lumière) , ….

On mesure ainsi des choses qui ne sont pas toujours ''raisonnablement''

compatibles , mais qui pour autant existent ''réellement'' , dans un réel que

nous avons parfois du mal à percevoir ''globalement'' , dans son ensemble.

 

Rien ne peut-il réellement dépasser la vitesse de la lumière ? ….

Ce n'est pas ce que dit la théorie : la théorie le dit de tout objet matériel .

Mais une entité ''immatérielle'' ?

Prenez par exemple une paire de ciseaux de longueur ''un kilomètre'' ,

refermez les branches des ciseaux en un centième de seconde , et vous

aurez au point de rencontre des branches des ciseaux un point ''immatériel''

se déplaçant à 100 km/ s ; prolongez les branches des ciseaux d'une

longueur appropriée mais finie , et vous aurez un point ''immatériel'' qui

dépassera la vitesse de la lumière , le tout avec des manipulations

théoriques se faisant avec des éléments finis allant bien moins vite que la

vitesse c de la lumière …

Prenez également un objet et une lampe de poche , et intéressez-vous à

l'ombre de l'objet ( un mur de 1 mètre de haut par exemple ) que vous

pouvez faire avec votre lampe de poche :

en vous plaçant à une ''certaine''distance de l'objet et en déplaçant votre

lampe verticalement , il arrivera un moment (quand votre lampe va se

trouver à près d' un mètre du sol) où l'ombre de l'objet va s'étirer à une

vitesse qui va dépasser celle de la lumière ….. Si votre lampe de poche n'y

suffit pas , refaite la même expérience en la remplaçant par le soleil et en

gardant toujours votre mur …. L'ombre peut aller plus vite que la lumière

 

 

Le zéro absolu des températures donne un autre exemple faisant intervenir

simultanément des notions de fini et d'infini : en effet , pratiquement ,

si vous voulez disposer d'un réfrigérateur pouvant amener vos provisions

vers le zéro absolu des températures , il y faudra consacrer une énergie

infinie : le zéro intervenant ici est ''fini'' mais inatteignable , nécessitant

des quantités ''infinies'' pour y arriver ...

 

 

Un des aspects des problèmes intervenant ici est de réaliser comment on

peut faire du discontinu avec du continu : comment créer des ruptures

brutales dans des phénomènes évoluant de façon régulière , continue ?

Prenez toujours l'exemple du mur de 1 m de haut et étendez - vous

derrière le mur un jour de soleil , du côté Est . Tant que vous n'êtes pas à

l'ombre , vous voyez le soleil , et puis subitement à un instant t donné ,

vous ne voyez plus le soleil qui a ''glissé'' derrière le mur .

Vous répondez par oui ou par non : vous voyez le soleil , vous répondez

1, vous ne le voyez plus , vous répondez 0 : il y a là un phénomène

soudain à l'instant t où le soleil disparaît qui fait passer de la valeur 1 à

la valeur 0 , et qui traduit instantanément une évolution infiniment

rapide .

Dans la représentation qui est la votre , il y a un phénomène discontinu

qui vient de se produire , avec une vitesse d'évolution ''infinie'' .

Il n'y a là qu'une question de méthode de représentation du phénomène

du coucher du soleil , méthode qui ''crée'' du discontinu à partir de

phénomènes continus et des vitesses d'évolution qui peuvent sembler

infiniment rapides . … donc prudence quand on interprète des

phénomènes faisant intervenir des mesures infinies .

 

 

Un autre aspect des problèmes qui se produisent avec des infinis peut

être lié à la notion ''d'asymptote'' : au bout d'un nombre indéfini d'étapes

vers quel comportement tend un certain processus ?

Par exemple , dans un processus donné , à chaque étape , on rajoute 1 à

la valeur observée au début de l'étape puis on divise le tout par 2 ; vers

quoi tend l'évolution du processus au bout d'un nombre indéfini

d'étapes , quand au début du processus on part de R(0) ?

Un calcul assez simple montre que , lorsque le nombre d'étapes tend vers

l'infini , le résultat tend vers 1 : on dit alors que le processus admet pour

limite 1 , ou qu'il tend asymptotiquement vers 1 .

Il y a là encore une imbrication de fini et d'infini , dont il faut prendre

garde à ne pas interpréter abusivement la relation .

 

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De la notion de mesure et de celle d'infini

Parmi les nombreux "paradoxes" ou résultats surprenants dans le
domaine des sciences à propos de "l'infini" , figure entre autres
celui-ci :
une étendue , une surface peut être illimitée , infinie , tout en
ayant un terme dont la mesure reste finie ; vous avez par
exemple un champ infini , bordé d'un clôture "infinie", mais les
animaux que vous pourriez mettre à l'intérieur  pourraient ne
paître qu'une parcelle de mesure finie , un hectare par exemple .
Cela paraît à priori assez contre-intuitif , car on s'attend à ce
que en s'éloignant "à l'infini" , la surface de pâture devienne
aussi infinie . Eh bien non , cela n'est pas systématique , cela
peut être vrai dans certains cas et faux dans d'autres .
Si on prend par exemple les deux clôtures qui bordent un champ
dans la direction où il s'étend à l'infini , à une
distance de 1/x^2 l'une de l'autre , où x mesure la distance
franchie depuis l'origine du déplacement , des calculs simples
donnent pour la mesure de cette surface la valeur de 1 unité
( par exemple un hectare si votre unité de longueur est le
"100 mètres" ) : et cela aussi loin que vous puissiez aller dans
la direction concernée ..
Un autre exemple simple peut encore être donné : en plaçant à
partir d'une origine donnée des carrés jointifs par un côté , de
côté 1 pour le premier , 1/2 pour le deuxième , 1/4 pour le
troisième , 1/8 pour le suivant , etc .. et ceci indéfiniment ,
l'étendue ainsi obtenue aurait une mesure finie ...Laquelle ?
Un peu technique , il s'agit d'additionner :
1 + 1/4 + 1/16 + 1/64.... +1/2^n ( nième étape) + .... , qui
donne comme valeur 1/(1 - 0,25) = 4/3 d'unité ( formule des
suites géométriques , disons niveau seconde ou première ).
La surface ainsi obtenue "augmente" régulièrement et s'étire à
l'infini, tout en ayant une étendue de pâture dont la mesure
reste  inférieure à 4/3 d'unité .

 

Il faut donc faire attention à bien différencier ici la notion
d'étendue , qui peut être infinie , et ce qui mesure l'étendue ,
qui peut être fini ( ici 4/3 d'unité) .

 

Ceci amène une première observation : entre une chose et la
mesure de la chose , il peut y avoir des ordres de grandeur
totalement différents , et entre deux mesures de la chose aussi,
suivant ce que l'on mesure :
dans l'exemple ci-dessus , si l'on mesure la longueur de la
clôture entourant le champ (son périmètre) , cette longueur est
infinie ...si l'on mesure la surface du champ , cette surface
est finie ... et la chose elle-même est à la fois l'une et
l'autre ou ni l'une ni l'autre (cela peut nous amener à la
physique quantique , où la lumière mesurée suivant certains
critères est onde , selon d'autres critères , particules ,
la lumière étant à la fois l'une et l'autre , ou ni l'une ni
l'autre , c'est à dire quelque chose qui prend l'aspect de
l'une ou de l'autre , mais qui est au-delà de ces aspects ..)
Donc prudence quand nous projetons des jugements , qui ne sont
que des mesures de ce que nous évaluons d'une chose ....surtout
quand nous projetons des dogmes , des caté-schismes , ... nous
sommes souvent catéchumènes d'églises ou de temples , de partis
ou de lobbies , dispensant des propos totalement fallacieux ...
Refermons cette porte entr'ouverte ..c'est à chacun d'apporter
des développements qui peuvent aller du fini à l'infini sur ce
genre de thème ...

 

Une deuxième observation réalisable est que l'exemple de ces
champs de pâtures introduit aux notions de sommes infinies
qui ont une valeur finie : si vous parcourez un chemin en
franchissant à chaque étape la moitié de la distance vous
séparant du terme , on pourra dire que vous effectuez un nombre
d'étapes pratiquement infini , avec une longueur du parcours
finie ... une somme du genre 1/2 + 1/4 + 1/8 + 1/16 + ...comporte
un nombre infini de termes , mais sa valeur est finie (et vaut 1)
... c'est le paradoxe de Zénon : le nombre d'étapes est
infini , la longueur du parcours est finie , l'infini n'étant
pas atteignable , Achille ne rattrapera jamais la tortue ...
sauf que l'on amalgame deux aspects différents d'une même chose
comme pour la mesure du champ : le nombre d'étapes ("infini") et
la longueur du parcours (finie) ..de sorte qu'Achille rattrapera
effectivement la tortue ...

 

Un des autres paradoxes d'utilisation "particulière" de la notion
d'infini est l'exemple de la somme suivante :
S = 1 - 1 + 1 - 1 + 1 - 1 ..........
Si on écrit S = (1 - 1) + (1 - 1) + (1 - 1) +..... on obtient
pour la valeur de S = 0 .
Si on écrit S = 1 - (1 - 1 + 1 - 1 + 1 - 1 .....) = 1 - S , on
obtient la valeur de S telle que 2S = 1 , d'où S = 1/2 .
D'où il découlerait que 0 = 1/2 ...
On pourrait appeler ceci le "deuxième paradoxe de Zénon" , dans
mauvaise utilisation de la notion d'infini  .

 

D'ailleurs en cherchant bien , on peut introduire l'infini dans
une mesure particulière de n'importe quel objet qui nous entoure,
suivant en particulier la méthode de Zénon ,  
de sorte que suivant ce mode de raisonnement , aucun objet
n'existerait ....on peut énoncer ce théorème :
" A couper des cheveux en quatre , et ceci indéfiniment , on
arrive à démontrer n'importe quoi , et son contraire " ..
ou encore :


Théorème 2 : "toute chose pouvant toujours présenter un aspect
infini dans la mise en place d'une de ses mesures , n'existerait
pas , puisque pour atteindre la chose , on devrait passer par
l'infini , qui est inatteignable " .

 

 

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De qui les fragilités françaises sont-elles le nom ?

A entendre certains commentaires , il semble que l'on s'étonne dans
la société française des problèmes d'autorité qu'on y rencontre ;
des problèmes associés à ce qui est appelé celui des "fake news" ;
des abus de ce qui est appelé la "société de consommation " et d'un
libéralisme excessif ; et parallèlement des rigidités bureaucratiques
de certaines instances .
Certes , certes ...il faut bien que les "zexperts" et les "zélites"
fassent entendre le son de leurs voix et nous enchantent de ces
phraséologies et logorrhées bien senties dont ils ont le secret ,
quitte à oublier dans le mois qui vient ce qu'ils ont dit 30 jours
avant ....Il s'agit plus dans leur cas de se soucier d'occuper le
terrain par la parole , que de tenir des propos soucieux d'un minimum
d'efficacité .
On  parle de démocratie , dans la pire situation du modèle athénien ,
quand les "sophistes" enchantaient leurs publiques de belles fables
dans des joutes oratoires toujours plus surréalistes et "emballantes" .
Il s'agit bien ici de parler d'emballement dans le double sens du
terme : celui "d'emballer" le chaland dans des idéologies et des
exorcismes de circonstances ;

dans le deuxième sens , celui où les propos tenus sont tellement

dépourvus de pertinence qu'on assiste à une course emballée vers

le mur : on y va , mais pourvu qu'on puisse continuer à diriger

l'équipage ,...
qu'importe le mur quand on a le murmure...

 


La cécité des uns et des autres est assez étonnante : après avoir
ruiné l'autorité dans le système scolaire depuis une bonne trentaine
d'année ... "on" s'étonne soudainement de la disparition de cette même
autorité dans la société !.. bel étonnement quand on voit venir cela
depuis des dizaines d'années ...Et puis , de qui l'autorité est-elle
contestée ?
Comme disait Mitterrand pour être aimé , il faut être aimable :  
Il faut bien reconnaître que pour avoir de l'autorité , il
faut aussi être capable de propos qui tiennent la route et non de
succédanés de discours de circonstances dont le seul but est d'assurer
sa subsistance ..pour être aimé , il faut être aimable ..pour avoir de
l'autorité , encore faut-il en être capable ..aussi simple que cela !
"De qui la non-autorité est-elle le nom ?"

 

"Les "fake news" sont des éléments qui perturbent le bon déroulement de
notre belle autorité "?!
Là aussi deux remarques qui sont des données d'observation bien percepti-
bles depuis des dizaines d'années :
après avoir consciencieusement ruiné l'autorité de l'enseignement , et
considérablement allégé les programmes et désarticulé leurs déroulements
, on "s'étonne" d'une certaine désarticulation des propos tenus sur les
"réseaux sociaux" ?!
Et puis , pour contester la désarticulation de certains  propos ,
encore faudrait-il ne pas voguer sans arrêt au gré des "tactiques"
aussi volatiles que les volatils du même nom !  
"De qui la désarticulation des propos est-elle le nom ?"

 

"Les excés de l'individualisme , de la société de consommatiom  
conduisent inèvitablement à un certain chaos " ?!
Mais qui fait sans arrêt appel à "la relance par la consommation "?
La relance par la consommation , c'est le moteur du fonctionnement
de l'économie française , nous disent les "zélites zexpertes"
Qui recueille chaque année 57% de la richesse nationale et fait par
dessus le marché appel aux déficits publics pour boucler ses fins de
mois ?!
Qui dépense chaque année 100 milliards de plus que ce qu'il
gagne ? Qui en 2012 avait pratiquement le même taux d'endettement
que l'Allemagne et qui en 2019 se retrouve à un taux d'endettement
de 100% alors que l'Allemagne en est revenu pratiquement à 65% ?
Les chantres qui dénoncent les excès de la société de consommation
sont les premiers à susciter ces excès !
On tient un discours par dessus la table et par dessous on fait le
contraire !
et on "s'étonne" que sa belle autorité de "templier" soit remise en
cause quand on contredit son propre catéchisme de façon aussi
flagrante ?!
" De qui le discours discursif est-il le nom ? et la communication

communicatoire ? "

 

"La France est un pays centralisé à l'excés avec des rigidités
qui plombent son bel ordonnancement " ?!
Mais qui centralise 57 % de la richesse nationale , en augmentant
les impôts de façon impulsive depuis une dizaine d'année ?
Qui a pratiquement augmenté la part du système public de près de
2 millions de personnes pour une efficacité qui va en descendant
depuis plusieurs dizaines d'années ?
Qui depuis peu a augmenté les charges des entreprises de plusieurs
dizaines de milliards , pour en redistribuer avec "la largesse du
prince " une moitié par l'intermédiaire des CIR et CICE ?
Bel exemple de "centralisation démocratique" que de prélever
d'une main pour rediriger de l'autre !
"De qui la centralisation bureaucratique est-elle le nom " ?!

"De qui l'activisme antipodiste est-il le nom " ?!
"De qui les fragilités françaises sont-elles le nom" ?!

 

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Les 4 yogas de l'Inde (Romain Rolland)

Romain Rolland (1866-1944) , prix Nobel de littérature en 1915 , fut
un grand connaisseur de l'hindouisme et de ses textes (notamment les
Vedas) . En 1924 il publia un texte sur Gandhi , puis celui de 1929
sur Vivekananda et les quatre yogas de l'Inde , dont nous partirons

dans cet article .

 

Pour comprendre les philosophes des Vedas , on doit d'abord réaliser
qu'ils se  fondent sur le concept de non-violence ("ahimsa") et
d'illusions de nos impressions sur le monde , de la confusion entre
le paraître et l'être (la "Maya") .
Donnons un aperçu sur ce concept de maya et tout d'abord de
"l'advaita" : ce terme sanskrit est basé sur le préfixe privatif
"a" ("non") et la racine "dv" que l'on retrouve dans "deux" , le latin
et le grec "duo" : pour l'advaitiste  le monde n'est pas "deux" ou

multiple , le principe essentiel du monde est "un" , c'est l'unité

cosmique transcendante qui est le souffle et l'élan qui anime tout

l'univers ( que l'hindouisme appelle le "Brahman" , que Lao Tseu

dans la tradition de Chine appelle le "Tao" ou "Dao") .
L'univers est un jeu spontané de cet élan qui , s'il peut être décrit,
le sera par "Sat" (Vérité illimitée) , "Chit"(Conscience illimitée)
et "Ananda"(Félicitée suprême) .
Ce concept "d'advaita" correspond à une philosophie dite "moniste"
(de monos ,pour "un" , comme pour le Taoisme ou le Bouddhisme) .
La plupard des "gourous" hindouistes sont inspirés pas "l'advaita".

 

Au fur et à mesure que cet élan créateur s'incarne dans le monde ,
une différentiation s'opère entre l'élan qui l'anime et la perception
qu'en ont "les êtres animés" :
tout ceci est une illusion , le monde est un jeu d'illusions dira
Bouddha .
Les advaitistes hindous dont Shankara et Vivekananda , diront que le
monde est réel , mais que les perceptions que nous en avons sont
toutes plus ou moins entachées de faussetés : cet écran interposé
entre le réel et nos perceptions est la "maya" .
On doit réaliser qu'il y a une réalité "en soi" , et des réalités
relatives que nous percevons et analysons , par exemple à travers
les lois de la science ( la théorie de la "Relativité restreinte ou
générale" , la théorie des quantas sont en définitive des "modèles"
qui permettent de réaliser des prévisions chacune dans leurs domaines
d'applications , mais sont-elles des théories "indestructibles"
décrivant une réalité ultime , aucun scientifique sérieux ne sera
tenté par une telle affirmation : ce sont des vérités relatives)  , et
ces "réalités relatives" sont la maya .
Donnons une deuxième illustration de ce que peut-être une vérité
relative : Dans le paragraphe 38 du "Tao Te King" , Lao Tseu dit
"après la perte du Tao vient la vertu / après la perte de la vertu
vient la bonté/ après la perte de la bonté vient la justice / après
la perte de la justice vient le rite ."
On peut ainsi concevoir que le "rite" est la manifestation la plus
inférieure de la vérité (une vérité dont on ne connaît plus le sens
mais qu'on continue à appliquer de façon purement mécanique ou
dogmatiquement "intéressée" , pour acquérir une "position") .

 

Romain Rolland nous dit :
La psyché de L'Inde se sent depuis des millénaires enveloppée de ce
filet gigantesque de la maya   .. et a cherché le moyen de passer
entre les mailles pour aller vers la lumière .
La lumière vers toujours plus de vérité et de sincérité , de liberté
et d'émancipation des dogmes  des idées reçues et de la roue du Karma
(l'allégorie du rocher de Sisyphe nous est peut-être plus familière
que la roue du Karma) , dans une recherche de toujours plus
d'altruisme , de compassion , de sollicitude envers toute forme de
vie ... du moins pour ceux qui adhère à cette conception de l'advaita .

 

Comment tendre vers cette liberté , cette libération ?
Il y a quatre voies , quatre types de yogas , pour aller vers le
Sat-Chit-Ananda .
Le karma yoga ou le yoga des oeuvres , s'inscrit dans un engagement et
un travail matériel : "ne pas chercher à fuir les rouages de la roue
du Karma , de la machinerie du monde , mais apprendre à les manier ...
partir du dedans pour aller vers le dehors ...apprendre à être
paisible et libre dans le travail " .
On pourrait exprimer ceci en disant"apprendre à "conscientiser" toujours
un peu plus chaque geste , chaque mouvement , chaque respiration  ,
de façon spontanée , non comme quelque chose ressentie comme un

devoir.

Il y a deux voeux (pas deux devoirs) dira Vivekananda :
1) vouloir tendre à la vérité    2) aider le monde

 

Le Bakti yoga ou le yoga du coeur , de la dévotion et de l'amour .
Dévotion n'est qu'un mot ; d'abord , qu'est-ce que la dévotion n'est
pas? Déjà , être dévot semble être à l'opposé de la dévotion !
Pour Vivekananda ,la vraie dévotion est le contact direct de l'âme
à Dieu ..."le travail réel de la religion ne concerne que moi . J'ai
mon idéal à moi , je dois le tenir secret et sacré ...la religion
profonde ne peut pas être rendue publique ...Je ne peux préparer mes
sentiments religieux en cinq minutes ...Une telle comédie est le pire
des blasphèmes ...comment des hommes peuvent-ils tolérer ce dressage
religieux !( p 52 tII) .
On le voit , pour Vivekananda , les tartufferies ou les intégrismes
sont les mêmes par toutes latitudes .
Si l'on exclut l'attitude du "dévot",quelle autre voie de "dévotion"?
Plus certainement dans le sens "d'être dévoué" , et comme précédemment
de "conscientiser" chaque attitude , chaque pensée dans ce sens du
dévouement à Dieu ,la plus haute dévotion étant celle qui conduit à

Dieu
"L'idéal est de voir Dieu " (et son amour) "en toutes choses . Mais
si vous ne pouvez le voir ainsi , voyez-le dans une chose, dans celle
que vous voulez , et ensuite dans une autre . Vous avancerez ainsi à
petits pas ...L'âme a devant soi la vie infinie ...Prenez votre temps
et vous atteindrez votre but "(tII p 50)

 

Le Raja yoga ou yoga de l'esprit , de la concentration .
Là il s'agit de ne pas s'agiter , agir et agiter sont deux pôles
inconciliables .
Pour Vivekananda "les pouvoirs de l'esprit sont des rais de lumière
dispersés , il faut les concentrer en faisceau pour qu'ils fassent
flambeau "(tII p 63) ... mais attention aux dérives ! :
"Tous ces inspirés ..rapportent de cet état , avec de grandes vérités
, de grandes erreurs , des fanatismes ... des hallucinations au bord
de la folie "(tII p63) .
L'objectif pourrait être de tendre "vers la suppression complète des
ondes dans l'océan de l'esprit " (tII p65) .
Quatre préalables sont concernés:
1) avoir conscience intime , pas seulement en parole , de "l'ahimsa" ,
la non violence envers toute forme d'existence .
2) rechercher la sincérité absolue dans tous les domaines d'activités
3) La non-convoitise , dans tous les domaines (charnels entre autres)
4) agir avec désintéressement
Il s'agit dès lors de tendre vers un calme , une paix et un vide
intérieur laissant la place à une conscience supérieure qui serait
en chacun d'entre nous ( le "jiva" qui est la part de chacun le mettant
en contact avec le Brahman ) : un peu et sous toute réserve , à titre
d'illustration , comme le  "daimon" de Socrate le mettant en relation
avec la divinité .

 

Le jnana yoga , ou yoga de la connaissance , de la conscience .
Il s'agit là de la voie qui consiste à tenter d'élever son niveau de
conscience par la réflexion , par la discrimination (viveka en
sanskrit)  c'est à dire la capacité raisonnée de faire le tri entre
toutes sortes de présupposés (c'est en quelque sorte la voie décrite
par Descartes : soumettre toute opinion à la raison , en priorité) :
 d'où le nom de Vivekananda , qui s'inscrit ainsi doublement sous les
voeux de discrimination raisonnée et d'ananda (joie , amour) .
Dans la démarche scientifique "occidentale", on pourrait dire que
l'objectif est de tendre vers une théorie de l'unité , en analysant
les faits sous leurs aspects extérieurs .
Dans la démarche hindouiste ,il s'agit d'une recherche "intérieure"
de tout ce qui peut tendre à l'unité des phénomènes .
Il faut prendre garde cependant à toute forme de prétention propre
à un un aspect de la  "connaissance" dans le monde occidental : ici ,
on assimile trop facilement l'intelligence à une capacité de mémoriser
des connaissances et à faire de la "jonglerie" intellectuelle avec
celles-ci : c'est  "évidemment" la face noire de l'intelligence ,
où des individus , sans avoir rien compris , délivre des discours à
n'en plus finir en déversant des flots de savoirs . C'est du sophisme
à la grecque tant décrié par Platon et Socrate , ce n'est plus de la
"sophia" et de la philosophie .
Le deuxième aspect critiquable dans le monde "occidental" , mais aussi
dans la voie hindouiste du jnana , est qu'en croyant multiplier les
exemples , les expériences et les connaissances , on arrive à une
vision "vraie" des phénomènes : vous pouvez examiner un arbre sous
toutes les "coutures" , en faire des descriptions toutes plus
exhaustives .... vous ne reconstituerez par pour autant un arbre
"en vie" : il manque toujours quelque chose à cette "connaissance".

 

On pourrait dire pour tenter de donner une conclusion que la voie du
jnana yoga est celle de Montaigne ( tout en enquêtant perpétuellement
se dire "que sais-je" et "mieux vaut une tête bien faite que bien
pleine") et de Spinoza (se débarrasser par la raison des affects
négatifs pour tendre vers une joie durable ) , mais ceci serait encore
une autre histoire ....
                                                                        phitey@free.fr
 

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Socrate , Jésus , Bouddha et Lao Tseu

Nous partons ici du livre de Frédéric Lenoir : Socrate , Jésus , Bouddha ,

trois maîtres de vie , auquel je joins un quatrième avec Lao Tseu .

 

Reprenons les conclusions de Frédéric Lenoir  qui prévalent aussi

bien pour Lao Tseu:
loin de s'opposer , les préceptes de ces quatre maîtres  ne
cessent de renvoyer l'un à l'autre ..
Chacun à sa manière ils ont invité les humains à vivre les yeux
ouverts , en communion joyeuse les uns avec les autres ...
Ils incitent  chacun à prendre conscience de ses limites tout
en montrant sans cesse la voie d'un dépassement et d'un progrès
Ils n'ont cessé de vivre en dehors des normes et des dogmes de
leurs époques , en recherche constante d'un "vrai" qui n'a de
sens que si ce vrai permet d'agir de manière bonne ...que si
ce vrai est mis en pratique dans le quotidien ,comme ils en ont
montrés l'exemple eux-mêmes .
Ils ne proposent pas un bonheur "clef en main" , des règles et
des principes qu'il suffit d'appliquer les yeux fermés pour
mériter un "salut" , ils proposent une voie de travail , un
élargissement constant de la conscience , une quête permanente
et insatiable de cet élargissement pour aller vers une
libération des illusions qui nous entourent ( nous les appelons
dans notre langage contemporain des "stéréotypes" individuels
ou sociaux , des codifications qu'on applique mécaniquement ,
qui subsistent quand leurs raisons d'être n'est plus qu'une
question d'autorité , etc ...) .
Et tous manifestent une joie de vivre qui va toujours au-delà
des frontières fermées d'horizons individuels , pour se mettre
de plain pied avec les autres , au point que leur statut
personnel leur paraît secondaire  , au point que leurs propres
vies , si elles doivent être mis en jeu est aussi secondaire
par rapport à leurs enseignements .   

quand on jette un regard avec un certain recul sur notre époque
nous pouvons avoir le sentiment que le moule de la pensée unique
du politiquement correct , de la langue de bois , du discours
appris et récité avec plus ou moins de réussite , des
proclamations des "zexperts" et des "zélites" n'ont jamais été
si prégnants dans une société , et si mal employés ...Cette
perception serait vraie et fausse à la fois , car c'est un
phénomène qui a eu lieu à toutes les époques,...du moins dans
les époques historiques .
Si le "parler vrai" paraît de plus en plus un "gros mot" , soyons
averti que cela a souvent , sinon toujours , été le cas .
La recherche de la "vérité" et le parler "vrai" ont souvent
condamné leurs disciples à être en butte à la morale établie
( rappelons que morale veut dire étymologiquement que l'on agit
selon les "moeurs" de son époque ...et que le mot de "moral" a
plus ou moins été remplacé par celui de "politiquement correct"
à notre époque, ce qui revient finalement au même , au prix
d' une adaptation de vocabulaire : la forme change , pas le
fond) .
Nos quatre adeptes du "parler vrai et joyeux" que sont Lao Tseu
Socrate , Jésus et Bouddha , ont connu ces difficultés et se
sont soit retirés de la vie publique et politique ( Bouddha
et LaoTseu) , soit ont continué à interférer avec la vie publique
et politique ( Socrate et Jésus)et l'ont payé de leur vie (ce
qu'ils considéraient comme secondaires par rapport à leurs
liberté de penser et de se comporter)

 

Derrière les mythes , ou les propos déjà évoqués ci-dessus ,
quels sont les points communs de ce qu'on peut appeler leurs
"enseignements"?

principe premier : ouvrir de plus en plus son esprit à son
environnement , au monde , en quête d'une forme d'universel ,
par un élargissement sans cesse revendiqué de la conscience ,
par un cheminement sur la voie de la compassion , de l'amour,
de l'effacement de soi (de "l'ego") :
effacer l'ego , effacer les écrans des illusions qui nous font
des obstacles et des barrières et nous cantonnent dans une
"facilité" du quotidien au prix de beaucoup de "difficultés"

à venir ( la "roue des illusions" que la tradition indoue appelle

le"Samsara", et qui nous enchaine à son manège) .
Si nous voulons progresser vers plus de liberté , d'autonomie
( sans même parler de salut ou d'éveil , ou en en parlant pour
ceux qui le veulent ) , il faut se dégager de ces illusions et
de leur confort à courte vue , des certitudes "en kit" . Il faut
effacer cette complaisance à appliquer mécaniquement des dogmes
sans les comprendre , cette complaisance à se couler dans des
habitudes  bien répertoriées qui  ont reçu l'aval des
"autorités" : tout ce que je sais , c'est que je ne sais rien
dit Socrate , et Lao Tseu lui répond :
"Savoir et douter de son savoir , voilà l'excellence
Ne pas savoir et présumer de son savoir , voilà l'erreur
C'est en étant conscient de son erreur  qu'on peut la corriger"  
( aphorisme no 71) .
Evidemment , cette attitude  a un coût social et nos quatre
maîtres ont empruntés le chemin d'une pauvreté , nécessaire
pour Bouddha ( "il faut se libérer de l'attachement à posséder")
pas suffisante dit encore Socrate.
"Il est plus aisé pour un chameau de passer par le chas d'une
aiguille que pour un nanti de gagner le paradis" semble être
un point d'accord général entre nos quatre personnages
( Matthieu XIX 24 ).
Ouvrir la conscience en se libérant de plus en plus de son "soi"
et plus précisément de son "quant-à-soi" semble bien être une
condition absolument indispensable pour les quatre .

 

deuxième principe :
Si l'image de la caverne de Socrate nous rappelle que nos
connaissances ne sont qu'un lointain reflet de ce qui peut
être , il serait convenable de sortir de cette caverne pour
aller à la rencontre du monde . Encore faut-il savoir que le
chemin est long , et pour reprendre l'image de Socrate , que
l'avancement vers la lumière du dehors en sortant de nos abris
est risqué , demande des efforts constants et résolus , et ne
peut se faire que petit à petit pour habituer progressivement
nos yeux à tous les éblouissements extérieurs .
Je ne suis qu'un taon qui vous aiguillonne , un poisson torpille
qui vous électrise pour essayer de vous donner une impulsion ,
dit Socrate , à vous de vous mettre en marche selon votre rythme
           Sortir , pour quelle destination et quel destin ?


Pour Bouddha , la destination et l'énergie du mouvement sont à
trouver dans une compassion générale pour tous les êtres vivants
, des plus modestes aux plus élaborés . Il ne s'agit pas d'une
compassion "égoïste" dans le but d'atteindre "son éveil
personnel" (puisque l'ego se doit de disparaître) , mais d'un
état où l'être est progressivement imbibé , envahi de ce
sentiment de compassion qui fait évanouir les barrières du soi
et laisse jaillir son élan vers le monde , comme une source qui
s'est dégagée de sa gangue de terre et coule  libérée et
spontanée : la spontanéïté se trouve en avançant , comme
l'allure en marchant , si on ne la trouve pas , c'est qu'on est
sur le mauvais chemin ou au mauvais pas .

 

Pour Lao Tseu , il s'agit de s'inspirer , puis de tendre ou
d'être dans la voie du Tao :
Qu'est-ce que le Tao ? C'est en quelque sorte le mouvement de
l'univers , son souffle , son élan et son énergie , de la plus
petite parcelle de matière jusqu'aux plus indiscernables
perspectives. Citons l'aphorisme 14 évoquant le Tao :

 

Haut , il n'est pas éclairé \ Bas , il n'est pas obscurité
Myriade d'effets  , on ne peut le nommer
Ainsi étant et insubstantiel\Forme sans forme , image sans image
fugitif et insaisisable .
Au devant on n'en voit pas la  tête
à l'arrière , on n'en voit pas la fin

 

Qui se laisse guider sur la voie du Tao
saura garder le cap dans les heurts du présent
Qui saura reconnaître l'origine de tout
aura en main les fils du Tao

 

Accompagner le Tao dans son souffle et sa respiration , en étant
ouvert et sensibilisé à toute forme d'être ou d'état , dans ce
qu'on peut appeler une compassion générale pour toute forme
d'état et même de non-état (de ce qui peut advenir comme de ce
qui s'est passé), voilà la voie du Tao et la voie de la paix
profonde .

 

pour Socrate , comme pour Bouddha ou Lao Tseu , il s'agit de
trouver en son intérieur la force qui préexiste (par la
méditation nous dit Bouddha , par la sensibilité nous dit
Lao Tseu) : par l'écoute  nous dit Socrate , de cette voix
intérieure qu'il appelle le "daïmon" , qui est plus un
compagnon de route qu'un guide , et  dont la voie conduit
à l'élévation , à la sérénité et à la joie .
Il y a un impératif à ce cheminement intérieur : adopter un
comportement de justice la plus complète envers quiconque ,
préférer subir l'injustice que de la commettre , étant
entendu que celui qui commet une injustice ou un acte
délictueux en supportera de son propre fait les conséquences
futures (  un peu dans la tradition de l'ubris grecque , de
cette démesure qui gonfle d'importance jusqu'à éclater d'un coup
d'épingle ; comme pour Bouddha en quelque sorte , où le prévenu
s'enchaîne toujours un peu plus à la roue des conséquences de
ses actes ).

 

Pour Jésus , un chameau passera plus facilement par le chas
d'une aiguille que le "nanti" (plus que le riche) atteindra le
paradis . Par "nanti" , on peut convenir qu'il s'agit aussi
bien des "gardiens du temple" que des "marchands du temple"
que Jésus est obligé de "chasser" , et de l'hypocrisie
générale dont s'inspire les "pharisiens" .
Une faute à la sincérité des actes est un élément non pas
impardonnable , mais un élément de sortie de route aussi
imparable que l'est un acte de violence pour Bouddha ou
un acte d'injustice pour Socrate  , aussi enfantin que la
raideur de celui qui croit s'opposer à un équilibre du Tao
Pour Jésus , le mouvement du monde est régi par un amour
universel qui touche dans la plus parfaite égalité tous les
êtres ( dans la plus parfaite justice dirait Socrate) et se
mettre en travers de cet élan est aussi peu pourvu de sens
que de prétendre ébranler un équilibre mis en place par le
Tao ; c'est un acte de démesure pour les grecs , un acte
"insensé" .

 

Les destinations proposées par ces quatre "maitres de vie"
(comme le dit Frédéric Lenoir) ayant été très rapidement
évoquées il reste à chacun de trouver le destin auquel il
aspire , d'avancer dans la quête de sens qu'il pourrait
trouver à sa vie , étant entendu que ces quatre maîtres
ont tous mis en garde contre les manques de sincérités qui
peuvent jalonner le cours d'une activité , et les
conséquences que des actions d'opérette ou "insensées"
peuvent avoir .                       

                                                                phirey@free.fr

 

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D'Hubert Védrine à Luc Ferry , des locomotives et des wagons

De la défense (et illustration) des élites de Ferry à l'analyse de
Hubert Védrine ( Les élites sont une locomotive sans wagon ) , on
peut mieux arriver à circonscrire un débat entre une angélisme de
façade et naïf (tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes)
et une observation du paysage actuel non teinté de complaisance :
Si les "zélites" sont si divines que cela (Ferry) , comment
comprendre la fracture entre ces "zélites" et le "peuple" , entre la
"locomotive et les wagons"?

Observons que le mot "élite" est un mot slogan , un concept

valise , qui se déverse avec de plus en plus d'insistance dans les

discours : on ne peut pas ouvrir le moindre journal sans avoir

répété avec insistance au fil des pages le mot "élite" :

mot gadget , slogan s'il en fut ,comme l'anaphore de "tel autre"

dont on entendait derrière ses "la France , la France , la France"

ou ses :"moi P  , moi P , moi P ...."  comme un refrain sur un

canapé de psychanalyste , avec : "moi , moi , moi , moi , moi ...."  
Infantilisme de "zélites" hors-sol tentant à tout prix de s'auto-
glorifier ? Il y a-t-il un tel besoin de reconnaissance de la
grandeur de ces "zélites" que le mot revienne comme une toupie qui
tourne en rond obsessionnellement ?
Et si fracture il y a entre la locomotive et les wagons , qui
est responsable de quoi ?

Le propre de la pensée slogan dont ces "zélites" sont dépositaires
et qui obstrue volontairement le débat sur les responsabilités est
d'abord :

1) Le complotisme : on ne cesse de ridiculiser , et avec quelle
arrogance , les propos de ceux qui expriment des idées contraires
dans un "débat" : c'en est arrivé à des pseudos discussions où on
se soucie bien plus de marquer des points de "Godwin" et de
qualifier de satanique la pensée de l'opposant , qu'à tenter de
réellement discuter .
"Paradoxe" de la "communication" , qui est un des éléments
fondamentaux du "credo" de ces "zélites" , et la réalité du
discours : sataniser l'opposant à coups de satanes conceptuelles,
et dont le complotisme n'est pas un des moindres , est le baba de
la tactique "discursive communicatoire" .
Interdire toute opposition aux "géniales pensées" des zélites
au nom du complotisme , il fallait l'oser .
Est-ce à cela qu'on reconnait ces "zélites" ? tout oser ?


2) la récitation de dogmes inscrit dans le marbre des credos ,
qui sont plus des modes de passages , voire des passades : le
marbre est devenu du sable .
Et quand bien même "on" se serait trompé , on a tout de même
raison : c'est , dit-on , le propre d'une souplesse d'esprit que
de reconnaìtre ses torts , à l'opposé de la "rigidité" des
opposants , de sorte qu'en ultime recours , ce sont ceux qui se
sont trompés qui ont raison .
Les discours un tant soit peu nian-nian sur la fraternité des
peuples européens , sur l'inéluctabilité du "progrès" , sur
l'opportunité de la mondialisation , etc...etc... ressemblent
plus à des propos tenus par des enfants à des enfants , sur la
beauté du Père Noël .

3) Les mensonges caractérisés : Les impôts sur le revenu ont
augmentés de plus de 20% entre 2010 et 2018 ?  cela est
un "faux problème" !. L'Europe a asphixiée les populations de
règlements ?(c'est JC Junker qui le dit en personne ) :
 c'est aussi un faux problème .
La priorité absolue du discours est-elle de réduire les taux
d'endettement assez colossaux du pays ? c'est un faux problème
, la vraie priorité est de réformer la SNCF ( en prenant au
passage près de dizaines de milliards de dettes pour le compte
de l'Etat)  ; la vraie priorité est d'instaurer le prélèvement
à la source des impôts ( pour complexifier un peu plus l'usine
à gaz des prélèvements ) , alors qu'il suffisait de mensualiser
tout le monde ....etc...etc...
De la sorte , on assiste plus à des parties de bonneteau avec
des arguments interchangeables dans tous les sens : vérité du
credo d'un moment , erreur de l'autre côté de la journée ,
l'essentiel étant de savoir tourner sa "voile" dans "le sens de
l'histoire" , au bon moment .

 

Inutile de prolonger plus avant les énumérations de ces tactiques
hors sol , il y en aurait pour quelques dizaines de pages de plus
C'est  un très vieux débat , déjà instauré par Platon sur les
Sophistes : quand le démocratie "communicatoire" , "discursive"
devient essentiellement le propre de techniques et de tactiques
pour mieux essayer de "convaincre" l'électeur , et qu'une fois
l'élection passée , on a déjà fait assez d'efforts pour produire
le discours , il est temps de se reposer , de toute façon on tient
l'essentiel ....etc...etc...
Quand "l'art" de la politique devient celui de faire des
commentaires sur les commentaires...sur les commentaires ...on
voit que ces jeux de miroirs renvoient à la seule chose qui donne
vraiment une idée de l'infini , comme dit le proverbe .
Avec à la clé le "divorce" entre la "locomotive" et les "wagons",
dans un contexte où on ne sait plus qui est vraiment la
"locomotive" et qui sont les "wagons" ....

 

Bilan des courses : de réformes en réformes , un système scolaire
désagrégé où un ascenseur social est complètement défaillant ;
un système industriel complétement atomisé qui en est réduit en
France à des parcelles de parcelles ;
Un système politique lui aussi assez pulvérisé ....
Un taux d'endettement de près de 100% et  un taux de dépenses
publiques de près de 56% de la richesse nationale ....
etc...etc...etc...
On juge en définitive la politique des Sophistes "templiers" à
ses fruits .
Mais pas de complotisme , surtout pas : une pensée
lisse et sans aspérité , qui s'inscrive bien dans le cadre des
modes du moment pour mieux grimper aux barreaux de la "réussite"
sociale ...                                                 phirey@free.fr

 

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Camus et Bouddha , le rocher de Sisyphe et le Samsara

Résumé des épisodes : L'homme naît de la prise de conscience de
lui-même,  et de se voir existant sous la voute  du ciel étoilé .
L'originalité de l'aventure humaine est peut-être cette capacité de se
poser des questions , née de cette confrontation , du choc de cette prise
de conscience , entre "je suis" et "le monde est" :
Qu'est ce que j'y fais ? suis-je un naufragé dans cette immensité , un
Robinson perdu sur une île déserte ? Quel but poursuivre ? Est ce que
j'abandonne la conscience , est ce que je vis au jour le jour sans plus
me poser de questions ? est ce que je me maintiens dans cette conscience
pour aller vers plus de prétendue lucidité ?  
Tels apparaissent les termes du "débat" entre les différentes façons de
ne pas être , ou les prétentions à cheminer vers différentes façons
d'"être" .
Exister , c'est ex + sto : se tenir , se tenir debout , hors de cette
condition d'immobilité apparente d'une "statue" figée , hors d'un train  
mécanique des faits (sans prise de conscience , sans capacité de
création ). C'est du moins  un aspect de l'étymologie qui nous indique
l'état d'esprit qui a pu prévaloir dans la création de ce mot .

Exister pour l'homme doté de sa nouvelle capacité de prise de
conscience , c'est répondre au choc de cette perception entre "je suis"
et "ce monde immense est" : d'abords recréer du lien entre les deux
termes pour dépasser cette scission , cet abandon , ce traumatisme ,
et retrouver une parenté stellaire : les dieux sont nos parents , qui
aime bien châtie bien ; ainsi s'édifient une tradition , une morale ,
une culture . On doit sortir (ex - sto) de cette dualité effrayante
pour créer un "climax" , un équilibre des choses , une "langue" de
terre entre la falaise et la mer pour apprendre à parler , à vivre
sous cette condition .  
La culture est cet équilibre climatique et climacique entre "être"
et "ne pas être"  , entre sortir de sa condition , réfléchir et
développer la prise de conscience , et le deuxième terme , abandonner
cette prise de conscience et vivre sous le train des habitudes
mécanisées .

Que nous disent à ce propos Camus , la tradition hindouiste et le
Bouddha ?
En premier , que la conscience "mentale" de l'homme ne lui permet
de n'avoir que des apparences de la réalité , une somme encyclopédique
d'images , ce qui ne lui donne que des illusions et  une impossible
synthèse  : illusions généralisées pour Bouddha , étrangeté et absurde
permanent chez Camus ( au chapitre des "illusions" ou de "l'absurde"
les religions en font bien entendu parties , ce n'est pas le dilemne :
"les  sciences versus les religions" qui est y instruit ) .

Comment s'effectue l'équilibre entre "être" et "ne pas être" , entre
"conscience ou éveil , et sommeil" ?
Pour Camus , l'homme remonte sans cesse son rocher , qui est ici le
poids des habits , des habitudes , des postures voire des impostures.
Dans son effort pour aller vers la conscience et vivre pleinement
l'absurdité du monde , pour conquérir la liberté et voir le monde
sans écran et sans préjugés , ce poids finit par le ramener à son
point de départ , au sommeil de l'ordre établi .
Bouddha nous dit à peu près la même chose :
sous un vocabulaire différent , il nous dit que l'homme , sous le
poids de ses illusions et de son Karma , retombe sans arrêt dans le
cycle des enchaînements du "samsara" .  
Qui a dit : " la suite est le retour inconscient dans la chaîne , ou
c'est l'éveil définitif " ?
"Exception faite des rationalistes de profession , on désespère
aujourd'hui de la vraie connaissance " ?
Camus , dans les deux cas .

Quelle suite à donner à ce constat de départ ?
Pour Camus , le chemin de la liberté ( de la libération pour Bouddha)
passe en restant dans le monde tel qu'il est , sans les pseudos
décors dont nous le colorions , dans ce "désert" où il n'y a plus
l'ombre portée des préjugés , sous la lucidité accablante d'un soleil
sans faux-fuyants .
Il qualifie de "suicide philosophique" la position de tous ceux qui ,
étant arrivés au même niveau de constatations de l'irréductibilité
du monde à nos schémas rationnels , finissent pas redescendre sous
le poids du rocher : soit se tournant vers  Dieu (Kierkegaard ou
Chestov) , soit s'en remettant à des principes abstraits qui recèlent
du divin en dernier recours .
La grandeur et la liberté de l'homme est d'assumer l'impossibilité
rationnelle de notre cerveau à comprendre le monde , et de ne pas
se réfugier derrière des foultitudes de paravents pour éviter ce état
de fait .

Les concepts employées par Camus et Bouddha sont voisins à leurs
départs : illusions pour l'un, étrangeté et absurdité pour l'autre ;
samsara , ou poids du rocher qui fait retomber l'homme dans son
cycle de vie ; libération vers l'éveil , ou liberté dans l'éveil de
la conscience .
Là peut sembler s'achever le parallèle .  
Comme le dit Wittgenstein , à propos de ce dont on ne peut parler ,
il vaut mieux se taire : c'est à chacun de poursuivre son chemin ,
vers cet éveil définitif proposé par Camus , ou l'éveil proposé par
Bouddha , ou le retour sous le poids du rocher , chacun découvrant
sous l'éclairage particulier de ses regards , les perspectives qui
s'offrent à lui .  

 

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