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Les crises , facteurs d'amplification des erreurs politiques et des écarts économiques

  L'endettement de la France :
Le tableau ci-dessous montre l'évolution de cet endettement entre la
France et l'Allemagne :
 


On observe qu'entre la France et l'Allemagne les deux courbes sont

rigoureusement identiques jusqu'en 2010 , où le  taux d'endettement a atteint

80% du Pib dans les deux pays  (avec une forte augmentation de 2008 à 2010

suite aux mesures prises pour lutter contre la crise des subprimes de  2008 :

dans les deux pays , le taux d'endettement est passé d'environ  65%  à 80% ) .

Ensuite , depuis 2010 , le décrochage de la France par rapport à l'Allemagne est
allé en s'accroissant,  dans des proportions alarmantes pour la France :
actuellement fin 2019 , on a un taux de 100% pour la France et de 60% pour
l'Allemagne ; ce n'est plus un écart qui s'est crée en très peu de temps

(en 10 ans) , c'est un gouffre !
Comment expliquer cette incapacité de la politique française ces 10 dernières

années ?
 


Les prélèvements fiscaux de l'Etat et des collectivités publiques n'ont pourtant
cessé d'augmenter durant cette période ,  augmentant d'autant les recettes de
l'Etat . Voici par exemple l'évolution de l'impôt sur le revenu :

 
Les chiffres plus récents de 2018  donnent un impôt sur le revenu de 80 milliards

d'Euros . Ainsi de 2012 à 2018 , cet impôt à augmenté de près de 20 milliards

d'Euros (+ 25% , en dépit de toutes les dénégations des uns et des autres ) .
Les recettes de l'Etat et des collectivités publiques sont ainsi en très fortes

augmentations depuis 2010-2012 , et les déficits publics aussi :


plus les collectivités publiques gagnent de l'argent  , plus elles sont en déficit !


Depuis 10 ans , il y a là une énigme et une dilapidation considérable dans la

gestion des fonds publics :
comparé à l'Allemagne , c'est près de 40% du pib en dépenses supplémentaires

qui sont effectuées  sans qu'on en voit bien des résultats économiques positifs

(c'est un euphémisme , les écarts en termes d'emplois , de richesses nationales ,

de politiques scolaires , hospitalières , etc... n'ont cessé  de se dégrader , par

rapport à l'Allemagne) .

 

Le montant global de la dépense publique symbolise à lui tous seul cette

"exception française"  de nos gouvernants :
 


 
L'Etat et les collectivités publiques dépensent ainsi 56,5% de la richesse

nationale : c'est un chiffre quasi à la soviétique , avec les résultats que l'on

connaît  .....

Sans vouloir entrer dans les détails explicatifs de cette "anomalie" française

des années 2010 ( ce qui serait encore plus "cruel" pour les "zélites" que ces

tableaux ne l'indiquent/ disons que depuis la baisse du niveau de

l'enseignement  , des "zélites" plus ou moins auto-proclamées ont pris

l'habitude de passer leur énergie à faire des discours , et de se reposer

ensuite plutôt que de se retrousser les manches  ) , il faut conclure en

constatant que les périodes de crises sont bien les périodes révélatrices de

toutes les faiblesses sous jacentes  (soigneusement cachées sous le tapis et

de sirupeux   propos ) , mais qu'on ne plus empêcher de se manifester avec

toutes leurs ampleurs quand la situation "va moins bien" .

 

 

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Sciences : du pragmatisme à la théorie , ou l'inverse ?

Dialogue , dialogue

 

Les establishments de toutes sortes invitent d'autant plus au dialogue que

deux tendances fondamentales de ce "dialogue" sont mis en avant :

une première tendance qui se renforce est le "dialogue de sourd" ;

on veut bien dialoguer , à condition que ce dialogue soit la porte d'entrée

à "mon" opinion ; tu dis ce que tu veux , mais à la fin , c'est "mon" opinion

qui doit avoir droit de cité , qui doit prédominer .

Une deuxième tendance est la dialogue dit "démocratique" : il est

"démocratique" en ce sens que "la" vérité est établie à la majorité , c'est à

dire au rapport dit "de force" entre les protagonistes . Dés lors , il s'agit de

construire "son" rapport de force , à l'aide de toute stratégie ou tactique

bonnes à prendre , tout est bon , "la fin justifie les moyens" ...

On sait où ce genre de "méthode" peut conduire ...

 

Le problème d'overblog est que cette organisation préconise un "dialogue"

mais que le "dialogue" s'y exerce de façon orienté , contrôlé .

Par l'entremise de ce qui s'apparente au fait du prince , des articles semblent

"disparaître" complètement de toute consultation extérieure ...

Par exemple , 12 articles rédigé en trois mois par mes soins sur ce site

n'ont semble-t-il été consultés par qui qu ce soit à par votre serviteur ,

alors que d'anciens articles "neutres"le sont régulièrement ...

Miracle des tableaux statistiques ...

 

Consultée à 3 reprises depuis plus d'un an , la direction d'overblog

invoque soit un problème de référencement par Google , soit ne dit

rien , soit se récrie vertueusement et se vêt de probité candide ...

 

Le problème est que quelque soit les excuses invoquées , il y a une

responsabilité certaine de l'organisation dans l'exercice du fonctionnement

des sites ...

 

Puisque il ne sert à rien d'écrire des articles qui semblent "déplaire" à quelque

organisme contrôleur , je remplace tous les articles en cours par celui-ci , en

attendant qu'un "miracle" favorise la possibilité de pouvoir

énoncer des

opinions simplement et modestement "indépendantes" .

 

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De la Gaule et des Celtes

La culture Celte est identifiée à ses débuts dans la région de Hallstadt  en

Autriche , en Bavière et dans le haut Danube (zone en vert foncé de la carte) 

vers la fin de l'âge de Bronze , début de l'âge du Fer , soit vers le XIIème

siècle avant notre ère . Cette période est une période très critique pour

l'humanité , avec une forte recomposition des sociétés suite à des

destructions diverses (tentative d'invasion de l'Egypte par les peuples de

la mer venus du nord , très difficilement repoussée ; destruction de la

plupart des cités du monde grec et du moyen orient , etc ...) .

Ces populations celtes arrivent en Gaule vers le VIIIème siècle av jc et

émigrent ensuite pour certaines parties suivant les flèches rouges

indiquées sur la carte ( soit en Galatie , en Galicie et au Portugal ,  en

Angleterre et en Irlande vers les III-II èmes siècles av jc ) .

 

Notons que pendant cette période , la culture des Germains , implantée

essentiellement au sud de la Scandinavie et au Danemark au début de la

période ,  s'étend progressivement au nord de l'Allemagne actuelle , puis

contourne la zone d'influence des Celtes par l'Est ( avec les Goths ) et

s'installe dans les régions d'Ukraine et de Biélorussie .

 

Pour illustrer la vigueur de cette expansion Celte , prenons comme

exemple les populations  de la Bavière vers les années - 300 avant notre

ère  : deux tribus Celtes y sont implantées (celle des Volques et celle des

Boïens) , directement au contact avec des tribus de Germains  qui bloquent

leur expansion vers le nord . Pour les Volques , l'accroissement de leur

population nécessite qu'une partie d'entre eux quitte leur région

d'implantation ; une première partie de plusieurs centaines de milliers

d'individus prend alors la direction du Sud Est , arrive en Grèce dans les

années suivantes ,dévaste le site de Delphes vers les années -279 et

poursuit son périple en Anatolie/turquie où elle s'installe  finalement en

Galatie  vers -278 .

Une autre branche des Volques prend la direction du Sud Ouest  , s'installe

finalement dans la  région toulousaine et le Roussillon vers les années

-270 , puis sous la pression des Ibères au sud et des Ligures à l'Est , se

cantonne dans le Languedoc .

 

De la même façon , une partie des Boïens migra vers l'Italie du nord ;

ils s'y installèrent aux dépend des Etrusques de la région de Bologne ,

en firent leur capitale , et ne disparurent finalement qu'en -193 après

une défaite contre les romains .

Une autre partie des Boïens colonisa la Bohème , qui leur doit d'ailleurs

son nom (Bohème = pays des Boïens) .

 

Ces derniers exemples amènent deux observations  :
1) attestation de la rapidité des migrations des populations , sur une

grande échelle , puisqu'en partant pratiquement du même point en

"grande Bavière" , on retrouve 20 ans plus tard des populations installées

dans la région de Toulouse pour l' une, ou bien du côté de Bologne pour

l'autre  , ou encore en Turquie centrale pour une troisième .

2) De l'importance de cette région de Hallstatt - Haut Danube pour la

propagation de l'influence Celte , pendant  près d'un millier d'années ,

depuis sa première manifestation vers -1200 jusu'à la  période -300 avant

notre ère .

 

Etymologie : de la Gaule et des gaulois

1) La racine Gal(3)(No 351 Pokorny, relative à une notion de capacité , de

pouvoir) fait apparaître une grande homogénéité dans les langues

 celtiques :

vieux gallois "gallu"/être capable , ancien cornouaillais gallos/pouvoir ,

breton gallout/être capable , ancien irlandais gal/bravoure , courage ,

ancien breton gal/habileté,capacité ...

Cette homogénéité du langage peut être mise en rapport avec la très

grande vitesse d'expansion des Celtes aux III et II siècles av jc , qui vont

ainsi se retrouver dans des régions comme la Galicie(Nord de l'Espagne)

la Galatie(milieu de l'actuelle Turquie) , la Gaule , le pays de Galles , ...

Pokorny note d'ailleurs que le terme grec keltoi (Celtes) a une origine

Illyrienne (+ ou - "grande" Slovénie actuelle) où la mutation phonétique

g en k est fréquente , et rattache ainsi "celte" à la même racine Gal(3).

Ce terme Keltoi , employé pour la première fois par Hérodote vers -450

av jc , ne peut pas avoir une origine germanique , les populations

germaniques étant très éloignées de cette zone à cette époque .

Le terme Gaule et tous les termes associés sont ainsi rapportés à cette

racine celte et indo européenne Gal(3) (Galicie , Galatie , Keltoi et

Celtes , etc ...)

 

2) La germanisation du langage celte par les populations germaniques

a donné la plupart du temps une mutation phonétique du "g" en "w"

 A partir de l'arrivée des Saxons colonisant l'Angleterre vers les années

400 et suivantes  , la germanisation du terme gallois "gallu" a donné le

"Wales" actuel , de même qu'en Ecosse elle a donné "Welsh" (cf

Etymonline et Wiktionary) . Ainsi Wales et Welsh sont la traduction

germanique de termes celtes .

Cette germanisation est cependant bien antérieure à l'arrivée des Saxons

en Angleterre :

on en revient aux Volques précédemment évoqués qui habitaient la Bavière

et le haut Danube , et qui furent une des premières populations celtes en

contact avec l'expansion germanique vers les IV et III ème siècle av jc .

La double germanisation de Volque et de Gal a donné à cette époque

une racine germanique "walha" ("étrangers , non germaniques")

 

Quand après la bataille des Champs Catalauniques , les coalisés Romains-

Francs-Wisigoths vainquirent les Huns d'Attila en 451 ap jc , les Francs

(Germains) se virent attribuer une partie   nord-est de la Gaule , sous la

conduite de Childéric , père de Clovis ( les Wisigoths étant installés en

Aquitaine) . Puis Clovis bâtit les Wisigoths à la bataille de Vouillé près de

Poitiers en 507 , et le "walha" germanique (étrangers non germains)

redevint Gaule sous la conduite de Clovis , devenu entre temps roi

chrétien ("Clovis embrassa le culte de Clotilde" selon la phrase culte

dans les écoles ) .

 

Ainsi , on peut attribuer aux termes Gaule , Galicie , Galatie , Celtes puis 

Wales(Galles) ,Welsh(Ecossais) , Wallon , une origine celte commune ,

par un passage germanisé dans certains cas ( Gaule ayant plus ou moins

la double provenance , par le Sud  romain  , et par le nord par les Francs

germains de Clovis)

 

 

 

 

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Etymologie : des habits aux habitations

Dialogue , dialogue

 

Les establishments de toutes sortes invitent d'autant plus au dialogue que

deux tendances fondamentales de ce "dialogue" sont mis en avant :

une première tendance qui se renforce est le "dialogue de sourd" ;

on veut bien dialoguer , à condition que ce dialogue soit la porte d'entrée

à "mon" opinion ; tu dis ce que tu veux , mais à la fin , c'est "mon" opinion

qui doit avoir droit de cité , qui doit prédominer .

Une deuxième tendance est la dialogue dit "démocratique" : il est

"démocratique" en ce sens que "la" vérité est établie à la majorité , c'est à

dire au rapport dit "de force" entre les protagonistes . Dés lors , il s'agit de

construire "son" rapport de force , à l'aide de toute stratégie ou tactique

bonnes à prendre , tout est bon , "la fin justifie les moyens" ...

On sait où ce genre de "méthode" peut conduire ...

 

Le problème d'overblog est que cette organisation préconise un "dialogue"

mais que le "dialogue" s'y exerce de façon orienté , contrôlé .

Par l'entremise de ce qui s'apparente au fait du prince , des articles semblent

"disparaître" complètement de toute consultation extérieure ...

Par exemple , 12 articles rédigé en trois mois par mes soins sur ce site

n'ont semble-t-il été consultés par qui qu ce soit à par votre serviteur ,

alors que d'anciens articles "neutres"le sont régulièrement ...

Miracle des tableaux statistiques ...

 

Consultée à 3 reprises depuis plus d'un an , la direction d'overblog

invoque soit un problème de référencement par Google , soit ne dit

rien , soit se récrie vertueusement et se vêt de probité candide ...

 

Le problème est que quelque soit les excuses invoquées , il y a une

responsabilité certaine de l'organisation dans l'exercice du fonctionnement

des sites ...

 

Puisque il ne sert à rien d'écrire des articles qui semblent "déplaire" à quelque

organisme contrôleur , je remplace tous les articles en cours par celui-ci , en

attendant qu'un "miracle" favorise la possibilité de pouvoir

énoncer des

opinions simplement et modestement "indépendantes" .

 

 

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L' Oeuvre d'un nouvel Art

 

L'Oeuvre en était réduite à la simple expression
d'une fenêtre ouverte à toute immensité
bordée d'une plaque où l'artiste mit son nom ,
Immatérialité pure à son apogée .

 

Plutôt que toile blanche ou que toile I K blue ,
que trépied de Calder jonglant avec l'espace  ,
lapin de Flanaghan à tutoyer les nues ,
l'Oeuvre venait de Rien , Souffle divin  qui passe

 

En cette échappée de tous jeux de conventions ,
le vide y devenait cette évidence même
qui s'impose épurée à toutes objections ,
le trait d'un Absolu posé comme un emblème .

 

On y côtoyait la profondeur infinie
qui va bien au delà de toute  théorie :
joindre l'illimité à la parcimonie ,
la beauté suprême à ce qu'elle anéantit .

 

Ultime transgression où le démiurge fuit
la matière obscène pour tendre à l'essentiel :
du silence évoquer la pureté d'un cri ,
d'un ange suggérer le battement d'une aile .

 

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Répéter , amplifier , déformer : R A D , ou les Tartuffe intégristes versus l'esprit critique et la sérénité de Socrate et Spinoza .

RAD: Rien A Dire ? Qu'à marquer son territoire par la parole ?

Il y a certainement cela dans ce "RADotage" qui consiste à contrefaire

le propos pour tout ramener à soi , à ses visées , à son ordre établi et

ses dogmes , ses partis pris dont l'arbitraire n'a souvent d'égal que

la mauvaise foi et la volonté d'occuper le territoire .

Pour ramener cela à la période actuelle d'élections municipales , on

voit que les candidats frappées d'insincérités flagrantes sont perçus

comme des individus "qui en font trop" ; rappelons une des deux

maximes gravées sur le temple de Delphes chez les anciens grecs :

"Rien de trop" .

C'est ce rien de trop qui différencie le politicien du politique , le

sophiste du débatteur , le "communiquant" du participant .

L'insincérité des propos revient comme un boomerang sur celle ou

celui qui l'a lancé , et ce n'est pas l'individu qui affirmait que Villani

à Paris aller se faire désosser sans même savoir d'où allaient venir les

coups qui pourra dire le contraire .

Rappelons encore et toujours Montaigne :

"J'en vois qui se transforment et se transsubstantient en autant de

nouvelles figures et de nouveaux êtres qu'ils entreprennent de charges

.....Ils enflent et grossissent leur âme et leur discours naturel à la

hauteur de leur siège magistral " (Essais , III , 10 , 249) .

III,8,159 J'aimerais mieux que mon fils apprenne aux tavernes à parler

qu'aux écoles de la parlerie . Il me semble , de cette implication et

entrelaçure de langage ,.., qu'il en va comme des joueurs de passe-passe

:.. hors ce battelage , ils ne font rien qui ne soit commun et vil .

Pour être plus savants , ils n'en sont pas moins ineptes ..»

 

L'infantilisation des comportements «exemplaires» , à hauteur des

représailles exercées sur les contradicteurs .

 

Rouler en scooter dans Paris pour témoigner de sa «hardiesse» et

de son émancipation ( vous avez vu comme je suis beau , audacieux

entreprenant ?) , se faire prendre en photo avec un t-shirt controversé

au festival d'Angoulème ( vous avez vu comment à mes heures perdues

je suis libéré , fantaisiste et spirituel??) , etc , etc , …

Tout ceci témoigne jusqu'où les «écoles de la parlerie» peuvent conduire

leurs élévations , pour ne pas dire leurs élèves : des « entrelaçures» de

langages , et des comportements déboussolés de personnes qui à force

d'être confinées à ces artifices langagiers et technocratiques , sont

complètement hors des réalités et dans cette immaturité totale d'avoir

besoin de se montrer et de s'exhiber , comme ces enfants qui éprouvent

le besoin de s'exhiber pour attirer l'attention autour d'eux dans la cours

de récréation qu'ils n'ont jamais quitté .

Nous en sommes en présence de « Tanguy» de la politique , depuis près

de 20 ans , qui exercent leurs ''talents'' à toujours plus de « modernité» .

Cette exhibition théatrale , ce jeu de rôle joué par ces pseudos ''Tanguy''

de la politique , conduisent à une mise en abîme dans un jeu de miroirs

qui nous renvoie à l'infini :

l'infini d'un espace peuplé de vide et d'artifices , de reflets incertains et

de lueurs éphémères .

Mais dans les salons de Mesdames Récamier et de crêpes Suzette ,

ces flammèches éphémères sont érigés en lois et chacun y admire

comme au temps de Mesmer ces crépitements du vide .

Qui ne verrait pas ces crépitement d'intelligence serait mis aux bans

de la société pour cette inconscience insolente , et condamné à un

ostracisme huîtrier (ostracisme vient du grec ostrea , comme

ostréiculteur , qui veut dire huitre ; on ostracisait un citoyen en

Grèce en votant avec des tessons de poteries ou des coquilles d'huîtres ,

d'où la similitude des racines entre huître et ostracisme )

L'histoire de ces ostraciseurs « marchands d'huîtres» est si vaste qu'on

ne saurait l'aborder ici : mais les ramener à leurs activités originelles

pourrait les inciter à plus de modestie , si cela était possible.

En bref , «j'ai le droit de désosser Villani , mais la moindre méthode

comparable qui viendrait m'affecter personnellement est un scandale

d'état » .

 

Les idées « adéquates» de Spinoza et l'esprit critique de Socrate

 

Spinoza et Socrate ont eu affaire à des opposants d'un autre calibre que

ces Tanguy attardés , mais tout aussi Tartuffe intégristes que ces derniers

Les deux ont dénoncés avec sourires humoristiques à l'appui ces

tremblements surréalistes qui accouchent de souris au niveau de l'efficacité

et de représailles diverses au niveau du concret . Spinoza en dira :

'' prenant leur imagination pour entendement , ils croient fermement

qu'un Ordre existe dans les choses , alors qu'en fait ils ignorent et la nature

des choses , et leur nature propre '' (L'Ethique I , appendice p 128) .

Puisqu'il y a un Ordre , tout ce qui trouble l'Ordre est évidemment

du Désordre , et par là même , mérite une sanction d'autant plus sévère que

le Désordre affecte un Ordre divin , et que toute théorie dérive d'une

Théocratie qui Sait .

'' celui qui s'efforce de comprendre les causes naturelles en savant , au lieu

de s'en étonner comme un sot , est-il souvent considéré et désigné comme

hérétique et impie par ceux-là que le vulgaire adore comme interprètes de

la Nature et des Dieux . Car ils savent que , l'ignorance supprimée ,

disparaît cet étonnement stupide , c'est à dire leur unique argument et

l'unique moyen de défendre leur autorité '' (Ethique I appendice p 128)

Socrate est évidemment moins direct et corrosif dans ses commentaires ,

puisqu'il avoue sans cesse qu'il n'est détenteur d'aucune certitude et qu'il

sait très peu de choses , mais il est en revanche très efficace dans ses

entreprises critiques de démolition des châteaux de cartes des '' Sachants''.

Quelle attitude d'esprit préconisent-ils ?

Pour Spinoza comme pour Socrate , il s'agit de se rapprocher le plus

possible de sa vraie nature ( c'est le ''Connais-toi toi-même'' préconisé

par Socrate ) , et Spinoza appelle ''idée adéquate'' toute idée positive

qui contribue à développer un élan intérieur conduisant à se rapprocher

toujours plus près de sa vraie nature , et de la nature du monde .

Socrate , qui se méfie par dessus tout des idées toutes faites , des

déclamations péremptoires , des théories préfabriquées , se contente

de préconiser d'avoir son esprit critique , de voir les choses par

soi-même , et d'avoir un esprit ouvert à tout au-delà , d'agrandir

sans cesse le cercle et l'horizon de la conscience .

On peut pour Socrate énoncer ce que dit Conche de Montaigne ,

qui avoue sans cesse sa proximité , pour ne pas dire son identité

avec Socrate :

''il a pris conscience de l'impossibilité de fonder , par la seule voie

que connaisse la philosophie ( celle de la justification par la raison )

une vérité quelconque au sujet de la nature de l'homme . Il n'y a pas

de vérité sur l'homme accessible à l'homme . Il n'est pas possible de

dépaser ici le domaine de l 'opinion ''

( Montaigne ou la conscience heureuse , p 42 )

C'est à peu près le calque exact de la démarche de Socrate , dont on

ne peut pas dire qu'il corresponde à la démarche de Spinoza , toujours

faite de raisons et de démonstrations , de théories ,

Mais si la structure ''pédagogique'' de l'enseignement de Spinoza

diffère du tout au tout de la ''pédagogie'' de Socrate , il n'en reste pas

moins que sur le fond leurs ''enseignements'' sont très proches et

débouchent sur un état d'esprit identique : Spinoza , toujours

théoricien , dira que le désir et la joie sont les moteurs essentiels de

toute motivation , qu'ils sont les seules sources stables et éternels de

la Nature , et qu'en mettant en action des idées ''adéquates'' on sera

nécessairement sur la voie de la joie , de ''l'amor intellectualis deus''

Socrate ne le dira pas , mais en incitant à ouvrir toujours plus sa

conscience à des horizons plus larges , il incite à faire en sorte que

son esprit entre en contact avec une sphère spirituelle source de

sérénité , de lumière et de liberté ( sur des préconisations très proches

de celles de Montaigne et de Lao Tseu) .

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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aux lumières qui bruissent ... à l'aube au point du givre

La vie est cet instant

de jeu en équilibre

entre hier et printemps

à l'aube au point du givre

 

ce moment qui serpente

aux rebords des marées

ce moment qui ne chante

qu'en tout illimité

 

La vie est cet instant

de conscience ébranlée

où rien n'est plus urgent

que sable et pointillés

 

où il n'est de mesure

qu'au-delà des mesures ,

qu'en un chant désappris

de l'au-delà des bruits

 

la vie est cet instant

ridant le fil de l'eau

de ses milliers d'échos

au carrousel du temps

 

cet instant d'ouverture

d'envolée de murmures

et de tourbillons d'ailes

au ciel qui en ruisselle

 

Ce jeu de claires-voies

aux lumières qui bruissent

des souffles qui s'y glissent

bien au-delà des croix

                               phirey@free.fr

 

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De la vérité , pour Socrate et Spinoza

Une notion de vérité dans les sciences a été abordée dans l'article

précédent .Voyons maintenant comment Socrate et Spinoza ont

pu évoquer cette même notion , qui peut être considérée comme

l'essence même de toute démarche , comme le lieu d'une sincérité

la plus intime .

 

Pour Spinoza , le "véritable" enjeu d'une vie est d'abord de

découvrir sa "vraie" nature , et de vivre ensuite le plus

conformément à cette nature en ayant soin de choisir les méthodes

permettant de susciter les émotions de joie en chacun .

L'émotion de joie étant la seule véritable émulation susceptible

de faire grandir son être dans la direction de sa propre nature .

La joie est par ailleurs , si elle est active et non passive , si elle est

basée sur des idées "adéquates" les plus justes possibles , l'élément

le plus stable et le seul véritablement permanent dans la marée des

affects qui nous sollicitent .

Le chemin à emprunter est borné par deux obstinations : la première

est d'aller vers une attitude constante d'ouverture de la conscience ,

et vers plus de connaissances .

La deuxième est d'avoir l'esprit alerte et en alerte , stimulé et actif ,

en quête permanente de réflexions , de mises en questions ,

d'interrogations ("science sans conscience n'est que ruine de l'art" ... ,

où l'inverse est tout aussi essentiel pour Spinoza "conscience sans

science ...") .

 

Quant à Socrate , sous les dehors de faconde exceptionelle , il

reste à son habitude d'une prudence de Sioux : la vérité perceptible

n'est qu'une ombre sur le fond de la caverne habitée .

Avec un corollaire : sortir de sa caverne (c'est à dire ouvrir sa

conscience ) et avancer . Avancer ...dans quelle direction ?

Une direction , celle gravée sur le marbre du temple de Delphes ;

Connais-toi toi même .

Sors de tes habitudes , des idées préconçues , prémachées ,

prédigérées (le premier stade de la connaissance dirait Spinoza ,

celui de l'ignorance ordinaire ), et avance en ayant pour cap

"connais-toi toi-même",(soit en termes de Spinoza : en ayant pour

cap ta vraie nature) : telle est la directive de Socrate .

Socrate ne va guère plus loin que cela , en ayant soin de montrer à

ses interlocuteurs que plus on croit savoir , moins on sait : seule une

démarche fondée sur la prudence et la modestie est probante , fondée

sur une volonté sincère d'ouvrir sa conscience et d'avancer .

La prudence , c'est le "rien de trop" , la deuxième maxime gravée sur

le temple de Delphes .

 

Finalement , la structure des deux démarches est à peu près la même ;

Socrate et Spinoza disent tout deux : avance et va vers la connaissance

(de soi-même en ultime fin , Socrate décriant quelque peu la prétention

de connaissance pour la connaissance , qui s'impose vite si l'on n'y

prend pas garde) ; avance en ayant des idées "adéquates" (en fuyant les

idées inadéquates des Sophistes dirait Socrate , dont le seul but est de

convaincre de tout et de n'importe quoi , pourvu qu'on réussisse à

convaincre ) .

 

Le "bout" du chemin peut être cependant assez différent pour les uns

ou les autres , cela dépend en fait de la "nature" intime de chacun ,

puisque le "bout" du chemin (jamais vraiment atteint) est de tendre

vers sa nature intime , propre et distincte pour chacun .

On peut considérer que Spinoza a tendu vers une nature intime ,

faite d'effervescence spirituelle et de sérénité , accompagnée d'une

concentration sur son sujet qui lui était nécessaire et qui déboucha

sur un isolement relatif dans la société . Mais Spinoza ne se donne

pas en modèle , affirmant qu'il n'y a pas deux individus qui aient la

même nature intime . Il dit plutôt :

Avance sur ton chemin , fais le bien , n'attends pas l'illusion que des

récompenses extérieures puissent te réconforter de ce bon travail et

qu'un paradis quelconque vienne sanctifier ta démarche ...

Rappelons la proposition de Spinoza qui a tant influencé Goethe ,

avec ce sentiment que Goethe qualifie lui-même de merveilleux :

"Celui qui aime Dieu n'attendra pas de Dieu qu'il l'aime en retour "

(l'Ethique , V , prop 19) ( le Dieu de Spinoza étant par ailleurs la

Nature , dans toutes ses dimensions , perceptibles ou non ) .

On conçoit qu'à l'époque , au sortir des guerres de religions où les

dogmes s'étaient dressés les uns contre les autres , de tels propos

aient pu valoir plus d'un siècle "d'excommunication" aussi bien de

la part des communautés juives que catholiques ou calvinistes , et

que le parfum de scandale associé n'ait pas toujours été du goût des

Lumières au XVIIIème siècle , de Voltaire en particulier .

Et Spinoza rajoute que si nous ne recevrons pas de son Dieu

de l'amour en retour , nous en recevrons bien autre chose .

Une chose que Spinoza qualifie d'état de joie suprême –

Amor intellectualis Dei --

 

Pour Socrate , le "bout" du chemin vers sa nature intime est un peu

distinct .

Il est fait aussi d'effervescence spirituelle et de sérénité , de jovialité,

mais Socrate n'a pas eu besoin de concentration sur lui-même et de

relative réclusion pour cela , la plupard du temps .

Il était plutôt , suivant les critères de notre époque , "extraverti" , et

ses rares moments de "retraite" du monde avaient lieu dans ses

périodes de grâce et d'illumination où il entrait en contact avec son

Daïmone , son génie propre , son sur-moi .

Mais à part quelques péripéties dans le cours du cheminement , la

similitude entre les deux paraît étonnante , chacun éprouvant cet état

d'extase pour Socrate , de joie suprême pour Spinoza , avec d'ailleurs

la même condamnation au silence par les "autorités politiques et

hiérarchiques", ( "excommunication" pour Spinoza , condamnation

à la cigüe pour Socrate ) .

 

Cette similitude entre les deux peut d'ailleurs tout aussi étonnement

se prolonger avec Lao Tseu et le Taoisme , et à un degré moindre peut

être avec Héraclite .

Si par exemple on interprète la phrase d'Héraclite :

"Le chemin qui monte et le chemin qui descend sont un seul et même

chemin" par : le chemin de descente du spirituel vers le monde

matériel est identique au chemin qui mène à l'élévation du matériel

vers le spirituel , on rentre entièrement dans la conception de

Spinoza : pour lui , il n'y a pas de distinction entre esprit et corps ,

entre spirituel et matériel ; Dieu est la Nature dans toutes ses

dimensions , celles perceptibles par les humains comme toutes les

autres dimensions éventuelles .

Voici ce qu'en dit LaoTseu (aphorisme 40)

"Tous les êtres sont issus de l'Etre " (chemin de descente du Tao)

"Le retour est le mouvement du Tao" (chemin de retour au Tao)

dont Conche , à son propos , dit : tout ce qui émane de la Voie(Tao)

c'est à dire de la Nature, s'inscrit dans la vie , puis après son parcours

de vie , retourne à la Nature(Tao = Voie = chemin = Nature )

 

Pour conclure avec Gödel et son deuxième théorème ( aucun système

logique suffisamment développé ne peut prouver sa propre cohérence)

disons qu'il y a une forme de convergence entre ces penseurs qui ont

"intuitivement" eu des perceptions analogues : on ne peut pas rester

enfermé dans son système de pensées dont la cohérence restera

toujours incertaine , on doit "ouvrir" ces système de pensées à un

au-delà ; il ne s'agit pas d'anthopomorphiser le monde , ni de

ratiomorphiser , egomorphiser , vitalomorphiser , etc ....etc... , ce

même monde , mais de laisser place à un au-delà , que Spinoza ,

Socrate ,LaoTseu évaluent comme une Nature (créée , incréée ,

perceptible par les humains ou non , ..) , source de joie permanente et

éternelle , et que Montaigne prudemment situe dans le Dieu chrétien

(en pleine guerre des religions , il n'était peut-être pas utile de jeter de la

fournaise dans la fournaise) .

 

(Rappelons que le choix de ce site est de traiter les sujets en mille

mots environ , et , dans ce contexte , de n'ouvrir que des pistes de

réflexions .)

 

Voir les commentaires

D'une certaine vérité dans le domaines des sciences

Aussi paradoxal que cela puisse paraître , c'est dans le domaine des

sciences que l'on aborde la notion de "vérité" avec le plus de

réserve et de circonspection , alors que dans les domaines des

religions , de la politique , de l'économie , ... , les vérités affirmées

foisonnent aux détours de chaque phrase .

La culture mathématique bénéficie du halo de "science exacte"

et par là même , chacun se dit que s'il y a une vérité quelque part à

échelle humaine , c'est bien là qu'il faut la chercher ; la rigueur des

raisonnements poussée "au plus hauts points de l'esprit critique"

garantit dans l'opinion l'impartialité des résultats et leur véracité .

Cette "vulgate" est sans doute liée au fait que les découvertes

scientifiques de la première moitié du XXème siècle n'ont que peu

pénétrées dans la conscience collective .

Prenons par exemple les révolutions en logique mathématique que

des personnes comme Fredge , Russel et Gödel ont pu apporter , et

en particulier Gödel avec son théorème d'incomplétude ; énonçons

le dans ses grandes lignes en disant :

"Dans un système logique suffisamment cohérent , il existe des

propositions , établies à partir des éléments du système , qui sont

indécidables" , c'est à dire dont on ne peut ni démontrer leur

véracité , ni les réfuter .

Ces propositions indécidables ne sont ni vraies ni fausses ,

on ne peut tout simplement rien démontrer à leur propos dans le

cadre du système logique adopté .

Ainsi , dans le cadre d'un système logique suffisamment cohérent ,

il y a trois catégories de propositions : les propositions vraies et

démontrables , les propositions dont on peut établir la fausseté ,

et la troisième catégorie : les propositions indécidables , non pas

que leur indécidabilité soit fondée sur une incapacité temporaire

de notre part à préciser leur statut de vérité ou de fausseté , mais

parce qu'elles sont intrinsèquement indécidables , quel que soit le

niveau de virtuosité technique qui pourra être atteint dans le futur.

Dont acte : le manichéisme "basique" est battu en brèche , il y a

le vrai , le faux , et l'indécidable , et cet indécidable n'a même pas

le bon goût d'être "marginal" et négligeable , puisqu'on a pu établir

que plus la proposition formulée est longue à énoncer , plus sa

probabilité d'être indécidable tend vers 1 ( soit 100%) .

 

Nous voilà plongé dans une "certaine" incertitude , mais ce n'est

encore que le début .

Dans la démonstration de son théorème d'incomplétude , Gödel

exhibe explicitement un système logique et une proposition de ce

système logique qui est indécidable ; mais en plus , il démontre ,

en sortant du raisonnement induit par le système logique adopté,

que cette proposition est vraie , qu'elle est bien démontrable ,

(bien qu'il ait démontré son caractère "indémontrable" dans le

cadre du système logique ) , en utilisant un procédé dit

"méta-mathématique" ...

Ainsi , dans le cadre d'un système logique suffisamment cohérent,

une proposition du système peut avoir comme alternative d'être

vraie , fausse ou indécidable ,mais en plus , ce caractère "vrai" ou

"indécidable" est un caractère relatif qui ne se conserve pas toujours

quand on adopte un autre mode de raisonnement que celui induit par

le système logique ...

Le "vrai" et l'indécidable" ne sont donc pas intrinsèquement du "vrai"

et de "l'indécidable" , mais seulement des notions toute relatives ,

inhérentes au système logique adopté ....

Comme dirait Montaigne ..... :

" Quelle vérité que ces montagnes bornent , qui est mensonge au

monde qui se tient au-delà ? " (Les Essais , II , 12 , 231) ,

ou Pascal , qui a "plagié" sans vergogne Montaigne :

"vérité d'un côté des Pyrénées , erreur au-delà"

Relativisons cependant cette situation : il est actuellement assez rare

de pouvoir exhiber concrètement une proposition indécidable dans le

cadre "standard" de la logique mathématique ,encore plus de pouvoir

démontrer en sortant des raisonnements "standards" que cette

proposition "indémontrable" dans le cadre "standard" est démontrable

et vraie .. : mais les démonstrations de Gödel ouvrent concrètement

la porte à cette possibilité ., des cas de ce genre existent ...

Citons H.Zwirn (Les limites de la connaissance , p 85 , Odile Jacob) :

" Le théorème de Gödel établit clairement qu'il existe une différence

entre vérité et prouvabilité ...Tout système formel assez puissant pour

contenir l'arithmétique comprendra toujours des propositions vraies

mais non démontrables " .

Et Jean-Yves Girard ( Le théorème de Gödell , p 112 , Seuil ) :

" Ainsi , la proposition (exhibée par Gödel) qui , dans le système

PM (le système "standart" utilisé par Gödel , dit des Principae

Mathématicae défini par Russel) est indécidable , peut pourtant être

décidée par des considérations méta-mathématiques .

L'analyse précise de cette étrange situation conduit à des résultats

étonnants ..." .

 

Le changement de mode de raisonnement , en passant de la logique

interne déduite du système "standard" à une logique

"méta-mathématique", n'est pas cependant le seul changement qui

ouvre des perspectives étonnantes .

Un autre changement peut consister à modifier le système des

axiomes de base utilisés , en le complétant par un axiome

supplémentaire comme par exemple une proposition indécidable

Revenons sur ces propositions indécidables : on peut dire de façon

schématique que la grande majorité d'entre elles ont comme statut

d'être ni vraies ni fausses , ni démontrables ni réfutables , et d'être

totalement indépendantes des axiomes de base du système dans

lequel elles évoluent ; dans de rares cas où on dispose de procédés

métamathématiques ou autres qui permettent d'établir qu'elles

peuvent être vraies (ou fausses : si une proposition indécidable est

vraie , sa proposition contraire est également indécidable mais

fausse ) .

Si donc on complète un système d'axiomes par une proposition

indécidable PI , ou la proposition contraire (nonPI) , qui est

également indécidable , le nouveau système obtenu restera

cohérent puisque le nouvel axiome rajouté est totalement

indépendant des axiomes du système primitif : dans ce nouveau

système complété par exemple par (non PI) , alors la proposition

PI deviendra fausse . Et comme on est en droit intuitivement de

compléter un système par (nonPI) plutôt que par PI , on pourra

aussi bien considérer que PI , indémontrable et non réfutable dans

le système initial , est vraie ou fausse dans le nouveau système ,

suivant la façon de compléter le nouveau système : on disposera

alors de deux théories parfaitement cohérentes qui prolongent la

première théorie , l'une dans laquelle PI est vraie , l'autre dans

laquelle PI est fausse ....

Une proposition indécidable est dès lors comme une hypothèse

qui serait totalement indépendante des axiomes du système : une

telle hypothèse n'est intrinsèquement ni vraie ni fausse , et on

peut légitimement raisonner de façon parfaitement cohérente sur

un jeu d'hypothèses données .

Par exemple en géométrie , le cinquième axiome d'Euclide (par

un point d'un plan , on peut mener une parallèle unique à une droite

donnée ) étant un indécidable dans la théorie construite à partir des

4 premiers axiomes , on peut aussi bien définir des théories

parfaitement cohérentes en complétant les 4 premiers axiomes par

l'axiome P'5 (par un point d'un plan , on peut mener plusieurs

parallèles à une droite donnée ) , que par P''5 ( par un

point d'un plan , on ne peut définir aucune parallèle à une droite

donnée ) : les théories obtenues sont cohérentes ( géométrie de

Lobatchewski-Poincaré dans un cas , de Riemann dans l'autre) ,

le tout dépendant du choix des axiomes (des hypothèses) de base ,

à condition que ces axiomes ou hypothèses soient bien entendus

non contradictoires .

 

Ainsi , les théories mathématiques ou scientifiques , considérées

comme des raisonnements établis sur des jeux d'hypothèses ,

peuvent être considérées comme rigoureuses si leur structure

logique l'est , mais ne reflétant qu'une "vérité" fondée sur la

subjectivité et le caractère non contradictoire du jeu d'hypothèses

initial .

Dans le cadre de ces théories , une double vérification en est aussi

la condition expresse : vérifier que les raisonnements y sont

rigoureux , et s'être assuré du caractère non contradictoire du jeu

d'hypothèses choisi .

Après , les vérités abordées y sont soit subjectives soit indécidables ,

mais leurs pertinences ne doivent pas être appréciées à cette aune :

les "résultats" établis ont un intérêt en fonction de leur "efficacité":

s'exercer d'abord à des enchaînements de raisonnements précis ,

permettre ensuite qu'on les utilise pour établir des prévisions dans

tous les domaines que l'on jugera utile .

Avec en plus une exigence d'être "judicieux" dans le choix de

son système d'axiomes : ne pas démultiplier inconsidérément le

champ des hypothèses , où la pseudo complexité est souvent

synonyme d'obscurités sciemment entretenues !.. ou de négligences

qu'aucun Conseil d'Etat ne relèvera , mais qui n'en existeront pas

moins ! ..

Voir les commentaires

La justice et le vol en indo-européen

 

 L'idée de justice est essentiellement représentée par 2 racines

indo-européennes .


a) une racine est celle du grec diké/justice,droit, règle , coutume
(racine symbolisée par deik , no 188-89 de Pokorny , exprimant
l'idée de "montrer") .
Par cette voie grec nous sont parvenus : paradigme ("qui montre ce
qui est autour" , soit un modèle ) et syndicat (grec sundikeo :
défendre un plaignant en justice , sundikos : défenseur en justice) ,

syndiquer , syndical , etc ..
Par la voie latine de cette racine , nous sont parvenus un très
grand nombre de mots , dont :
dire(latin dico,même sens), dicton,dicter,édicter,édit,édition,
interdire,médire,indiquer,index,prédiction,prédication,abdiquer,
revendiquer,vendetta,vindicatif,etc...etc.. : ainsi "dire" a la vocation

première de montrer .
Les 3  derniers mots indiqués croisent deux racines : la deuxième

est celle de dico/dire , la première en celle de "ven","vin" qui

correspond à "vénal","la valeur vénale" , soit pour ces mots "dire

la valeur vénale (du préjudice)" , et  par suite  aussi "vengeance" ,
"vindicte " .
Le mot "verdict" croise aussi deux racines , dont la première est
celle de "ver" qu'on retrouve dans "vérité" : un verdict est donc
"ce qui dit la vérité" ; dans cette série on a aussi véridique ,
doublon étymologique de verdict .
Quant à la voie germanique (proto-germanique taikijan/montrer) ,
elle ne donne rien en français ; en anglais to teach("dire",
enseigner) et en allemand zeigen/montrer , zeihen/accuser ,...

 

b) La deuxième racine est celle qui est représentée par le mot
latin jus,juris(le droit)(racine symbolisée par Ieuos , no 512
de Pokorny , exprimant l'idée du droit, de la justice) .
On trouve comme descendants en français des mots comme :
juste (parfois "trop juste"!), justesse,justice , ajuster ,
justifier , jurer ,parjurer , injure , juré , jury , juriste ,
abjurer, conjurer , conjuration , etc ...

 
c) On trouve enfin une combinaison des deux racines dans des mots
comme judex ( ju-dex , un juge , "qui indique le droit") ,
praejudicium (prae-ju-dicium ,  jugement préalable , préjudice) , et
en français des mots comme juge , juger , jugement , préjugé ,
préjudice , juri-dique , juri-diction , ju-diciaire , ju-dicieux ,
adjuger , etc ...

 

2) En ce qui concerne les familles de mots se rapportant à voler ,
dérober , commettre un larcin , etc ... , l'imagination du langage
est beaucoup plus féconde et on peut compter plus d'une dizaine de
racines qui s'y rapportent . Enumérons en quelques unes :

 

a) le verbe "chiper" : le CNRS(CNRTL) suggère une origine à partir
de l'ancien français chipe (chiffon) et de chiffe (chose de peu de
valeur) , emprunté à l'anglais to chip (couper,réduire en éclats) ,
que Etymonline rattache au vieil anglais cipp (éclat de bois,
de pierre , ...), au néerlandais kip (éclat de bois) , au vieux
norois keppr(baton) , etc ...
La racine indo-européenne en est Keipo ( no 543 de Pokorny) qui
exprime l'idée de couper , réduire en éclats .
On y retrouve le sanskrit sepa (queue) , le vieux norois déjà cité
keppr (baton) , le latin cippus (pieu, borne d'un champ,colonne
funéraire) . En français et franglais , on a comme descendance :
chiper , chips , fish and chips , chipie (qui dérobe qq chose de
peu de valeur , peut-être avec la terminaison de "pie"/voleuse),
chiffon , chiffonnade , chiffe molle , etc ..

 

b) Pour "voler" , l'étymologie rassemble les deux acceptions dans
une seule racine , la deuxième étant empruntée au langage de la
fauconnerie (où le faucon va "chiper" dans son vol une proie) .
Dans son "dictionnaire étymologique latin" contemporain , de Vaan
suggère une racine G^uel (lever les bras , lancer )(Pokorny no
471-72, lancer) . On relève dans cette racine :
le sanskrit balbalite(tourbillon) , les grecs ballo(jeter,lancer) ,
aboulia("qui baisse les bras",indécision) , parabole ("faire une
comparaison"),diabolos("qui lance à travers",qui désunit,jette le
trouble) , problema ( "qq chose jetée en avant" , problème) etc ..,  
le latin volare (voler dans les deux sens) , etc ...
En français s'en déduisent des mots comme :
vol , voler , envol , voleter , volley-ball , volet et trié sur le
volet (moyen âge : planche à trier les graines) ,volée (de bois
vert!) , voler (dérober) , voleur , ancien français volerie (chanson
de Mandrin) etc ..
parabole et parole par réduction de parabole (le propre de la "parole"
est de "faire des comparaisons") , parler , hyperbole , diabolique et
diable , devil en anglais , problème , symbole ("qui jette ensemble")  
aboulie ( "bras ballants" , sans volonté) , etc ...
bolide (grec bolis/dé à jouer , latin bolis/météorite) , embolie ,
métabolisme , baliste , arbalète , etc ...

 

c) Les mots comme  dérober ou to rob (voler en anglais) , corrompre
usurper correspondent à une racine symbolisée par Reu (Pokorny
no 868-71) , et qui exprime une notion de rupture , de cassure
incluant y compris la notion de "faire un casse" .
Cette racine s'exprime en français par deux voies :
la voie francique des francs et la voie germanique occidentale
avec la sous-racine rauba (pillage) et le vieux français rober
(vol , pillage) , passé ensuite en anglais avec to rob (voler),
et en français contemporain avec robe et dérober , à la dérobée
(initialement "robe" était le butin vestimentaire pris à l'ennemi)
dérobade , etc ...
On peut encore citer en anglais to rip (déchirer , fendre) , en
néerlandais et flamand rippen/gratter , et de cette voie les
français riper ( effacer , faire glisser),ripe (terrain en friche)
ripaille(initialement soldat qui vont chercher de la nourriture
chez l'habitant) .

 

La deuxième voie est la voie latine s'exprimant par les termes
rumpo (rompre) , rupes/rocher , usu-rpo/predre pour usage , ruo
(se précipiter , s'écrouler) , etc ... ,qu'on retrouvent ensuite
en français avec :
rompre , corrompre , rupture , corruption , usurpation (qui n'a
pas ce sens en latin , étant composé de usu-rpo/prendre pour usage)
irruption , éruption , abrupt , etc ...
Il y a aussi banqueroute et son alter-ego en anglais bankrupty qui
fait mieux ressortir la racine de rumpo , puis ruine , ruée , ruade
du latin ruo , ronce du latin runco (arracher les mauvaises herbes),
rupestre , rupicole (latin rupes/rocher) , etc ..

 

d) Cambrioler vient de camera(chambre) et de la racine Kam (courber,
vouter /racine no 524-25) : en sanskrit kmarati ( courbé) , en grec
kamara (voute , pièce voutée) , latin camera (pièce voutée , chambre)
De cette racine correspondent en français :
chambre , chambrée , chambrer , chambranle , chambellan , etc .. ou
en conservant la prononciation avec "c" : camera(pour chambre de
l'appareil) , camarade (compagnon de chambrée) , cambrioler , ...
Le dictionnaire du CNRS(CNRTL) donne cambrioler pour une création
récente (fin du XIXème , vers 1890) : "dévaliser une chambre" .
Cambrioler est donc un peu plus que "chambrer" quelqu'un : il y a des
étapes dans la dégradation des usages , entre moquerie et se moquer
de quelqu'un , entre "turlupin" et "turlupiner"!..
Par la branche du picard nous vient cabaret (ancien picard camberete,
"chambrette") .

 

e) Détrousser ,retrousser , trousser ... , un compliment bien
troussé est un compliment bien tourné ,...

Ces mots viennent d'une racine commune symbolisée par Terk^u

(racine no 1077 de Pokorny) .

Dans cette filière  on retrouve encore :
tort , retort , torsion , distorsion , rétorsion , contorsion ,
tordre , torture , tortionnaire , extorquer , tortillé , entortiller  
tourment , tourmenter ...
Cette racine est essentiellement représentée en latin par torqueo ,
paticipe tortus (tourner , tordre) .

 

f) Bandit , contrebandier , bannir , forban sont des mots issus de
la racine B^ha (parler , exprimer , no 105-06 Pok) par la voie
germanique et le francique .
Le sanskrit pour cette racine a "bhanati" (parler) , le latin a
for,fari , participe fatus (parler) , avec évolution du bh
sanskrit en "f" latin . S'en déduisent pour le français quelques
dizaines de mots non évoqués ci-dessus (on a donné la priorité aux
mots liés au vol) .
Le proto-germanique a une sous-racine bannan(parler en public ,
commander , interdire) , avec en francique :
bandjan(faire signe), puis  bande , banderole , bandoulière ,
bannière , banderille ...pour les mots déduits en français ;
On a  encore en francique ban(proclamation , commandement , centre
de commandement) et bannjan (exiler,bannir) :
pour les mots en français : ban , afficher les bans , fermer le
ban , puis banlieue (à une lieu du "ban" , du centre administratif)
banal(coutumier, respectant les prescriptions) , bannir ( exclure
du ban) , forban ("hors du ban" , "hors la loi") , bandit ("hors
du ban" , "hors la loi") , contrebandier (qui va à l'encontre du
ban , de la loi) , abandonner ( qui quitte le ban) , débandade
(rupture du ban) , aubaine ( de aliban , "d'un autre ban", avec

alius/autre en latin) , ...

 

g) pour achever ce tour partiel d'horizon de la "richesse"
imaginative des termes liés au vol , citons :
"brigade" (du vieil italien briga/troupe) qui a évolué devant les
exactions commises par certaines bandes de mercenaires en "brigand",
que le centre de recherche linguistique d'Austin rangent sous la
racine G^uer (lourd,grave excessif)(no 476-77 Pokorny) en compagnie
de "briguer" .


Une évolution se produit de la même façon pour "larron" et "larcin":
ils sont issus du grec "latron" (salaire,solde) puis du
latin "latro" (mercenaire , qui a une "solde") , pour évoluer vers
un sens péjoratif avec larron ; pour larcin , il faut d'abord passer
par "latrocinium" (sevice militaire , puis actes de brigandages
provoqués par ces troupes militaires) (racine no 665 Le(i),
possession , richesse) .


Remarquons une évolution comparable avec solde , soldat , puis
"soldatesque"  quelque peu péjoratif .

 

 

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